Almanach, ou Prognostication des Laboureurs, réduite selon le Kalendrier Grégorien
Le Calendrier des Laboureurs d’Estienne Tabourot (1549-1595) conservé dans son vélin de l’époque.
La plus rare des éditions originales de cet écrivain bourguignon.
Paris, 1588.
In-8 de 80 pp.
Vélin ivoire, dos lisse. Reliure de l’époque.
153 x 104 mm.
Tabourot, Estienne (1549-1595). Almanach, ou Prognostication des laboureurs, réduite selon le kalendrier Grégorien. Avec quelques observations particulières sur l’Année 1588 de si long temps menacée. Par Jean Vostet Breton (anagramme d’Estienne Tabourot). Voicy le plus certain de tous les Almanachs, Mais quoy qu’il soit ainsi (Lecteur) je ne veux pas L’asseurer bien certain, afin que l’on ne die que je suis un menteur, s’il contient menterie.
Paris, Jean Richer, 1588.
Édition originale la plus rare des œuvres diverses d'Etienne Tabourot, demeure inconnue aux bibliographes classiques, Tchemerzine, Deschamps ou Brunet.
Houzeau-Lancaster, 14908 ; Cioranesco, 20946 ; Yemeniz, Vente n°952.
“Only edition, helping farmers, housewives, pilgrims and the working class adjust to the still largely unfamiliar Gregorian calendar, Tabourot pairs the vernacular medieval doggerel for days of astrological, religious, meteorological and agricultural significance with his new verses, calibrated to the revised calendar. Rich in superstition and oral wisdom, it also offers tricks for turning Julian dates to Gregorian and a full set of predictions for the year 1588, including the expulsion of the Turks. The booklet has been variously attributed to Jean and to Estienne Tabourot. A good copy”.
« On sait quelle est la rareté d’un almanach publié au XVIe siècle. Celui-ci qui, pourrait bien être encore plus rare que les autres, figurait dans la bibliothèque de Falconet. Cet almanach avait été composé pour populariser le calendrier grégorien qui n’avait pas encore été généralement adopté en France, surtout parmi les laboureurs. Mais les personnes les plus éclairées se rangeaient à l’avis des protestants naturellement opposés à l’adoption d’un calendrier promulgué par un pape. On reprochait surtout à ce calendrier de n’avoir tenu aucun compte des anciennes observations astrologiques qui réglaient naguère non seulement toutes les opérations de l’agriculture mais encore tous les actes matériels de la vie ménagère. L’auteur a rassemblé dans son almanach qu’il qualifie « le plus certain de tous les almanachs » les vieilles rimes et les vieux dictons qui s’étaient perpétués par tradition dans les campagnes depuis plusieurs siècles ; il y a joint ses propres remarques météorologiques qui témoignent de ses connaissances dans les sciences naturelles. Il donne aussi des détails intéressants sur les rapports qu’on croyait exister entre les planètes et les régions ou villes principales. L’auteur était un homme lettré ; on ne saurait en douter quand on rencontre à la fin de son almanach la prétendue inscription cryptographique du tombeau de Constantin le Grand, avec l’interprétation de ces prétendues lettres grecques, qui renfermaient, doit-on, une belle prophétie que l’histoire s’est chargée d’accomplir un jour ou l’autre : il s’agit, bien entendu, de l’expulsion des Turcs hors de l’Europe » (P. L., Bulletin du bibliophile, Vol. 14, n°329).
Les Contes et les Escraignes de Tabourot ont été très goûtés. Les Escraignes sont, au sens propre des huttes de terre battue, que construisait le peuple des bourgs ou des faubourgs pour passer moins froidement les veillées de l’hiver ; on s’y égayait en racontant des histoires, généralement assez osées. Tabourot, qui ne redoute pas la grivoiserie et qui, déjà dans les Bigarrures, a montré son goût pour les plaisanteries salées, n’hésite pas à décrire dans les termes les plus crus les récits populaires auxquels se complaisait le menu peuple de son temps. Les Escraignes sont précieuses comme un témoignage sur l’esprit bourguignon à la fin du XVIe siècle. Maintenant encore, elles n’ont pas cessé de trouver des lecteurs. Rééditées avec les précédents ouvrages en 1866, à Bruxelles, par Mertins, elles ont été réimprimées à Dijon en 1921, chez Drantière Curieux, touche-à-tout, érudit et plaisant, Etienne Tabourot est le type achevé du Dijonnais au temps de la Ligue. On comprend sans peine la popularité relative dont il jouit encore aujourd’hui.
Dans le présent volume, les prédictions populaires sont en vers et elles ont été conservées très longtemps dans les almanachs de la Suisse.
« Tabourot, dans son Almanach ou Prognostiation des laboureurs… (1588) considère que, si la fin du monde n’advient pas en 1588, il y aura néanmoins des malheurs horribles. [… ] Il est vrai, a posteriori, que les années 1588 et 1589 furent très critiques pour le royaume de France, avec les assassinats des Guises, puis d’Henri III, les Ligueurs en profiteront » (M. Engammarre).
Bel exemplaire d'un livre rarissime conservé dans sa première reliure en vélin de l'époque.

