« La Sagesse » de Charron conservée dans son séduisant maroquin bleu de l’époque.
Des bibliothèques Charles de Bachi, marquis d’Auchais et Edouard Rahir, avec ex-libris.
CHARRON, Pierre. De la Sagesse, trois livres.
Leyde, chez les Elsevier, 1646.
In-12 de (12) ff., 663 pp., (8) pp. de table.
Maroquin bleu, triple filet doré encadrant les plats, fleurons d’angle, dos à nerfs richement orné de fleurons et motifs de feuillage dorés, coupes ornées, roulette intérieure dorée, tranches dorées sur marbrures.
Reliure de l’époque.
131 X 70 mm.
Première édition « De La Sagesse » donnée par les Elsevier, l’œuvre majeure de Pierre Charron.
Tchemerzine, II, 262 ; Brunet, I, 1810 ; Willems, 601 ; Graesse, II, 123 ; Rahir, Bibliothèque de l’amateur, p.365 ; Morgand et Fatout, 1680 ;
« Les Elzevier ont imprimé Charron quatre fois. L’édition de 1646 est la première ; elle est incontestablement la plus belle. » (Willems).
« La Sagesse » prolonge « Les Essais » de Montaigne dont Charron avait été le disciple et l’héritier.
Les Trois livres de la Sagesse parurent à Bordeaux en 1601. Ils composent un vaste traité de philosophie morale.
« « La Sagesse » marque, au début du XVIIe siècle, un premier effort en vue de mettre de l’ordre dans les idées. Charron a eu une sorte de pressentiment de nos méthodes modernes quand il demande au sage de tout examiner, de tout comprendre, de ne pas se prononcer à la légère, de ne pas céder aux partis pris. Il annonce Bacon, Descartes et Pascal. » (M. P., Dictionnaire des Lettres françaises).
Il avait fait graver sur sa maison la devise du scepticisme : je ne sais.
Il est exact que Charron a profité de l’expérience de Montaigne. Il pensait d’ailleurs en avoir le droit puisque Montaigne lui-même l’avait fait son héritier.
Mais Charron n’est pas qu’un compilateur : dans le premier livre de la « « Sagesse », il fait œuvre de penseur original, en tentant très objectivement de cerner en quelques traits la nature de l’homme et de définir les rapports entre le physique et le moral. Par son esprit clair et synthétique, il annonce déjà les moralistes du XVIIème siècle et tout particulièrement le traité les « Passions de l’âme » de Descartes.
Si, en effet, Charron pousse à leurs extrêmes conséquences les insinuations de Montaigne, son but est précis et défini : il veut faire de la raison l’auxiliaire de la foi, conduire la sagesse humaine jusqu’au point où on ne peut plus la dépasser que par la grâce ; il entend donner des raisons tout humaines de mener une vie chrétienne.
« La « Sagesse » marque, au début du XVIIè siècle, un premier effort en vue de mettre de l’ordre dans les idées. Charron a eu les mêmes admirateurs et les mêmes adversaires que Montaigne, et la fortune de « La Sagesse » ressemble assez à celle des « Essais ». Traduite en italien, en anglais, en allemand, elle a eu en France, 49 éditions de 1601 à 1672 » (M. Dreano).
De 1576 à 1594, Pierre Charron (1541-1603) réside le plus souvent à Bordeaux, ce qui lui donne l’occasion de lier connaissance avec Montaigne. Pendant que celui-ci rédige l’Apologie de Raimond Sebond à la demande d’une reine qui semble bien être Marguerite de Valois, Charron prêchait à la cour de Nérac devant la même Marguerite.
Le maître et le disciple se regardaient comme membres d’une même famille.
Désavoué par l'Eglise dès sa parution en 1601, L’ouvrage de Charron devint, pour les libertins, le bréviaire de la libre pensée.
Très bel Exemplaire conservé dans son élégant maroquin de l’époque.
Provenance : Bibliothèques Charles de Bachi, marquis d’Auchais et Edouard Rahir, avec ex-libris.
4 500 €