Mémoire de Mr. Law pour l'établissement d'une Banque Royale

Law, John

Rare manuscrit du XVIIIe siècle de 135 feuillets in-4 sur « le Système de Law » et l’établissement d’une banque royale.

Veau havane marbré, dos à nerfs orné, tranches rouges, quelques restaurations aux charnières.

Reliure de l’époque.

217 x 165 mm.

Law, John. (1671-1729). Mémoire de Mr. Law pour l’établissement d’une Banque Royale.

Manuscrit français sur papier de 135 feuillets de format in-4 calligraphié vers 1745 par Jean-Baptiste Jèze tel que cela ressort de la note suivante :

« La compilation suivante eut pour auteur Le Sieur Jean Bapiste Jèze avocat au parlement de Toulouse natif de Sézeria, né le 30 juillet 1709, mort à Toulouse, paroisse St. Etienne en 1752, ou 1783. Devenu auparavant censeury Royal, Inspecteur de l'école militaire Royale à Paris vers 1757, 58, 59, 60 puis inspecteur provincial des postes dans le Languedoc Haute Guyenne & vers 1761, 62, jusques à sa mort ».

Le manuscrit concernant la Banque Royale de Law est suivi de la lettre calligraphiée du baron de Spon au chancelier de France en « may 1750 » puis d’un manuscrit de droit public qui occupe les feuillets 152 à 284 daté d’août 1769.

« Le Système de Law est le nom que l'on a donné à la grande expérience financière faite en France par le gouvernement du duc d'Orléans, sous la direction de Jean Law. Les opérations de Law se distinguent à plus d'un titre des expédients vulgaires.

1° Elles ont été entreprises en application d'une théorie préconçue et leur ensemble forme un système ;

2° elles ont été le signal d'une révolution dans les mœurs et les habitudes des Français ;

3° elles présentent un grand et magnifique exemple des combinaisons et des effets de l'agiotage. A ce triple titre, elles sont dignes au plus haut degré des méditations de l'Economiste, et il est utile de les exposer avec quelques développements. »

« Law obtint, en 1716 (le 2 mai), le privilège de créer, sous le nom de « Banque générale », une banque particulière par actions, payables un quart en argent et trois quarts en billets d'Etat. Cet établissement escomptait le papier de commerce, encaissait pour les particuliers, faisait des virements de partie, émettait des billets remboursables en écus de poids et de titre déterminé, et qui n'avaient pas le cours forcé : il eut un plein succès. Mais il ne tarda pas à perdre ce caractère, et à voir ses opérations mariées à celles d'autres entreprises de son fondateur et aux finances de l'État ; et il s'ensuivit un engouement extraordinaire, un agiotage inouï et finalement une chute au bout de très peu d'années.

En août 1717, Law obtint le privilège pour 25 ans de la compagnie de Louisiane, et forma une société en commandite sous le nom de compagnie de l'Occident pour la colonisation et le commerce, au capital de 200,000 actions de 500 livres, payables seulement en billets d'État, qui avaient perdu jusqu'à 72 p. 100, et qui remontèrent peu à peu au pair.

Au commencement de 1718, Law, de plus en plus en faveur, devint sinon en titre, du moins en fait le principal directeur des affaires de finances. Il fit prescrire une refonte des monnaies, très préjudiciable aux porteurs des espèces.

Quelques mois après (4 septembre), la compagnie d'Occident devint adjudicataire de la ferme des tabacs. Trois mois après (4 décembre) la banque fut déclarée « Banque royale » : le nombre de ses billets dépendait des arrêts du conseil, et le payement pouvait s'en faire en écus de banque ou en livres tournois, c'est-à-dire en monnaie qui n'était plus fixe ; enfin l'emploi de l'or ou des billets de banque devint obligatoire dans toutes les transactions au-dessus de 600 liv.

A partir de ce moment, Law cherche à faire monter la valeur des actions de sa compagnie par des achats directs et par la concession, moyennant émission d'actions nouvelles, du privilège des compagnies du Sénégal, de la Chine et des Indes-Orientales, après laquelle il changea le nom de « Compagnie d'Occident » en celui de « compagnie des Indes » (mai 1719). Par un nouvel édit du même mois, il lui fit conférer le bénéfice de la fabrication des monnaies. Par suite de ces manœuvres, la valeur des actions décupla, et l'on vit se produire un agiotage effréné dans la rue Quincampoix, qu'on appelait le Mississipi, et qui était habitée par les banquiers et gens d'affaires. A la fin de novembre les actions de la compagnie des Indes valaient de 36 à 40 fois le capital nominal ! Cet engouement eut surtout lieu dans l'année 1719, et Law était en ce moment l'idole du jour : il fut positivement question de lui élever une statue. Lorsque s'ouvrit l'année 1720, toute cette ivresse durait encore, et Law fut nommé, à la place de d'Argenson, contrôleur général des finances. »

Fort rare manuscrit sur le système de Law.

Vendu