Evangelium Secundum Matthaeum…

Estienne, Robert
Paris, Robert Estienne, 1541
Prix : 15 000 €

Précieux exemplaire de présent, réglé, relié pour François 1er par l’atelier du Pecking Crow Binder, du nom d’un fer à dorer caractéristique des productions de cet atelier de reliure parisien qui fut l’un des plus actifs du milieu du XVIè siècle.

Fort in-8 de 211 ff., (1) f. bl., 155 ff., (1) f., (16) ff., index, (4) ff au lecteur.

Veau brun aux plats ornés de 9 encadrements estampés et d’un double doré écoinçonné de fleurons et d’une fleur éclose, marque royale du « Pecking Crow Binder » dorée au centre, dos à nerfs orné d’une fleurette dorée, tranches dorées, décorées et ciselées. Reliure parisienne de l’époque issue du « Pecking Crow Binder » destinée au roi François Premier (1494-1547) (Réf : Martin Breslauer).

157 x 101 mm.

Les Évangiles de Saint Matthieu et les actes des apôtres puis les Lettres de S. Paul, celles de Jacob, Pierre, Jean et Judas ; et l’apocalypse de Jean, imprimés en 1541 par Robert Estienne imprimeur du roi pour le latin et l’hébreu et reliés à l’époque par le célèbre atelier parisien « Pecking Crow Binder » pour le roi François 1er.

Robert Estienne penchait vers la Réforme, ce qui lui suscita des difficultés de la part des théologiens, mais il fut longtemps protégé par François 1er. Il accepta toutes les conditions qu'on lui imposa, et il se soumit même à ne plus rien imprimer sans le consentement de la Sorbonne. Il venait de mettre au jour la première édition de son Thesaurus linguæ latinæ, ouvrage excellent, plein de recherches et d'érudition, auquel il avait travaillé plusieurs années, aidé par les savants dont il était l'ami et le bienfaiteur. Le succès mérité de cet ouvrage ne l'aveugla point sur ses imperfections, et il y fit, à chaque édition, des changements et des augmentations qui l'ont enfin rendu un chef-d'œuvre dans ce genre.

Estienne fut nommé, en 1539, imprimeur du roi pour le latin et l'hébreu, et ce fut à sa demande que François 1er fit graver par Claude Garamont une police complète de caractères grecs dits « Grecs du roi ». Cependant, les théologiens, jaloux de la confiance que le roi accordait à un homme dont ils suspectaient les sentiments en matière de foi, cherchaient l'occasion de le convaincre d'hérésie. Ils crurent l'avoir trouvée dans la nouvelle édition de la Bible qu'Estienne publia en 1545, contenant une double version latine et des notes de François Vatable.

Léon de Juda, connu pour être un partisan de Zwingli, était l'auteur d'une de ces versions ; et on prétendit que si les notes étaient de Vatable, elles avaient été corrompues par Estienne. Cette accusation fit beaucoup de bruit et François 1er fut obligé d'arrêter encore une fois les poursuites dirigées contre son imprimeur. Ce grand prince mourut, et Robert Estienne voulut donner une marque de sa reconnaissance, en imprimant avec un soin particulier l'oraison funèbre de ce prince par Pierre Duchâtel. L'orateur avait dit que François 1er était passé de cette vie dans la gloire éternelle. Cette idée, si commune qu'elle se retrouve dans tous les discours de ce genre, fut le sujet d'une dénonciation de la Sorbonne, qui prétendit que cette proposition était contraire à la doctrine de l'Église touchant le purgatoire.

Estienne s’aperçut bientôt qu’il ne devait pas compter auprès du nouveau roi sur la protection dont il avait joui jusqu'alors ; et après avoir lutté pendant quelques années contre ses adversaires, il prit enfin la résolution de se retirer à Genève avec sa famille.

Précieux exemplaire de présent, réglé, relié pour François 1er par l’atelier duPecking Crow Binder, du nom d’un fer à dorer caractéristique des productions de cet atelier de reliure parisien qui fut l’un des plus actifs du milieu du XVIè siècle.

« En activité de 1535 environ à 1550, il est fréquemment sollicité par les amateurs et quelques reliures de dédicace destinées au roi y sont réalisées » (F. Le Bars).

Le fer est ici le plus complet connu : fait d’un bouquet couronné tenu par un avant-bras, oiseau picorant sur le dessus du bouquet et répété en grand en dessous du bras, le tout surmonté de la couronne royales fleurdelysée.