[Régence de Marie de Médicis et États Généraux de 1614] Discours de Maître Guillaume

Prix : 11 500 €

Éditions originales rarissimes des satires suscitées en 1614 par la régence de Marie de Médicis et la tenue des États Généraux de 1614.

Superbe exemplaire relié en maroquin vert de Derôme le Jeune provenant des bibliothèques P. Descq et Comte de Lignerolles.

Régence de Marie de Médicis et Etats Généraux de 1614.

Discours de M. Guillaume et de Jacques Bonhomme, paysant, sur la défaicte de 35 poulles & le coq faicte en un souper par 3 soldats. S.I., s.n., 1614 ; [1] feuillet, 6 pages.
Le réveil de Maistre Guillaume aux bruits de ce temps. S.l., s.n., 1614 ; 32 pages mal chiffrées 33.
La Mètempsicose ou Seconde vie de Maistre Guillaume. S.l., n.d, (vers 1614) ; pages 3-48.
La nouvelle lune de Maîstre Guillaume. Sur l'heureux retour de Messeigneurs les princes. S.l., s.n, 1614 ; 14 pages, 1 feuillet blanc.
Lettre de Guillot le songeux, intendant de Vaugirar. S.l., n.d, (vers 1614) ; 8 pages.
Le cabinet de v[ulcan]. S.l., n.d, (vers 1614)  ; 7 pages.
La harangue d'Alexandre le forgeron, prononcée au Conclave des Réformateurs. S.l., s.n., 1614 ; 16 pages.
Le bon françois. S.l., s.n., 1614  ; 24 pages.
Le vieux gaulois à Messieurs les Princes. Paris, Jean le Bègue, 1614 ; 23 pages.
Le Franc Taupin. [Les abuseurs ingrats au Dieu de la nature. Et à mon Roy Henry, & sa geniture, se façonnent des-ja un réformé lupin : Mais si le Roy Louys leur addresse la guerre. Je veux perdre mon nom de brave Franc Taupin S'il ne les mande tous au centre de la terre.], Paris Pierre Buray, 1614 ; 8 pages.

Ensemble dix pièces réunies en un volume in-12. Plein maroquin vert, trois filets dorés en encadrement sur les plats, dos lissé orné de motifs dorés, dentelle intérieure, tranches dorées, petite restauration marginale à 1 f. Reliure du XVIIIème siècle de Derôme le Jeune.

162 x 99 mm.

Éditions originales poignantes et rarissimes des satires suscitées par le départ puis le retour des Princes opposés à la régence de Marie de Médicis.

La réunion des états généraux à Paris le 27 octobre 1614, témoigne de l'extrême affaiblissement de la monarchie française sous la régence de Marie de Médicis, veuve du roi Henri IV.

Après l'assassinat d'Henri IV, le 14 mai 1610, c'est sa veuve, Marie de Médicis, qui obtient d'assurer la régence, grâce à l'appui du duc d'Epernon. Avec celle qu'Henriette d'Entragues qualifiait de "grosse banquière florentine", le royaume "allait tomber en d'étranges mains" selon le mot de Sully.

Après avoir découragé Sully de rester au gouvernement et écarté Epernon, la régente confie en effet les rênes du pouvoir à sa sœur de lait, une Florentine qu'elle a amené avec elle en France, Leonora Dori, la Galigaï, et à son mari, Concino Concini, qui sera fait marquis d'Ancre et même maréchal et amiral sans avoir jamais combattu ni commandé de navire.

Ce clan pille sans vergogne le Trésor et Marie de Médicis peut s'adonner sans limites à sa passion des bijoux et de l'astrologie. Mécène, elle commande aussi une série de tableaux à Rubens et se fait construire le palais du Luxembourg en 1624 par Solomon de Brosse, pour rivaliser avec le palais Pitti de florence.

Sans surprise, les grands seigneurs du royaume vouent à Concini une haine incoercible. Le peuple parisien ajoute son grain de sel, témoin cette chansonnette qui court les rues :

Si la Reine allait avoir
Un poupon dans le ventre
Il serait bien noir
Car il serait d'Ancre

Le prince de Condé et le duc de Nevers prennent la tête des mécontents. Critiquant le projet de marier le jeune roi Louis XIII (13 ans) avec une infante d'Espagne, ce qui signifierait la victoire du clan rival des Guise, ils se retirent dans des places fortes frontalières et lèvent des troupes. Le Conseil de régence se prépare à l'affrontement armé avant de conclure un accommodement sous la promesse de réunir les états généraux.

L'assemblée de 1614 comprend 140 députés du clergé, y compris le futur cardinal de Richelieu, 132 représentants de l'aristocratie, parmi lesquels les partisans des princes sont en minorité, et 192 députés du tiers état (ni ecclésiastiques, ni nobles). Ces derniers sont pour la plupart des bourgeois prospères, officiers de justice ou parlementaires.

Les princes comptent bien manipuler les députés des Etats pour obtenir provinces et bénéfices. A leur grand dépit, les Etats généraux sont réduits à l'impuissance par les rivalités entre le clergé, la noblesse et le tiers état. Le gouvernement renvoie les députés sur des vagues promesses de réformes fiscales et surtout sans avoir permis aux princes d'imposer leurs volontés. Le principal résultat de cette réunion, c'est que la régente remarque l'intervention d'un jeune ecclésiastique, l'évêque de Luçon Armand du Plessis de richelieu, lors de la séance de clôture du 23 février 1615. Elle va se l'attacher pour le plus grand bien de la monarchie.

Les états généraux, discrédités, ne seront plus réunis avant 1789. Entre-temps, par une patiente remise en ordre des affaires, Richelieu aura permis à la monarchie de prendre le dessus sur l'aristocratie et ouvert la voie au règne prestigieux de Louis XIV. Notons qu'en Angleterre à la même époque, l'opposition entre le roi et les privilégiés va déboucher sur la victoire des seconds et sur une démocratie embryonnaire.

Comme la crise de régime perdure, le duc de Luynes persuade le jeune Louis XIII d'en finir. Prenant son courage à deux mains, le roi fait assassiner Concini le 2 avril 1617 dan sla cour du Louvre puis brûler sa femme pour sorcellerie.

En février 1619, dans un sursaut, la reine-mère rejoint la révolte du duc d'Epernon ; Après la Journée des dupes (1630), qui lui vaut être définitivement chassée des affaires par son fils Louis XIII, elle s'enfuit chez sa fille Henriette, à Londres, puis à Cologne, où elle meurt le 3 juillet 1642, peu avant Richelieu et son fils.

Très bel exemplaire relié en maroquin vert du XVIIIème siècle par Derôme le Jeune provenant des bibliothèques P. Descq et Comte de Lignerolles (Cat. III, 1894, n°2881).