Traitez du libre-arbitre, et de la concupiscence
Bossuet : « Un maître de la langue française qui n’eut peut-être jamais son égal, un de ceux à qui notre pays est le plus redevable de sa magistrature littéraire universelle » (Rév. D. Delafarge).
Bel exemplaire de l’édition originale du Traité du libre-arbitre de J.-B. Bossuet relié en maroquin de l’époque aux armes du Prince de Condé (1692-1740), premier ministre de Louis XV de 1723 à 1726.
Provenance : Prince de Condé ; Baron de Claye (1904) ; Paul Baudoin (1978).
2 parties en 1 volume in-12 de 26 pp., (3) ff., 155 pp., (1) f. bl., (1) f., 218 pp., (6) ff. Maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats, armoiries frappées or au centre, dos à nerfs richement orné, filet or sur les coupes, roulette intérieure, tranches dorées sur marbrures. Reliure de l’époque.
167 x 94 mm.
Bossuet, Jacques-Bénigne. Traitez du libre-arbitre, et de la concupiscence. Ouvrages posthumes.
Paris, Barthélémy Alix (de l’imprimerie de Claude Simon), 1731.
Édition originale de deux traités majeurs de Bossuet.
Tchemerzine, II, 428.
Bossuet conseiller du roi Louis XIV fut nommé précepteur du Dauphin en 1670 et le Traité du libre-arbitre est un des ouvrages composés pour l’éducation du futur souverain.
Le sujet abordé traite du « moyen d’accorder notre Liberté avec la certitude des décrets de Dieu ». La question de savoir s’il existe des choix humains indépendamment de la souveraine grâce de Dieu venait de diviser les catholiques de France en deux camps : les jésuites, soutenus par le haut clergé ainsi que par le Roi, et les jansénistes de Port-Royal, minoritaires mais solidaires autour de brillantes autorités théologiques et intellectuelles telles que Arnault et Pascal. Or les années qui virent Bossuet précepteur du Dauphin coïncident presque exactement avec la Paix de L’Eglise de France (1668-1678). De plus, les jansénistes furent parmi les rares personnes à ne pas entrer en conflit avec Bossuet, même si sa situation à la Cour ne permettait pas à ce dernier d’afficher trop haut l’intérêt qu’il portait à la théologie de Port-Royal.
Aussi la richesse du Traité du libre-arbitre réside principalement dans la synthèse fragile mais courageuse (c’est tout de même au futur Roi de France que Bossuet s’adresse), de deux doctrines pourtant farouchement opposées. Ce texte méconnu donne la très juste mesure d’une période de tolérance officielle bientôt vaincue par le raidissement des libertés en matière de religion.
Le Traité de la concupiscence, composé vers 1693, reflète quant à lui l’époque suivante, période trouble où les positions doctrinales sont beaucoup plus rigides et les mœurs beaucoup plus libres. Bossuet s’en prend ici aux libertins, aux mondains, vitupérant contre le mensonge de leur esprit et la vanité de leur vie.
Bel exemplaire très pur, à grandes marges conservé dans sa reliure en maroquin de l'époque d'une qualité rare aux armes de Louis-Henri de Bourbon-Condé (1692-1740), prince de Condé, duc de Bourbon, d’Enghien et de Guise. Prince du sang, « Monsieur le Duc » fut Grand Maître de France, chef du Conseil de Régence et premier ministre de Louis XV de 1723 à 1726.
Des bibliothèques du baron Anatole de Claye (1904, I, n°6), avec ex-libris, et Paul Baudouin (1978, n°7), avec ex-libris.

