Les Six Livres de la République
La meilleure édition de La République de Bodin, ce monument intellectuel du XVIè siècle, conservée dans sa reliure parisienne du XVIIè siècle.
In folio de (6) ff, (16) ff., 779 mal chif 773 pp. (sans manque), Plein veau fauve, double filet or encadrant les plats, dos à nerfs orné, pièce de titre en maroquin rouge, tranches jaspées. Reliure parisienne du xviiè siècle.
319 x 203 mm.
Bodin, Jean (1529-1596). Les six livres de la République de J. Bodin Angevin. A Monseigneur du Favr, Seigneur de Pibrac, Conseiller du Roy en son Conseil privé, & Président en la Cour de Parlement à Paris. Reveuë, corrigée et augmentée de nouveau. Troisième édition.Paris, lacques du Puys, 1578. Avec Privilège du Roy.
Troisième édition originale de ce « monument de la Science politique au XVIème siècle », la meilleure selon Niceron, bibliographe de J. Bodin.
Tchemerzine I, 707 ; Adams, B2236 ; En français dans le texte, n° 68 ; Crahy, Isaac et Lenger, bibliographie critique des éditions anciennes de Jean Bodin, n° F3a ; Stanford University, Scholars, Texts, Tradition, 1984, n° 64 : « A foundation piece in modern political théory. »
« D’après Nicéron, cette édition est meilleure que la première parue en 1576 car elle contient les corrections provoquées par les violentes attaques de Cujas que Bodin avait lui-même attaqué dans la préface du Methodus ad facilem » (Tchemerzine).
Les deux grands livres de Bodin « Methodus ad facilem historiarum cognitionem » (1566) et « La République » (1576) forment les deux volets d’un même dessein.
Bodin cherche à penser l’ensemble de la variation des sociétés humaines dans le temps et l’espace, il y parvient de façon magistrale, organisant sur de grandes lignes d’intelligibilité les matériaux d’une immense érudition.Au centre de La République, il place la notion de « souveraineté » de chaque état avec, en corollaire, la nécessité e définir et maintenir un ordre en son sein, sans plus faire référence au pape ou aux prétentions du saint-empire. Le sujet ne peut légitimement résister au prince, mais « le prince souverain est tenu aux contrats par lui faits » (I, 8) et doit rester au-dessus des querelles et des partis (IV, 7) pour gouverner par la douceur et la modération, tel un père de famille dans sa maison (il dessine une sorte d’homologie entre la famille et l’état). Le prince maintient la religion, principal fondement des lois et de l’ordre, mais sans l’imposer par la force. Le recours à la force est dangereux, il faut savoir s’en abstenir par calcul d’intérêt (III, 7). Théoricien de l’absolutisme, mais défenseur de la tolérance, avide de paix, Bodin a voulu avec passion connaître et comprendre pour éclairer par l’intelligence, afin d’unir et de réconcilier.
Il a dominé son siècle par la force de sa pensée politique, l’ampleur de son projet, la fermeté de sa construction. En France, il faut attendre Montesquieu pour lui trouver un égal. Ses contemporains ne s’y étaient pas trompés, qui assurèrent le succès éclatant de La République, dès sa parution, dans toute l’Europe.
L’édition originale de 1576 en reliure ancienne, d’une grande rareté, cote environ 50 000 €.Celle-ci, « meilleure que la première » selon Niceron, est valorisée à la moitié par Morgand (Voir Tchémerzine).
Précieux exemplaire conservé dans sa reliure parisienne du xviiè siècle qui n’a connu que de minimes restaurations d’usage.

