Les Deux Harangues des habitants de la paroisse de Sarcelles

Aix, Jean-Baptiste Girard, (Paris ?), 1731 et 1732.
Prix : 6 800 €

Charmante reliure mosaïquée du XVIIIè siècle provenant de l’Atelier des Petits Classiques.

Pour avoir publié ces « sarcelades », l'auteur fut enfermé à la Bastille sur dénonciation de son fils.

Paris, 1731-1732.

2 ouvrages en un volume in-12 de 172 pp. et 56 pp., 1 frontispice et 1 gravure.
Maroquin bleu nuit, plats ornés d’une large dentelle dorée à la roulette et à petits fers, au centre pièce allongée et lobée mosaïquée de maroquin rouge avec losange central mosaïqué de maroquin lavallière, le tout contourné d’un filet doré et décoré de motifs dorés à petits fers, dos à nerfs orné de losanges mosaïqués de maroquin rouge et lavallière ornés de motifs dorés à petits fers, pièce rouge, dentelle intérieure dorée, tranches dorées sur marbrures.
Reliure mosaïquée de l’époque issue de l’Atelier des Petits Classiques.

161 x 95 mm.

Les Deux Harangues des habitants de la paroisse de Sarcelles, à monseigneur l’archevêque de Paris, et Philotanus, revû & corrigé. – Troisième harangue des habitans de la paroisse de Sarcelles à monseigneur l’archevêque de Paris au sujet des miracles.
Aix, Jean-Baptiste Girard, (Paris ?), 1731 et 1732.

Virulents pamphlets contre les jésuites et la bulle Unigenitus condamnant le jansénisme.

Frontispice et figure gravés sur bois.

Ces trois harangues en vers des paroissiens de Sarcelles - dont l'ancien curé, Jean-Baptiste du Ruel, avait été démis à cause de son opposition à ladite constitution apostolique - rédigées dans un burlesque patois parisien, sont adressées à Charles-Gaspard-Guillaume de Vintimille du Luc, archevêque de Paris depuis 1729.
La troisième est plus spécialement relative aux prétendus miracles qui s'opéraient sur la tombe du diacre François de Paris. Le poème Philotanus, quant à lui, imprimé à la suite des deux premières harangues et qui a pour objet de montrer que la bulle Unigenitus est l'œuvre des jésuites, est aussi attribué à l'abbé Jean-Baptiste Willart de Grécourt.

Le janséniste Nicolas Jouin, commerçant dans la joaillerie puis banquier à Paris, est resté célèbre pour ses poèmes satiriques et surtout ses sarcellades.

« Sarcelles est un village à quatre lieues de Paris auprès d’Ecoüan. Lorsque Monseigneur de Vintimille vint prendre possession du Siege Archiepiscopal de Paris, cette paroisse étoit gouvernée par un Desservant & un Vicaire, qui y avoient été mis par feu Monseigneur le Cardinal de Noailles. Ces deux excèllens Ecclésiastiques y avoient fait & faisoient encore de grands fruits par leur instructions & par leur vie édifiante. M. L’Archevêque fit bientôt voir que de tels Ministres n’étoient pas de son goût : le refus qu’ils firent d’accepter la Constitution Unigenitus lui parut un motif suffisant pour les priver de l’exercice des fonctions du Saint-Ministère. a Il mit à leur place les deux rares personnages dont les Habitans font le portrait dans cette premiere harangue. Quelque surprenant que paroisse celui du Vicaire, il est dans le naturel. C’est dommage que M. de Vintimille n’ait pas trouvé des Desservans dans toutes les Paroisses ; il est plus que vraisemblable qu’il n’en auroit guères laissé en place. On en peut juger par le zèle qu’il a fait voir à l’égard de la Paroisse d’Aniere & de quelques autres ; mais sur-tout par l’interdit d’un nombre infini d’excellens Prédicateurs, de zélez Confesseurs & par l’exil de Messieurs les Curez de S. Etienne du Mont, de S. Médard, de S. Barthelemy & de la Villette, qu’il a traitez & fait traiter comme de simples Desservans, sans respecter le Droit Divin qui les lui avoit associez pour b ses Freres, a ses Coopérateurs, b ses Collégues, c son Conseil, d les Assesseurs de son Tribunal pour former avec eux e ce Presbytere si vénérable à nos Peres, f pour recevoir leurs avis & juger g avec eux les différens qui auroient quelque difficulté. »

Charmante reliure mosaïquée du XVIIIè siècle provenant de l'Atelier des Petits Classiques.

« Au cours du XVIIIe siècle et spécialement de 1715 à 1775, un petit nombre de relieurs, pour la plupart parisiens, exécutèrent pour certains amateurs des reliures d'un caractère très particulier, décorées en mosaïque d'application de cuirs de différentes couleurs.
La technique employée était connue depuis le XVIe siècle et demeurera utilisée. Elle est très exactement décrite par Dudin sous le nom de « reliure à compartimens » dans son Art du relieur doreur de livres publié en 1772, avec le patronage de l'Académie royale des sciences : « On commence par couvrir son livre en veau blanc ou en maroquin de couleur ou en tel autre fond qu'on veut ; il faut seulement que le cuir soit le mieux choisi et le plus exempt de tous défauts, trous et taches qu'on puisse se procurer. Quand le cuir est bien sec, on pose dessus un dessin tel qu'on le veut exécuter dont les différentes parties sont colorées ; on calque le dessin sur le veau et sur ce calque on colle des morceaux de maroquin teints en diverses couleurs et de toutes les teintes ; on pare ces peaux le plus mince qu'il est possible, de manière qu'on puisse voir le jour au travers ; on les taille en morceaux de la grandeur des parties du dessin qu'ils doivent représenter et on les colle avec de la colle de farine sur la peau, mettant très peu de colle pour ne point faire d'épaisseur ; quand ces morceaux sont collés, on met le livre en presse pendant un certain temps pour qu'ils s'unissent et ne fassent plus, pour ainsi dire, qu'un seul corps avec la peau qui fait le fond… Ensuite on dore tout ce qui est couvert de dessin, de même que tout le fond qui est semé de petits points… On recherche par dessus cet or le contour des fleurs, rinceaux, feuillages et autres parties du dessin, suivant exactement ces contours pour les circonscrire d'un filet d'or qui en termine l'extrémité. »

Les reliures « à compartimens » étaient d'une technique extrêmement minutieuse et d'un prix de revient très élevé, ce qui explique pourquoi les exemples qui nous en ont été conservés sont très peu nombreux. (Michon).