Les Infortunes d'un détenu...

Rosny, Antoine-Joseph-Nicolas de
[S. l.], 1798
Prix : 9 500 €

Superbe manuscrit autographe de présent avec envoi à sa cousine Duval du premier roman anti‑Robespierriste à succès de Joseph-Nicolas de Rosny (1771-1814) qui le rendit célèbre et lui permit une carrière littéraire riche de plus de quatre vingt œuvres.

2 parties en 1 volume in-12 de (4) ff. bl., pp. 3 à 165, (1) f. bl.; (1) f. blanc, (2) ff., pp. [7] à 169, (2) ff. bl.; très belle écriture cursive à l'encre noire, 17 lignes environ.

Sur la page de titre envoi autographe: « De la part de l’auteur à sa cousine Duval. J. de Rosny ».

Maroquin rouge à grain long, filet doré encadrant les plats, dos lisse orné de filets et de fleurons quadrilobés, filet courbe en pied, grecque et guirlandes intérieures, doublures et gardes de tabis bleu, filet or sur les coupes, tranches dorées.

136 x 82 mm.

Rosny, Antoine-Joseph-Nicolas de. Les infortunes d’un détenu pendant le régime Decemviral, contenant ses Persécutions, sa fuite sous Robespierre, son naufrage et son séjour dans une île déserte, suivis de son retour en France. Manuscrit autographe.S. l. [calligraphié par l’auteur], 1798.

Précieux manuscrit autographe de présent avec envoi à sa cousine Duval du premier roman anti‑Robespierriste à succès de Joseph-Nicolas de Rosny (1771-1814) qui le rendit célèbre et lui permit une carrière littéraire riche de plus de quatre vingt œuvres.

En 1797, Rosny publia Les Infortunes d’un détenu de la Galetière, roman dans lequel il traça non sans une certaine énergie, le tableau des horreurs auxquelles la France avait été livrée sous le règne de la convention et qui dut une sorte de succès à l’intérêt du sujet.

« La période de la Terreur voit l’émergence d’un nombre important d’auteurs nouveaux et occasionnels qui investissent les genres mis à l’honneur à l’époque comme la chanson ou le théâtre. Parmi ceux qui cherchent à profiter des commandes publiques et à se forger un statut d’écrivain « officiel », les militaires occupent une place de choix. Adjoint aux adjudants généraux de l’armée de l’Ouest, Rosny est réformé pour des problèmes de santé en 1795. Véritable tournant dans sa trajectoire, il entre alors dans l’administration militaire puis civile : sous-chef de la commission des armées de terre en l’an IV (1796), puis commis d’ordre général auprès du ministre de la Police générale Cochon, il devient, en l’an V (1797), sous-chef du Bureau de l’esprit public au même ministère. C’est sans doute à cette époque qu’il épouse la fille de Gabriel-Antoine-Joseph Hécart (1755-1838), libraire à Paris. Entre administration et librairie, Rosny cherche alors à renforcer sa position dans le monde des Lettres : à partir de 1797, il multiplie les productions investissant en véritable polygraphe les genres les plus différents.

Or, les activités de Rosny ne sauraient être distinguées, bien au contraire.

Si la production littéraire du Directoire reste encore largement méconnue, cette période se caractérise par un essor important des publications pédagogiques qui, sous des formes et des genres différents, participent à la vaste entreprise de « républicanisation des esprits ». Sous-chef du Bureau de l’esprit public, Rosny profite indéniablement du contexte politique lié à la contre-offensive républicaine pour participer ainsi à cette entreprise, confirmant ainsi les études menées sur François de Neufchâteau ou sur les différents employés du ministère de l’Intérieur qui révèlent la forte perméabilité existant entre le monde de l’administration et celui des Lettres pendant le Directoire.

Dans des mémoires fictifs publiés en 1797, les Infortunes de Mr de La Galetierre présentés comme un « monument de honte de barbarie », il multiplie les attaques virulentes contre le personnel de l’an II et réduit la politique menée par le gouvernement révolutionnaire à la violence et la barbarie : « En retraçant au public une partie des horreurs commises sous le règne de la terreur, ce serait tout à la fois l’intéresser et le mettre en garde contre un nouveau système de sang et d’anarchie ». Rosny, sans ignorer la mode, justifie sa pratique d’écrivain comme relevant d’une mission au service de la République » (Jean-Luc Chappey, Les Tribulations de Joseph Rosny, Juin 2009).