Il Prencipe

In-8 de (3) ff., 84 pp., (1) f.
Maroquin rouge à long grain, double filet et roulette palmée en encadrement, dos lisse joliment orné, encadrement intérieur d'une grecque et d'une roulette dorée, doublure et gardes de tabis bleu, double garde de vélin, tranches dorées. Courteval, vers 1800.

151 x 95 mm.

Machiavel, Nicolas (1469-1527). Il Prencipe di Nicolo Machiavelli, al magnifico Lorenzo di pie ro de Medici. La Vita di Castruccio castracani da Lucca. Il Modo, che tenne il duca Valentino per ammazzare Vitellozzo Vitelli, Oliverotto da Fermo, il S. Paulo, & il Duca Gravina. I ritratti delle cose della Francia & dell’Alamagna.
(Venise), Aldus, 1540.

Première édition du Prince de Machiavel donnée par les Alde.
Renouard, 119.

Elle fut publiée sous la direction de Paul Manuce qui avait repris l'activité de l'imprimerie au nom des héritiers d'Alde et d'André d'Asola en 1533, quatre ans après sa fermeture à la suite du décès d'André d'Asola en 1529.

Œuvre de Machiavel (Niccoló Machiavelli, 1469-1527), assurément la plus lue et la plus discutée, la plus exaltée et la plus dénigrée, de la littérature politique de tous les temps.
Elle fut écrite de juillet à décembre 1513, dans la villa de Sant’Andrea in Percussina, près de San Casciano, où Machiavel s'était retiré depuis le mois d'avril, après être tombé en complète disgrâce auprès des Médicis, les nouveaux maîtres de Florence. Il faut en chercher le motif occasionnel dans les rumeurs qui se répandirent au début de l'été sur les projets du pape Léon X en vue de créer un État au profit de ses neveux Julien et Laurent de Médicis ; ces rumeurs incitèrent Machiavel, inquiet du destin de Florence et de l'Italie, et désireux d'exprimer sa pensée mûrie pendant tant d'années d'expérience politique, à interrompre son commentaire sur Tite-Live — v. Discours sur la première décade de Tite-Live — pour écrire ce nouveau et plus bref traité.

Le Prince représente l'expression la plus nette et la plus limpide qu'on ait jamais formulée d'une pensée strictement politique.
Ici, tout est « politique » ; toute autre considération, morale ou religieuse, est mise de côté. Le « devoir être », autrement dit l'aspiration à une vie plus haute, cède la place à l’« être », c'est-à-dire à la considération de la réalité. Le « politique » est ici ressenti presque instinctivement d'une manière si immédiate et si forte qu'il ne permet d'entendre nulle voix, hormis celle de l'intérêt de l'État. L'État à son tour se confond avec la personne du prince, et, subissant une opération anthropomorphique, est ramené à la mesure d'une personne humaine ; ainsi, l'intérêt de l'État et l'intérêt de son chef ne font-ils qu'un. Cette opération rend encore plus serrée et plus convaincante l'unité de pensée du traité ; les normes théoriques trouvent une illustration immédiate et complète dans quelques figures de grands princes : Ferdinand le Catholique, roi d'Aragon, François Sforza, César Borgia. De là vient également la force extraordinaire du style, dépouillé et concis, la plasticité des expressions. Car, au point de vue littéraire. Le Prince est un chef-d’œuvre, l'un des grands chefs-d'œuvre de la prose italienne. L'œuvre bientôt traduite dans la plupart des langues et répandue dans toute l'Europe, connut une énorme popularité, comme peut-être n'en eut jamais aucune autre ; c'est surtout pendant la seconde moitié du XVIè et la première moitié du XVIIè siècle qu'elle fut l'objet d'accusations et d'invectives extrêmement violentes. En elle parut se résumer ce qu'on a appelé le « machiavélisme » ; aussi souleva t elle l'indignation de tous les adversaires de la doctrine en question.

Alde imprima quatre parties de l’œuvre de Machiavel en 1540 :
Historie (fiorentine), in-8 de 4 ff. préliminaires, 259 ff. chiffrés (les chiffres 94, 95, 191 et 192 sont omis), et 1 f. pour la souscription. Un bel exemplaire aux armes de Charles-Quint, 9 liv. Libri.

Libro dell'arte della guerra, in-8 de 2 ff. prélim., 108 ff. de texte, plus 10 à la fin pour la souscription, les figures et l'ancre (avec le précédent, 2 liv. 6 sh. mar. Butler). Il s'est trouvé à la vente Libri, faite en 1859, deux exemplaires de cette édition. Le premier, rel. en mar. citr. à compart., avec le nom et la devise de Grolier, et d'une parfaite conservation, a été payé 150 liv. sterl. ; le second simplement rel. en v. f., a été donné pour 15 sh., ce qui prouve une fois de plus que la belle condition des vieux livres en fait presque tout le prix.

Il Principe : la vita di Castruccio Castracani, etc., 3 ff. prélim., 84 ff. de texte, plus l’ancre ; vend. 2 liv. 4 sh. mar à compart. Butler ; 7 liv. Libri.

Discorsi de 8 ff. prélim., 215 ff. de texte, lpus 1 f. à la fin : vend. 9 sh. Butler ; et en ancienne reliure ital. avec des ornements peints, 5 liv. 17 sh. Libri.

Le supplément de Brunet nous révèle que Jean Grolier possédait ces 4 parties mais Il Principe a disparu.

« Un exemplaire à la reliure de Grolier, très beau et très pur, 3 750 Fr. Or, Libri (1859) ; revendu 3 650 Fr. Double ; ce charmant volume a été acquis par le British Museum, qui possédait déjà : Storie Fiorentine di Nicolo Machiavelli. Venezia, app. Aldo, 1540, in-8, exemplaire venant du comte d’Hoym et de Du Fay, et qui vraisemblablement s’est encore rendu acquéreur à la vente de M. Yéméniz du 3ème volume de Machiavel, connu comme provenant de Grolier ; Discorsi di N. Machiavelli, Vinegia, Aldo, 1540, in-8, vendu 4 150 Fr. Or, ces trois charmants livres avaient appartenu à ce fin connaisseur du XVIIè siècle, l’académicien Ballesdens, qui les avait tous trois signés de sa belle et régulière écriture.

Il manque à cette collection le 4ème vol., Il Principe, que certes n’a pas dû négliger Grolier, mais son exemplaire a disparu. » (Un livre de bibliophilie se négociait alors à compter de 2 Fr. Or).

Ravissant exemplaire relié par Courteval avec son étiquette sur un feuillet de garde.

De la bibliothèque Fulcran Captier.