Projet pour rendre la paix perpétuelle
« Exemplaire unique de ce livre fondateur de l’O.N.U spécialement édité pour Philippe d’Orléans, Régent de France, à qui l’œuvre fut dédiée par l’Auteur lors de la parution du Tome III en 1717 » (Lucien Scheler 13/02/1957).
« Ce célèbre livre constitue l’une des toutes premières tentatives d’organisation systématique de la société internationale » (H. Coutau Bégarie).
Provenance : Le Régent Philippe d’Orléans (1674-1723) ; Lucien Scheler (1957) ; Léo Giuliani.
Utrecht, 1713-1717.
3 volumes in-12, maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats, double fleur de lys aux angles de taille différente, armoiries frappées or au centre, dos à nerfs richement orné de 20 fleurs de lys et de deux soleils rayonnants, coupes finement décorées, roulette intérieure finement décorée, tranches dorées. Reliure en maroquin armorié de l’époque.
168 x 97 mm.
Saint-Pierre, Abbé de. (1658-1743). Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe. Utrecht, Schouten, 1713.
2 volumes.
Saint-Pierre, Abbé de. rojet pour rendre la paix perpétuelle entre les souverains chrétiens, pour maintenir toujours le commerce libre entre les nations, pour maintenir toujours le commerce libre entre les nations, pour affermir beaucoup davantage les maisons souveraines sur le trône, proposé autrefois par Henry le grand. Utrecht, Schouten, 1717.
« Exemplaire unique spécialement édité pour Philippe d’Orléans, Régent de France, à qui l’œuvre fut dédiée par l’auteur lors de la parution du Tome III en 1717 » (Lucien Scheler) (vendu au prix élevé mais justifié de 3 000 000 FF en février 1957).
Ce célèbre livre constitue l’une des toutes premières tentatives d'organisation systématique de la société internationale. Ému par les souffrances engendrées par la guerre de Succession d’Espagne, l'abbé de Saint-Pierre proposait aux États de renoncer à la force et de régler leurs litiges devant une - société européenne - disposant d'une Assemblée générale et de bureaux spécialisés (pour les problèmes juridiques, le commerce…). Avec un grand luxe de détails, et beaucoup d'optimisme, l’Abbé explique pourquoi les États ont plus d'intérêt à adopter son projet qu'à le rejeter, avec des arguments que reprendront par la suite les théoriciens libéraux, notamment la paix qui favorise le commerce et les discussions sur le fonctionnement d'un système à deux ou trois acteurs. Au-delà de son aspect utopiste qu'avait déjà dénoncé Rousseau (qui, en matière d'utopie, s'y entendait mieux que personne), l'abbé de Saint-Pierre a eu une vision qui anticipe sur plusieurs points les organisations internationales du XXème siècle et fait de multiples réflexions sur la société internationale qui en font un des grands fondateurs de la théorie des relations internationales. (Hervé Coutau-Bégarie. Paris, 1987).
« Cette œuvre capitale, publiée à très petit nombre d’exemplaires, est à peu près introuvable, même en édition courante.
Elle constitue, avec deux siècles d'avance sur l'Histoire, le premier essai d'organisation de la sécurité collective. Les idées développées par l'Auteur, reprises d'un projet dû à Henri IV et retrouvé dans les Mémoires de Sully, furent jugées à l'époque utopiques et subversive.
Elles paraissent maintenant, sur beaucoup de points, prophétiques. Elles valurent à l’auteur d’être chassé de l’Académie française et de gagner l’immortalité en la perdant.
Les calamités qui accompagnèrent et suivirent les guerres de religion au XVIè siècle avaient provoqué dans les esprits une aspiration générale vers une paix définitive, aspiration qui se concrétisa dans ce qui fut par la suite appelé le "Grand Projet" de Henri IV, rapporté par Sully dans les Oeconomies Royales, publiées en 1638 : un plan pour l'établissement d'une Confédération destinée à maintenir la paix au sein du monde chrétien.
En 1623 paraissait un livre intitulé "Le Nouveau Cynée", attribué à un écrivain dont on sait peu de choses, Emeric de La Croix, qui présentait également un plan destiné à assurer une paix perpétuelle entre les nations chrétiennes, lié à un projet de liberté totale de commerce entre les nations.
Assez vagues dans leurs conceptions, ces projets n'eurent aucun retentissement à l'époque où ils furent publiés.
Par contre, celui que publia Charles-Irénée Castel, abbé de Saint-Pierre eut dès sa parution une grande audience, qui se prolongea pendant le XVIIIè le XIXè et le début du XXè siècle.
L'abbé de Saint-Pierre, qui avait accompagné l'abbé de Polignac au Congrès d'Utrecht en 1712, avait été témoin des difficultés qu'éprouvait la conclusion de la paix. Il forma aussitôt le projet de la rendre perpétuelle, et dressa sur le champ les articles du traité qui devait amener ce résultat important. Ce projet fut publié en trois volumes, dont les deux premiers parurent en 1713, et le troisième en 1717.
Le bon abbé y démontrait que les traités de paix et d'alliance ne présentaient aucune garantie de durée, et que la paix qu'ils établissaient n'était en réalité qu'une trêve. Le seul moyen de rendre la paix permanente était de la garantir à l'aide d'institutions analogues à celles qui préservent au sein de chaque État la vie et la propriété des citoyens.
II proposait donc un plan en cinq articles, qui commentait et expliquait longuement, en indiquant les moyens pratiques de les réaliser : 1°) une alliance générale et perpétuelle entre tous les souverains, sur la base des derniers traités signés. 2°) une contribution de chaque allié à la sûreté et aux dépenses de cette grande alliance. 3°) Le renoncement à jamais pour tous à la voie des armes pour le règlement des différends, et l'engagement d'avoir toujours recours à la conciliation par la médiation des grands alliés, dans le lieu de l'Assemblée Générale. L'intervention immédiate de la totalité des Grands Alliés contre tout souverain qui refuserait d'exécuter les jugements et les règlements des Grands Alliés. 5°) Le règlement à la majorité des voix, de toutes les décisions nécessaires- et importantes pour procurer à la Grande Alliance plus de sécurité et de solidité.
Ce projet exposait en fait les bases morales et politiques des institutions qui, après les deux guerres mondiales, tentèrent la pacification du monde : la Société des Nations, et l'Organisation des Nations Unies, qui, toutes deux, se sont réclamées des idées de l’abbé de Saint-Pierre.
Le projet de l'abbé peut donc à juste droit être considéré comme 1'utopie la plus importante qu'ait produit l'ancien régime.
L’ouvrage parut en deux temps : deux volumes en 1713, c'est à dire à la fin du règne de Louis XIV, dont l'abbé de Saint-Pierre avait vivement critiqué la politique. Ces deux volumes ne sont précédés d'aucune dédicace.
Par contre le tome troisième, paru en 1717, au début de la régence de Philippe d'Orléans, à l'époque où ce dernier s'efforçait de faire oublier, par de sages mesures, les misères du règne précédent, est dédicacé au Régent.
Le présent, exemplaire est celui de dédicace, relié à l'époque en maroquin rouge, aux armes du Régent Philippe d'Orléans. C'est non seulement le plus précieux des exemplaires connus de ce texte fondamental, en raison de sa provenance, mais probablement aussi le plus beau. » Lucien Scheler.
Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre, connu sous le nom d'abbé de Saint-Pierre, né le 18 février 1658 au château de Saint-Pierre et mort le 29 avril 1743 à Paris, écrivain et académicien français, est un représentant du courant des Lumières politiques favorable à des réformes impulsées par l'autorité monarchique. Il est surtout connu pour avoir pensé un monde sans guerre.
Il fréquente le cercle de madame de La Fayette et celui de la marquise de Lambert, antichambre de l'Académie française et lieu de ralliement des Modernes, visite Nicole, qu'il tient en haute estime, et Malebranche. Grâce à Fontenelle, chef de file des Modernes, et à Madame de Lambert, il est élu en 1695 au 8e fauteuil, en remplacement de Bergeret, et n'ayant alors encore presque rien écrit. Dans la Querelle des Anciens et des Modernes, Fontenelle plaçait ainsi l'un de ses partisans.
Il continua d'être reçu dans les salons littéraires, chez mesdames de Tencin, Dupin, d'Avaray, de Coigny, de Matignon, Geoffrin, d'Aiguillon. Introduit par son disciple et ami, le marquis d'Argenson, il participe aux travaux du club de l'Entresol de l'abbé Alary fondé en 1724 et publie des mémoires sur des sujets variés pour tenter de persuader le pouvoir monarchique d'impulser des réformes en faveur du plus grand nombre. Après la cessation en 1731 des activités de l'Entresol, à la demande du ministre Fleury, Saint-Pierre rassemble et révise la plupart de ses écrits pour les publier en Hollande dans la série des Ouvrages de politique et de morale édité en seize volumes à Rotterdam chez Jan Daniel Beman entre 1733 et 1741. À la fin de sa vie il se lie avec Madame Dupin, dont il est le mentor, tout en continuant à promouvoir la paix, y compris auprès de Frédéric II de Prusse auprès de qui il se rend en 1740. Il meurt à Paris le 29 avril 1743.
Précieux et magnifique exemplaire de dédicace offert au Régent Philippe d'Orléans.
Philippe II d'Orléans, petit-fils de France, duc d'Orléans, de Valois, de Chartres, de Nemours et de Montpensier, fils de Philippe 1er, le frère de Louis XIV et d'Elisabeth-Charlotte de Bavière, princesse palatine, sa seconde femme, était le sixième enfant et le troisième fils de son père. Il naquit à Saint Cloud le 2 août 1674 et porta du vivant de son père le titre de duc de Chartres, puis celui de duc d'Orléans à partir de 1701 : fait chevalier des ordres le 2 juin 1686, il épousa à Versailles, le 18 février 1692, Françoise-Marie de Bourbon, dite Mademoiselle de Blois, fille naturelle et légitimée de Louis XIV et de Madame de Montespan. Dès 1691, il reçut divers commandements aux armées, se conduisit avec courage et habileté et fut créé chevalier de la Toison d'or le 7 août 1701. Rappelé à Paris en 1708 à la suite d'une intrigue contre Philippe V d'Espagne, Philippe d'Orléans se lança alors dans une vie de plaisirs qui lui valut une violente impopularité. A la mort de Louis XIV, en 1715, la régence qui lui appartenait par sa naissance lui fut déférée par un arrêt solennel du Parlement du 2 septembre 1715. Le Régent adopta une politique presque complètement opposée à celle du règne précédent, supprima les ministères qu'il remplaça par sept conseils et fit quelques réformes utiles ; il fit sacrer roi Louis XV le 22 octobre 1722 et cessa ses fonctions de régent à la majorité du roi le 16 février 1723. Louis XV le prit comme principal ministre le 11 août suivant, mais le duc d'Orléans mourut peu après à Versailles, le 2 décembre 1723, d’une attaque d'apoplexie, après avoir eu huit enfants légitimes, dont sept filles et plusieurs enfants naturels.
Provenance : Le Régent Philippe II d’Orléans ; Lucien Scheler ; Léo Giuliani.
