Relation de ce qui s'est passé à Namur
Unique édition originale de Jean Racine (1639-1699) reliée en maroquin rouge de l’époque aux armes du roi Louis XIV répertoriée sur le marché depuis un demi-siècle.
« L’intrigue tragique et psychologique » de Jean Racine somptueusement reliée en 1692 pour le roi Louis XIV, maintes fois réimprimée, notamment en 1996 puis 2001.
In-folio de (1) f., 44 pp. et 3 plans coloriés à l’époque.
Maroquin rouge, décor à la Du Seuil avec fleurs de lis aux angles, armoiries frappées or au centre, dos orné fleurdelysé, coupes décorées, doublures et gardes de papier polychrome, tranches dorées sur marbrures. Reliure de l'époque.
357 x 237 mm.
Racine, Jean. (1639-1699). Relation de ce qui s’est passé au siège de Namur. Avec les plans des attaques, de la disposition des lignes, et des mouvemens des armées.
Paris, Denys Thierry, 1692.
Edition originale fort rare de cette « intrigue tragique » de Jean Racine, historiographe du roi Louis XIV depuis 1677.
Elle manque à Jean Bonna qui possède « L’Abrégé de l’histoire de Port Royal », originale posthume plus commune et sans provenance royale.
Qui dit Racine, pense aux grands classiques imposés le temps d'un semestre sur les bancs de l'école. Toutefois, Racine, c'est aussi l'historiographe de Louis XIV dont la carrière a débuté dès 1677. Présent auprès du roi lors de ses grands faits d'armes, Racine se devait de les relater officiellement. Et c'est ce qu'il a fait lors de la bataille opposant le roi Soleil à la ligue d'Augsbourg en nous livrant le récit de cette remarquable intrigue tragique.
« La place de Namur a été choisie, selon Racine, pour son importance dans les Pays-Bas espagnols, et Louis XIV lui-même justifie très clairement ce choix :
Cette ville [...] doit être encore regardée comme le boulevard du reste des Pays-Bas espagnols.
Selon Racine, 120 000 hommes piétinent dans l'attente du combat, l'impatience redoublant avec le secret qui entoure un objectif pourtant proche. De leur côté, les dames reçoivent la visite du roi et assistent aux revues militaires et concerts de timbales, trompettes et tambours « en très grand nombre avec un bruit effroyable ». Racine est sur place, prêt à nourrir la capitale de lettres détaillées qui peuvent s'apparenter à des communiqués de presse.
Selon le récit de Racine, le roi a décidé seul du tracé des lignes sur cinq lieues, du choix des différents camps et du fractionnement des attaques : « Le roi pour ne point accabler ses troupes de trop de travail, n'attaqua d'abord que la ville seule » Mais l’ennemi se dérobe et le courage français ne rencontre que ses atermoiements, que Racine se complaît à décrire (la moitié de sa relation leur est consacrée).
À la lecture du texte de Racine et à celle des gazettes, le roi est le seul véritable héros de cette victoire.
La prise de Namur, qui s'est déroulée en trois temps sans engagement des armées ennemies, révèle les qualités du souverain. Dans ses lettres, Racine peut faire preuve de plus d'autonomie et manifester de l'admiration pour ceux que le roi éclipse. Il rend hommage à deux hommes, pour des raisons d'ailleurs fort différentes et même opposées. De Vauban, il loue la prudence et le savoir qui épargnent la vie des soldats et assurent la victoire, et de Louis, duc de Bourbon (1668-1710), petit-fils du grand Condé, lieutenant-général de jour au cours de l'attaque du château, il met en exergue la témérité.
Chez Racine, la description des affrontements est remplacée par celle des doutes, signes du combat intérieur qu'aurait vécu Guillaume III. L'action n'est plus factuelle mais psychologique. Privé de scènes de combat, le lecteur doit suivre les chemins tortueux du raisonnement d'un chef de guerre qui voudrait combattre mais en est dissuadé par la force de son adversaire. Racine transforme en intrigue tragique la stratégie de la guerre de sièges. Et sa Relation exalte la volonté de combattre des Français, seul témoignage de cette ardeur guerrière qui serait leur apanage.
La relation de Racine, comme les peintures de guerre consacrées à la prise de Namur signées Jean-Baptiste Martin, Sébastien Le Clerc ou même la gravure à l'eau-forte de Nicolas Langlois, fait converger les regards vers un acteur unique : le roi Louis XIV.
Les textes de Jean Racine reliés en maroquin aux armes du roi Louis XIV sont rarissimes et très recherchés.
Un seul autre exemplaire répertorié en un demi-siècle en cette condition : Jacques Guérin possédait « Esther » en maroquin aux armes de Louis XIV, mais il s’agissait d’une réédition ; l’exemplaire fut cependant adjugé 60 000 € il y a 31 ans, enchère alors remarquable (Ref. Livres exceptionnels – Paris, 29 novembre 1988, n°34).
Ce même Jacques Guérin possédait un second exemplaire de Jean Racine en maroquin armorié. Une édition des œuvres en deux volumes, mais du XVIIIè siècle, reliée en maroquin doublé aux armes de Madame de Chamillart, adjugée au prix considérable de 76 000 € il y a 35 ans (Ref. Très beaux livres anciens - Paris, 29 mars 1984, n°81).
Cet exemplaire est aujourd’hui dans la collection Jean Bonna.
Superbe, remarquable et unique exemplaire de présent en édition originale, relié aux armes du roi Louis XIV, répertorié sur le marché depuis un demi-siècle.
Imprimé sur grand papier de Hollande, à marges immenses, avec les 3 plans en coloris de l’époque, le volume est conservé dans sa reliure royale de l’époque fleurdelysée aux grandes armes du roi Louis XIV.



