Nouveau voyage dans les États-Unis de l'Amérique septentrionale

Brissot de Warville, Jacques Pierre
Paris, Buisson, Imprimeur et Libraire, 1791.
Prix : 5 000 €

Un français, abolitioniste, à l'aube de la Révolution française.

Édition originale de cet ouvrage important de Brissot.

Rare et précieux exemplaire enrichi d’un envoi de l’auteur à Edward Wigglesworth évoqué par Brissot dans cet ouvrage.

3 volumes in-8 de [1], lii, 395 pp. ; [1], 460 pp. ; [1], xxiii, 448 pp., une table dépliante, 19x11,5 cm.
Veau de l’époque, pièces de titre.

Brissot de Warville, Jacques Pierre. Nouveau voyage dans les États-Unis de l'Amérique septentrionale, fait en 1788.
Paris, Buisson, Imprimeur et Libraire, 1791.

Édition originale.

La première édition anglaise allait paraitre en 1792. Elle serait suivie de nombreuses traductions.
Clark, Travels in the Old South, vol. 2, 80 ; Sabin 8035.

Envoi sur la page de titre du premier volume : "D. Wigglesworth, professor [… ] / the author & his excellent Notes on populati[on] / Brissot." Signature à chaque volume "Thomas Wigglesworth / 1792." Signature d’ Edward Wigglesworth 1818 sur chaque volume.

Avant de mourir guillotiné pendant la Terreur, Jacques Pierre Brissot de Warville (1754-1793) avait milité pour l’abolition du commerce des noirs en créant la Société des Amis des Noirs en 1788.
Il se rendit aux États-Unis pour étudier les moyens de rendre leur liberté aux peuples opprimés.
Pendant son séjour de quatre mois dans la région de Boston, Harvard et Philadelphie, il rencontra George Washington et plusieurs autres personnalités nationales pour défendre l’abolition de l’esclavage.
Son travail dresse un portrait économique et politique très intéressant des États-Unis de la fin du XVIIIe siècle, tout en se concentrant sur la société quaker et, bien sûr, sur la situation des noirs. Il a longuement étudié la longévité des habitants, notamment en dressant un "Tableau comparant les probabilités de vie en Nouvelle-Angleterre et en Europe" (table dépliante dans le tome II).

Jacques Pierre Brissot de Warville (1754-1793), révolutionnaire et journaliste publie de nombreux livres et articles réformistes et passe quatre mois à la Bastille.
En 1788, il fait une tournée aux États-Unis pour la cause anti-esclavagiste et comme agent d’un plan d’investissement.
De retour à Paris, il contrôle pratiquement la politique étrangère française en tant que chef des girondins.
En Amérique, s’intéresse particulièrement aux quakers, dîne avec James Madison à Philadelphie et passe trois jours à Mount Vernon avec les Washington. Il passe une grande partie de son temps à Boston et à Harvard, il rencontre Edward Wigglesworth (1732-1794), le deuxième professeur de divinité de Hollis, petit-fils du poète Michael Wigglesworth (1631-1705) et fils d’Edward Wigglesworth, le premier professeur éminent de Hollis.

"Inspiré par le mouvement anti-esclavagiste anglais, Brissot fonde la Société des amis des Noirs en février 1788. Il part pour les États-Unis en mai, mais, lorsque les États généraux sont convoqués en France, il revient et lance un journal, Le Patriote français (mai 1789).

Brissot exprime clairement son but d’encourager le peuple français à suivre l’exemple américain :
« La publication de 'Voyages et voyages' apparaîtra sans doute, au premier coup d’œil, une opération bien étrangère aux circonstances où se trouve la France. Je me reprocherais moi-même le temps que j’ai consacré à le mettre en ordre si je ne le croyais pas utile et nécessaire au maintien de notre révolution. L’objet de ce voyage… a été d’observer des hommes qui venaient d’acquérir leur liberté. Un peuple libre ne peut plus être étranger aux Français. Nous avons maintenant, de même, acquis notre liberté. Il n’est plus nécessaire d’apprendre des Américains la manière de conquérir leur liberté : or, un peuple libre ne peut plus être étranger à des Français. Nous avons aussi conquis notre liberté. Il ne s’agit donc pas d’apprendre des Américains la manière de la conquérir ; mais il faut apprendre d’eux le secret de la conserver. Ce secret est surtout dans les mœurs ; les Américains l’ont, et je vois avec douleur non seulement que nous ne le possédons pas encore mais que nous ne sommes pas même très persuadés de leur nécessité absolue pour le maintien de la liberté" (Preface).

"Après la fuite de Louis XVI à Varennes, Brissot attaque l’inviolabilité du roi dans un long discours aux jacobins (10 juillet 1791) qui contient tous les éléments essentiels de sa future politique étrangère. Élu à l’Assemblée législative, il s’occupe immédiatement des affaires étrangères et se joint au comité diplomatique. Le 3 avril 1793, Robespierre l’accuse d’être l’ami du traître général Charles-François Dumouriez et d’être le principal responsable de la guerre. Brissot répond dénonçant les jacobins et appelant à la dissolution de la municipalité de Paris. Le 2 juin 1793, son arrestation fut décrétée avec celle de ses amis girondins. Il s’enfuit mais fut capturé à Moulins et emmené à Paris. Condamné par le tribunal révolutionnaire dans la soirée du 30 octobre, Brissot est guillotiné le lendemain" (Encyclopedia Britannica).

Brissot fait référence à Wigglesworth à la page 135 du volume I ; et dans son chapitre du volume II sur la longévité aux États-Unis, Brissot se réfère aux recherches publiées par Wigglesworth sur le sujet et utilise son tableau de longévité comparée.

Il est évident que Brissot exprimait ses remerciements à l’universitaire américain.
Edward Wigglesworth a transmis l’exemplaire à son fils Thomas (1775-1855), marchand des Indes orientales basé à Boston et Thomas l’a donné à son tour à son fils Edward (1804-1876), avocat, philanthrope marchand et cocompilateur de la 13e Encyclopaedia Americana (Philadelphie, 1828-1832).

Rare et précieux exemplaire de l’édition originale de cet important ouvrage de Brissot sur l’esclavage et la liberté pendant la Révolution française.