J.J. Rousseau Citoyen de Genève, à Christophe de Beaumont

Rousseau, Jean-Jacques.
Amsterdam, Marc-Michel Rey, 1763.

Les originales de Rousseau reliées en maroquin de l’époque armorié sont rares et recherchées.

L’exemplaire en maroquin aux armes de Béatrix de Choiseul-Stainville (1730-1794), duchesse de Gramont, morte guillotinée.

In-8 de XL et 129 pp., (3) pp. ; maroquin havane, triple filet doré encadrant les plats, armoiries frappées or au centre, dos lisse orné, filet or sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées. Reliure de l'époque. 178 x 118 mm.

ÉDITION ORIGINALE.

Dufour, 214.

Au mois d’août 1762 Émile est condamné par l’archevêque de Paris, Christophe de Beaumont, comme livre dangereux et hérétique. Rousseau a déjà quitté la France sous la menace d'une prise de corps décrétée par le Parlement de Paris. Rousseau prépare clandestinement le manuscrit de sa réponse, Lettre à Beaumont, et l’envoie à MarcMichel Rey, à Amsterdam. Vers le mois de septembre 1763, M. M. Rey publie la première édition.

« Pourquoi faut-il, Monseigneur, que j'aie quelque chose à vous dire ? » La lettre de protestation que Rousseau envoie à l'archevêque de Paris commence par une fausse question. Mais elle exprime une vraie indignation. C'est en citoyen qu'il affirme ses droits et défie l'autorité civile ou religieuse, nous donnant à tous encore aujourd'hui une vibrante leçon de laïcité.

Rousseau répond à son adversaire. Il fait l'apologie de la religion naturelle, s'estimant sincèrement chrétien conformément à l'enseignement de Jésus-Christ et non des prêtres. Il récuse le péché originel et les miracles. Il défend la tolérance et la liberté de penser.

Voltaire a exprimé son jugement général dans une lettre à Helvétius [c. 15 mai 1763] : "Il y a cinq ou six pages excellentes et de la plus grande force dans une petite brochure qui paraît depuis peu, qui perce avec peine à Paris et que vous aurez vue sans doute. C’est grand dommage que l'auteur y parle sans cesse de luy même, quand il ne doit parler que de choses utiles. Son titre est d’une indécence impertinente, son ridicule amour propre révolte. C’est Diogène, mais il s’exprime quelquefois en Platon. Croiriez vous que ses audacieuses sorties contre un monstre respecté n'ont révolté personne et que sa philosophie a trouvé autant de partisans que sa vanité cinique a eu de censeurs ?" (Best. D 11208).

BEL EXEMPLAIRE AUX ARMES DE BÉATRIX DE CHOISEUL-STAINVILLE, DUCHESSE DE GRAMONT (1730-1794).

Béatrix de Choiseul exerça par son courage et son énergie virile une très grande influence sur son frère. Elle épousa le 16 août 1759 Antoine-Antonin, duc de Gramont, pair de France, gouverneur de la Navarre et du Béarn, dont elle fut la seconde femme. Elle mourut sur l'échafaud le 17 avril 1794.

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