Deux belles et intéressantes lettres autographes de Brillat-Savarin
Très intéressant témoignage de Brillat-Savarin député aux Etats-Généraux.
Brillat-Savarin, Anthelme. LAS.
28 mai 1789 et 3 juillet 1789.
Très intéressant témoignage sur les débuts de la Révolution.
1ere lettre datée du 28 mai 1789.
Le destin de Jean Anthelme Brillat-Savarin (1755-1826) est fascinant. Célèbre gastronome, révolutionnaire, maire de Belley, il aura connu tous les régimes de cette période. Parent de Madame Récamier, élu député à 35 ans aux Etats Généraux en 1789, il fut un fin observateur de la prise de la Bastille le 14 Juillet où il parle «de la perfidie presque sans exemple du gouverneur de la Bastille M. de Launay, (qui) porta la fureur du peuple (…) et devait s’attendre à de justes représailles : sa tête fut coupée et portée sur une lance».
Dans cette lettre autographe, Brillat-Savarin cite longuement la lettre de Louis XVI relative aux difficultés de la vérification des pouvoirs des députés. Il y a danger de scission ; les deux premiers ordres y sont déterminés. Sur invitation du Clergé, on a nommé des commissaires conférentiels. Plus de 2000 auditeurs assistent chaque jour aux délibérations, ce qui rend l’Assemblée bien plus brillante mais y met quelques fois un peu de désordre. On travaille du matin jusqu’à minuit.
« Je suis dans une véritable inquiétude sur le résultat, la capitale tremble ; et on mande de Chartres que la frayeur se manifeste par un enthousiasme religieux. Les églises sont pleines à toute heure de gens qui prient pour le succès des Etats-Généraux. »
2e lettre datée du 3 juillet 1789.
Les affaires prennent une tournure favorable : le duc d’Orléans a été nommé Président de l’Assemblée et s’est récusé ; il est remplacé par l’archevêque de Vienne dont Brillat-Savarin cite l’acceptation.
« Deux émeutes ont eu lieu le même jour (mardi 30) à Paris et à Versailles. Celle-ci a e lieu par l’emprisonnement de deux gardes françaises, leurs camarades se sont attroupés et les ont redemandé, comme on a craint qu’ils ne se portassent à quelque violence, on a relâché les prisonniers. » a Paris des détenus de l’Abbaye ont fait parvenir une lettre au Palais-Royal attribuant leur emprisonnement leur refus de tourner leurs armes contre leurs citoyens. Aussitôt « plus de cinq mille personnes y ont couru et avec eux des ouvriers munis de toutes sortes d’instruments, on a enfoncé les portes et on adonné la liberté non seulement aux soldats mais encore à tous ceux qui étaient retenus pour dettes, on les a ramenés au Palais-Royal où ils ont couché et soupé dans la salle des Variétés…»
Deux belles lettres autographes de ce « littérateur et grand gastronome qui, comme magistrat, était doux conciliant et honnête homme et qui il s’appliquait en pleine Terreur à adoucir, comme maire, les excès des passions politiques. C’était lutter contre un torrent. » (Carteret).
Provenance : Collection Louis Leguay, avec cachet.
8 500 €