Manuscrit royal

Versailles, 1764.
Prix : 23 000 €

Le manuscrit royal calligraphié, décoré et aquarellé présentant « Les gouvernemens militaires du Royaume de France » au duc de Berry, futur roi Louis XVI.

Il est revêtu de l’une des plus belles reliures armoriées de Louis Douceur, dépassant en faste celle de Raphaël Esmérian atteignant l’enchère considérable de 68 000 FF (10 300 €) il y a 53 ans.

In-folio. Maroquin rouge, large bordure à cartouches fleurdelisés, armoiries du duc de Berry (OHR 2538) au centre, dos orné de fleur de lys et multiples petits fers, doublures et gardes de soie bleue. Riche reliure armoriée de l’époque attribuée à Douceur par Esmérian.

355 x 233 mm.

Manuscrit royal calligraphié et peint pour le Duc de Berry, futur Louis XVI.

Gouvernemens militaires du Royaume de France. Avec les noms de Mrs les Gouverneurs et Lieutenans généraux dans les provinces, ceux des Gouverneurs particuliers dans les Places et leurs Apointemens et Emolumens.

Riche et magnifique manuscrit royal calligraphié, décoré et aquarellé à l’époque à l’intention du Duc de Berry, futur Louis XVI avec ses armes présentant l’état des « Gouvernemens militaires du Royaume de France ».

Louis-Auguste de France, le futur Louis XVI, reçut le titre de duc de Berry qu’il porta jusqu’au 20 décembre 1765, date à laquelle il succéda à son père comme dauphin.
Louis-Auguste de France, petit fils de Louis XV et troisième fils de Louis, dauphin et de Marie-Josèphe de Saxe, né à Versailles, reçut d’abord le titre de duc de Berry ; devenu dauphin à la mort de son père, le 20 décembre 1765, il épousa le 16 mai 1770, à Versailles, Marie-Antoinette-Josèphe-Jeanne de Lorraine, archiduchesse d’Autriche, fille de l’impératrice Marie-Thérèse. 

Il monta sur le trône sous le nom de Louis XVI le 10 mai 1774 et fut sacré à Reims le 10 juin 1775. Pendant son règne, la France regagna une partie de ses colonies de l'Inde et des Antilles, à la suite de la guerre de l'indépendance américaine ; le roi, profondément bon et vertueux, mais sans énergie, se laissa peu à peu dominer par la reine ; il accepta le renvoi de ministres habiles et économes et le déficit dans les finances fut la cause immédiate de la révolution.

Après avoir d’abord résisté aux mesures prises par les États Généraux et l'Assemblée Constituante, puis après avoir fini par y souscrire, Louis XVI dut abandonner Versailles pour les Tuileries le 6 octobre 1789. La Constitution de 1791 ne lui laissa plus que le pouvoir exécutif avec le droit de veto. Ne se sentant plus en sûreté en France, le roi essaya de rejoindre l'armée des émigrés,
mais il fut arrêté à Varennes (20 juin 1791), ramené à Paris et gardé captif. Proclamé roi constitutionnel le 14 septembre de la même année, il paralysa ses partisans par son attitude incertaine ; à la suite de la journée du 10 août 1792 la royauté fut renversée et Louis XVI se vit emprisonné au Temple avec sa famille ; enfin la Convention réunie le 2l septembre 1792 le mit en jugement,
le condamna à mort comme coupable de conspiration et de haute trahison et le fit exécuter le 2l janvier 1793, sur la place de la Révolution.

Illustration : Titre calligraphié dans une bordure dominotée de fleurs de lis, ornée en pied de deux oiseaux, rehaussée à l'aquarelle verte sur fond criblé de rouge, et 47 feuillets manuscrits, dont 18 dépliants, ornés d'encadrements de filets peints en vert, composés de bois décoratifs rehaussés de la même aquarelle verte.

La reliure est décorée de grands fers juxtaposés ou enchevêtrés, rappelant le matériel utilisé par Padeloup pour les grandes commandes officielles. On peut la dater de la décennie 1760, parfaitement contemporaine du manuscrit.

Décédé à cette date depuis plusieurs années (1758), Padeloup avait laissé un atelier peu prospère à son épouse qui en conserva, après succession, une partie des outils ainsi que les ouvriers, et qui prolongea l'activité de l'atelier jusqu'en 1777 au moins. Il serait difficile de certifier qui de la veuve d'Antoine-Michel Padeloup ou de Dubuisson (son successeur au titre de relieur du Roi), tous deux graveurs de plaques rocaille et artisans choisis de la classe dirigeante, a exécuté la reliure de ce manuscrit. Louis Douceur aussi était équipé pour décorer ses reliures avec de telles grandes plaques ; Esmerian (ll,117) lui attribua deux reliures avec des plaques très semblables, également exécutées dans les années 1760. 

Reliure tout à fait exceptionnelle, très proche de celle in-4 de Raphaël Esmérian (deuxième partie, 8 décembre 1972, n° 117) mais beaucoup plus belle car ici de format in-folio.

Celle de Raphaël Esmérian recouvrait un livre imprimé : « La description de la Gaule Belgique », et non un manuscrit royal décoré. Elle fut cependant adjugé 68 000 FF (10 300 €) il y a 53 ans, enchère considérable pour l’époque, la majorité des 168 livres d’exception de cette collection ayant été alors adjugée moins de 1000 € pièce.