L'Euphème des François
« L’Euphème et l’Homonée » soit l’honneur et la Concorde.
Exemplaire de dédicace au roi Louis XIII de cette originale de 1615 traitant notamment de l’état de l’Edit de Nantes au début du règne de Louis XIII.
Bourdeaus, 1615.
In-4 de (12) ff., 407 pp. et (12) ff.
Maroquin brun, double encadrement de double filet doré et armoiries frappées or sur les plats, dos lisse orné de triple filet doré, coupes décorées, tranches dorées.
Reliure de l’époque épidermée et restaurée.
239 x 175 mm.
Loyac, Jean de. L’Euphème des François et leur Homonée en l’observation de l’Edict du premier d’Octobre 1614, faict par le Tres-Crestien Roy de France, & de Navarre Louis XIII du nom. Œuvre auquel est traicté du debvoir des trois ordres des subjects de sa Majesté representans les Estats generaux de son Royaume : pour y maintenir, & perpetuer la concorde, avec la réputation de la gloire du nom François.
Bourdeaus, S. Millanges, 1615.
Edition originale de toute rareté traitant notamment de l’état de l’Édit de Nantes au début du règne de Louis XIII.
L’auteur était conseiller du roi au parlement de Bordeaux.
Exemplaire de dédicace au roi Louis XIII.
L’Édit de Nantes est l’acte par lequel Henri IV étendit et confirma, le 13 avril 1598 les droits et sûretés consentis aux huguenots par les édits ou des traités antérieurs.
Né à Tulle vers 1560 Jean de Loyac fut nommé conseiller au Parlement de Bordeaux en 1606 en remerciement des services qu'il avait rendu à la ville. L'ouvrage se divise en trois parties correspondant aux trois Ordres qui venaient d'être convoqués aux États-généraux. Dans la première partie, l’auteur se montre favorable aux Jésuites qu'il lave de l'accusation du meurtre de Henri IV. La seconde partie traite particulièrement du duel et de la carrière militaire tandis que la troisième embrasse les thèmes de la fiscalité, de la justice, de la culture des belles lettres.
« La Réforme, dit Henri Martin, se propageait surtout par les lettrés, non pas que tous les littérateurs inclinassent aux dogmes de Luther ou de Zwingle, mais tous aspiraient aux réformes, au libre examen, au libre essor de l’esprit et de la science ».
D’un autre côté, la noblesse sentait parfaitement qu’une doctrine basée sur le libre examen recélait un levain égalitaire qui ne tarderait pas à faire explosion, et qui, tôt ou tard, aurait pour conséquence inévitable l’amoindrissement, sinon la perte absolue, des privilèges seigneuriaux et la déchéance morale du blason.
Bien que l’édit de Nantes accordât à la Réforme beaucoup plus qu’aucun édit antérieur, et que sa loyale exécution fût plus assurée sous le règne de Henri IV que sous aucun autre règne, il est cependant aisé de comprendre, à la simple lecture de ce document, que le dernier mot de la lutte n’était pas dit et que la querelle devait naître des termes mêmes de cette espèce de transaction. Premièrement, l’édit en question était restrictif en ce qui concernait la pratique du culte ; secondement, il était oppressif et illogique en ce que les réformes étaient astreints à chômer les jours de fête catholique, à se soumettre aux lois matrimoniales de l’Église et à payer la dîme au clergé. Il était évident que, leur sûreté conquise, les huguenots feraient tous leurs efforts pour se soustraire à des conditions qui les rendaient moralement et pécuniairement tributaires de l’Église. Il n’était pas moins évident, d’un autre côté, que cet édit devait être l’objet des attaques incessantes de l’élément clérical, dont les intérêts ne pouvaient en aucune façon transiger avec les intérêts protestants. Ce fut donc, à partir de ce jour, une lutte d’influence qui s’établit de la part des huguenots dans les régions du pouvoir et de la part des prêtres dans les masses. Henri IV fut assailli par les réclamations continues de ses anciens coreligionnaires ; le peuple entendit la chaire retentir des plaintes du clergé, et les excitations du confessionnal amenèrent plus d’une fois des scènes de violence.
Les réformés prirent motif de ces excès pour démontrer à Henri IV la nécessité d’augmenter leurs garanties en présence de la haine générale, et le roi finit par leur accorder des places de sûreté. Mais ce que les huguenots ne purent faire modifier, ce furent les clauses relatives au mariage et à la dîme ; de telle sorte qu’à la mort de Henri IV, les mêmes causes de querelle existaient, avec cette différence que la Réforme était alors à l’abri de toute surprise et en mesure de repousser la force par la force.
Si les réformés se fussent tenus sur la défensive, il est probable que le règne de Louis XIII se fût écoulé sans secousse pour eux. Mais, après l’assassinat de Henri IV, le parti protestant, voyant l’autorité passer en des mains qu’il pouvait à bon droit considérer comme suspectes, se trouva de nouveau sous le coup de vives appréhensions. Il réclama d’abord la confirmation des droits qui lui avaient été concédés. Une fois satisfait en ce point et confiant dans sa position, il voulut davantage. Il résolut de s’affranchir de toute contrainte et d’assurer son indépendance. Les paroles de Duplessis‑Mornay, un de ses chefs les plus considérés, qui s’écria : « Le roi est mineur, soyons majeurs ! » prouvent surabondamment quelles étaient les tendances et les vœux du parti. Sous l’impression de ces sentiments, la Réforme s’allia aux catholiques mécontents et s’insurgea contre le pouvoir royal.
Dès 1615, les réformés prirent les armes et ce volume était achevé d’imprimer le 15 juin 1615.
Loyac aimait les mots forgés du grec « L’Euphème et l’Homonée », c’est plus simplement « l’Honneur et la Concorde » des Français établis, suivant l’auteur, par l’exécution régulière de l’édit du 1er octobre 1614.
Au début du règne de Louis XIII, la prose française est déjà claire et correcte, nombreuse, coulante, ce n’est pas le cas de Jean de Loyac, dont la langue provinciale et arriérée manque de grâce et de clarté. Il brille davantage par le fond, et surtout par la rectitude du jugement et la modération des opinions, ce qui n’est pas un mérite banal dans son temps et dans son milieu. Ainsi, dans ce livre, il parle de l’édit de Nantes et de la tolérance, du duel et du point d’honneur, de la vénalité des offices, de la mauvaise perception de l’impôt, du droit des peuples, des devoirs des rois avec indépendance et avec sagesse. Il n’est pourtant pas affranchi des anciens préjugés, il croit à l’astrologie, à la sorcellerie, à l’influence mystérieuse de certains nombres…





