Jean Racine

Une formation janséniste, un destin littéraire

Né en 1639 à La Ferté-Milon, orphelin très jeune, Jean Racine est élevé dans la rigueur morale du collège de Port-Royal. Ce contact précoce avec les jansénistes marque profondément son œuvre : on y retrouve l’obsession du péché, la grandeur des âmes déchirées et la cruauté du destin.

Très tôt attiré par les lettres, Racine se détourne d’une carrière ecclésiastique pour se consacrer au théâtre. Dès 1667, avec Andromaque, il conquiert le public de la cour. Suivront les grandes tragédies qui font sa gloire : Britannicus, Bérénice, Phèdre, Iphigénie, où il adapte avec une liberté souveraine les modèles antiques, tout en exprimant avec une justesse bouleversante les affres de la passion.

Racine devient historiographe du roi Louis XIV et entre à l’Académie française. Après s’être éloigné du théâtre, il y revient brièvement avec deux tragédies bibliques : Esther et Athalie. Il meurt en 1699, laissant une œuvre courte mais d’une densité inégalée.

Une œuvre classique, universelle et bouleversante

Racine se distingue par son respect des règles du théâtre classique – unité de temps, de lieu et d’action – mais surtout par la manière dont il insuffle à cette architecture une tension émotionnelle inédite. Ses vers, d’une musicalité limpide, traduisent les tourments intérieurs avec une intensité rare.

Chez Racine, le destin n’est jamais un simple mécanisme tragique : il est le miroir d’une lutte intérieure, entre passion et devoir, entre orgueil et amour. La simplicité apparente du langage dissimule une complexité psychologique vertigineuse.

La tragédie racinienne n’est pas seulement un sommet de la langue française : elle est une exploration poignante de l’âme humaine, dans ce qu’elle a de plus fragile et de plus grand.

Racine dans l’histoire littéraire

Jean Racine occupe une place centrale dans l’histoire de notre littérature. Avec Corneille et Molière, il forme le trio sacré du théâtre classique français. Mais Racine est sans doute celui dont le style a le plus marqué les siècles suivants.

Ses alexandrins, d’une perfection inégalée, ont servi de modèle à des générations de poètes et d’écrivains. Il a inspiré des auteurs aussi divers que Chateaubriand, Proust ou Paul Valéry. Sa langue, grave et harmonieuse, continue d’émouvoir lecteurs et spectateurs.

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