De l'Éducation des filles
Chef-d'œuvre de la reliure royale mosaïquée, fleurdelysée, ornée du chiffre entrelacé et couronné de la dauphine Marie-Antoinette (1755-1793) offert en 1770 à l'occasion de son mariage avec le futur Louis XVI sur le traité De l'Education des filles, un des textes les plus intéressants du siècle classique inspirateur de l'Emile référencé à deux reprises par la BnF. (BnF, NAF 2513, f. 13 r (I) et f. 254 v (II).
In-8, maroquin rouge, mosaïqué sur les plats d'une pièce de maroquin fauve, chiffre de Marie-Antoinette au centre des plats, dentelle aux petits fers de lys et de fleurons en encadrement, dos lisse, caissons ornés de lys, gardes de papier marbré, tranches dorées.
152 x 93 mm.
[Marie-Antoinette (1755-1793)]. Fénelon, François de Pons de Salignac de La Mothe (1651-1715).
De l'Éducation des filles. Nouvelle édition où l’on a joint un ouvrage de Mr. De La Chetardye, intitulé Instruction pour une jeune princesse.
Amsterdam et Leipzig, Arkstee et Merkus, 1754.
Reliure référencée mosaïquée de la reine Marie-Antoinette (1755-1793) offerte en 1770.
Exceptionnelle reliure en maroquin mosaïqué offerte en 1770 à la dauphine Marie-Antoinette, rarissime - les reliures mosaïquées de la reine sur des textes classiques sont introuvables (Voir Ernest-Quentin Bauchart) - vraisemblablement à l'occasion de son mariage.
Ce précieux volume est référencé à deux reprises par la BnF : « catalogue manuscrit des ouvrages de sa Bibliothèque (BnF, NAF2513 ; f. 13r (I) et f. 254 v. (II). »
L.M. Michon ne répertorie que 19 reliures mosaïquées attribuées à « l’Atelier des Petits classiques » qui débuta son activité vers 1720. Celle-ci s’inspire de cet atelier.
« Marie-Antoinette encouragea les arts, en soutenant Gluck contre la cabale et la routine, les lettres, en protégeant Chamfort et Delille, et elle se montra, dans la longue agonie des mauvais jours, la digne fille de la grande Marie-Thérèse.
Sa bibliothèque était une des plus considérables du temps, et si les pièces de théâtre, les romans, et, parmi ceux-là, les petits livres à la mode, dont l’esprit de partie a cherché de nos jours, à faire une sorte de scandale, bien qu’ils fussent alors entre les mains des femmes les plus honnêtes et les plus vertueuses, y figurent en grand nombre, il serait injuste d’oublier que les chefs-d’œuvre de l’esprit humain tiennent la première place avec Pascal, Bossuet, Fénelon, Bourdaloue, Massillon, Boileau, Jean-Baptiste Rousseau, Corneille, Molière, Racine, Regnard, Voltaire, et tant d'autres, dont on retrouvera les noms en parcourant le catalogue. »
(E. Quentin Bauchart).
« Le Traité de l’Education des filles de Fénelon (1651-1715) est une œuvre exquise de perspicacité et de finesse, que Rollin jugera nécessaire aux parents, et qui s’inspirait discrètement de l’abbé Claude Fleury, attestaient l’élévation de sa pensée, la finesse de ses observations, la maturité de son esprit et la souplesse de sa plume » (Georges Grente).
« Fénelon consacra onze ans, de 1678 à 1689, à l’éducation des jeunes filles protestantes converties au catholicisme. Il remplit ses fonctions avec une intelligence, un tact qui le firent remarquer. C’est à cette époque et à la prière de Mme de Beauvilliers, mère de huit filles, que le jeune prêtre rédigea quelques conseils pour l’éducation des enfants de la duchesse. Puis il retoucha ses observations et en fit un petit livre qui parut en 1689.
Ce Traité est donc écrit dans un but pratique et inspiré par une expérience déjà longue. Les deux principes dont part Fénelon et qu'il applique tout au long de son œuvre sont les suivants : d’une part, l’éducation doit être conforme au rôle que remplira l'enfant dans le monde, elle doit, avant tout, lui être utile pour tenir convenablement sa place ; d'autre part, il faut partir des dispositions naturelles de l'enfant, il faut les suivre, et, sans doute les redresser, mais surtout les développer. »
« Comme on le voit, c’est un véritable traité d’éducation que propose Fénelon. Son propos ne s’étend, en principe, qu’aux filles ; mais ses conseils, ses règles posent le problème de l’éducation en général. Si l’instruction qu’il demande qu’on donne aux jeunes filles nous paraît quelque peu élémentaire, il ne faut pas oublier qu’elle était en net progrès sur les mœurs du siècle. Ce qu’il faut remarquer, c’est le caractère tout pragmatique des règles exposées : rien de chimérique ou de théorique ici, des conseils simples, exécutables, inspirés par le bon sens, par une connaissance déjà très juste de la mentalité enfantine, donnés dans un esprit libéral, amène, qui contraste avec l’esprit rigoureux, aussi inadapté que possible aux enfants, de la plupart des éducateurs du temps. Avec les Lettres de Mme de Maintenon, c’est une des œuvres les plus intéressantes que nous ait légué le siècle classique sur l’éducation des enfants. Mais, beaucoup plus que la fondatrice de Saint-Cyr, Fénelon fait figure ici de véritable précurseur ; son Traité ne cessa pas d’être actuel pendant tout le XVIIIè siècle et c’est directement de l’Education des filles que procède l’Emile de Rousseau. Le style de Fénelon est ici d’une élégante simplicité, d’une douceur naturelle et comme féminine, qui ne va pas encore jusqu’à la suavité » (Laffont).
« Marie-Antoinette, archiduchesse d'Autriche, la plus jeune des filles et la onzième des douze enfants de François 1er, empereur d'Allemagne, et de Marie-Thérèse d'Autriche, née à Vienne le 2 novembre 1755, épousa le dauphin, plus tard Louis XVI, à Versailles, le 16 mai 1770 ; devenue reine le 10 mai 1774, elle prit à partir de 1781 une influence de plus en plus grande sur le roi. Sa conduite imprudente, ses prodigalités, son origine autrichienne et les calomnies répandues par ses ennemis la rendirent extrêmement impopulaire. Emprisonnée au Temple le 13 août 1792, puis à la Conciergerie le 1er août 1793, elle fut condamnée à mort par le tribunal révolutionnaire le 15 octobre 1793 et guillotinée le lendemain sur la place de la Révolution, payant, ainsi qu'on l'a dit, de sa tête les fautes de tout le monde. Elle avait eu quatre enfants : Marie-Thérèse-Charlotte, dite Madame Royale, plus tard duchesse d'Angoulême ; Louis-Joseph-Xavier de France, mort en 1789 ; Louis-Charles, dit Louis XVII, et Sophie-Hélène-Béatrix, morte à un an en 1787. (Olivier-Hermal).
Marie-Antoinette n’eut quasiment aucune reliure mosaïquée – chef-d’œuvre de la reliure ancienne française – dans sa bibliothèque et ses reliures sont ainsi décrites par Ernest-Quentin Bauchart :
« L’exécution de ses reliures est presque toujours médiocre et marque une période de décadence, où l’art des Padeloup et des Derome se démocratise sous l’influence des idées nouvelles, et tend à disparaître pour faire place au cartonnage égalitaire de Bradel.
Les ouvrages de moindre importance qui garnissaient les armoires du petit Trianon sont restés, en grande partie, à Versailles. Ils sont modestement reliés en veau porphyre, granité de points noirs sur un fond rouge sombre.
Chef-d'œuvre de la reliure royale française mosaïquée, fleurdelysée, ornée du chiffre entrelacé et couronné de la reine Marie-Antoinette, offerte en 1770 à l’occasion de son mariage sur cette « œuvre exquise de perspicacité et de finesse, un des textes les plus intéressants que nous ait légués le siècle classique », référencée à deux reprises par la BnF dans le catalogue manuscrit des ouvrages de sa bibliothèque (BnF, NAF2513 ; f. 13r (I) et f. 254 v. (II)). »
