Marguerite Yourcenar

Une vie entre deux mondes

Marguerite Yourcenar, née Marguerite Cleenewerck de Crayencour en 1903 à Bruxelles, grandit entre la France, la Belgique et l’Italie, avant de s’installer aux États-Unis en 1939. Orpheline de mère dès sa naissance, elle est élevée par un père érudit qui lui transmet le goût des langues et des lettres. Son pseudonyme, « Yourcenar », est une anagramme partielle de son patronyme, choisie en hommage à ses racines familiales.

Après des études brillantes en philosophie et en lettres à la Sorbonne, elle publie son premier roman, Alexis ou le Traité du vain combat, en 1929. Dès lors, elle s’impose par un style épuré, classique, et une narration exigeante, nourrie par la philosophie antique et les grands textes de l’Orient et de l’Occident.

Un parcours littéraire d’exception

Marguerite Yourcenar explore tous les genres : roman, nouvelle, essai, poésie, théâtre, traduction. Son œuvre la plus célèbre, Mémoires d’Hadrien (1951), imagine les confessions de l’empereur romain Hadrien, méditant sur le pouvoir, la mort, l’amour et la destinée humaine. Ce roman, salué dans le monde entier, marque un tournant dans la littérature du XXe siècle par sa profondeur psychologique et sa portée philosophique.

En 1968, elle publie L’Œuvre au noir, fresque historique sur la Renaissance et la quête de sens à travers la figure de Zénon, médecin, alchimiste et philosophe. Ce roman, couronné par le prix Femina, témoigne de la fascination de Yourcenar pour les périodes de transition, les destins hors norme et les interrogations existentielles.

Parmi ses autres ouvrages marquants, citons :

• Nouvelles orientales (1938), recueil de récits inspirés de légendes et de mythes universels
• Feux (1936), méditation lyrique sur la passion et la tragédie
• Le Labyrinthe du monde (1974-1988), trilogie autobiographique où elle explore ses racines et la mémoire familiale
• Mishima ou la Vision du vide (1980), essai sur l’écrivain japonais Yukio Mishima
• Comme l’eau qui coule (1982), recueil de nouvelles sur la filiation, la transmission et la quête de soi

Première femme à l’Académie française

En 1980, Marguerite Yourcenar devient la première femme élue à l’Académie française, brisant une tradition séculaire et ouvrant la voie à de nouvelles générations d’écrivaines. Elle est aussi la première femme dont l’œuvre est publiée de son vivant dans la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade (1982).

Son engagement dépasse la littérature : elle milite pour les droits des femmes, la protection de l’environnement, la solidarité internationale et la liberté de pensée. Son œuvre, traduite dans de nombreuses langues, a reçu de multiples distinctions, dont le prix Femina et le prix Erasmus.

Un héritage littéraire et philosophique

Marguerite Yourcenar s’impose par la rigueur de sa pensée, la beauté de son écriture et l’universalité de ses thèmes. Son style, à la fois classique et novateur, privilégie la sobriété, la précision et l’intensité émotionnelle. Elle puise dans la philosophie gréco-latine, l’histoire, la mythologie et les spiritualités du monde pour interroger la condition humaine, la liberté, le pouvoir, la mort et l’amour.

Sa vision humaniste, son ouverture aux cultures et sa réflexion sur l’altérité font d’elle une figure majeure de la littérature et de la philosophie françaises du XXe siècle. Son œuvre continue d’inspirer lecteurs, chercheurs et écrivains à travers le monde.

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