De Conjuratione Catilinae
Ce type de reliure aldine somptueusement ornée aux armes du roi François 1er (1515-1547) réalisée par Etienne Roffet vers l’année 1540 est infiniment rare.
Petit in-8 de (8) ff., 279 pp., (1) p.
Veau blond, sur les plats un filet gras entre deux filets maigres à froid encadrent un rectangle entièrement doré à petits fers variés en forme de cœur en haut et en bas du rectangle et réunis par de fins filets dorés sinueux en forme d'accolades, au centre armes royales et salamandre dorées avec autour 4 fleurs de lys et deux F couronnés, dos à 5 doubles nerfs et 2 nerfs en tête et en queue, fleurs de lys dorées, F à froid, petits fleurons dorés et à froid entre les nerfs avec un titre doré ultérieurement, doublé de vélin à l'intérieur, emboîtage de maroquin noir. Reliure de l'époque d’Etienne Roffet.
164 x 100 mm.
Salluste. De Conjuratione Catilinae. Ejusdem de Bello Jugurthino, ejusdem Oratio contra M.T. Ciceronem. M.T. Cjceronis oratio contra C. Crispù Sallustium. Ejusdem orationes quatuor cotra Lucium Catilinà, Porcii Latronis declamatio contra Lucium Catilinà. Orationes quaedam ex libris historiarum C. Crispi Sallustii.
(In fine) : Venetiis in Aedibus Aldi, et Andreae Assulani soceri, mense Aprili, 1509.
Première édition Aldine.
Reliure aux armes et au chiffre couronné de François 1er (1515-1547).
Les armoiries sont accompagnées d'une salamandre dans les flammes et de fleurs de lys. Cette reliure en veau a été exécutée par Roffet avant l'usage du maroquin pour les livres de la biblio¬thèque du Roi, autour de 1540.
Des bibliothèques R. Heber (1835, VII, n° 3147), Lord Gosford (1882, n° 383), Lebeuf de Montgermont (1914, VII, n° 187), Rahir (1930, I, n° 223, ill.), Cortlandt Bishop (1848, n° 247, ill.).
A figuré à l'Exposition de Reliures, Baltimore, 1957, n° 249, reproduction pl. L. » (R. Esmérian).
Cette conjuration de Catilina ne fut qu'un des épisodes d'un vaste mouvement révolutionnaire contre la noblesse, dont les chefs étaient Jules César et Licinius Crassus… Le but secret visé par Salluste, qui avait été un des protégés de Jules César, était de défendre la mémoire de son protecteur en rejetant toute la faute sur Catilina.
Salluste, historien pragmatique, met en relief l'enchaînement des faits. Ils dépendent de la volonté des hommes supérieurs qui savent entraîner les masses c'est ainsi que, de tous les personnages ayant fait partie de ce mouvement, Salluste ne place au premier plan que les grands chefs. Il en a peint le caractère avec des traits précis, en des tableaux restés célèbres par la profondeur de l'enquête psychologique et par la vérité artistique : Catilina, Sempronia, immorale et raffinée, César, Caton.
Alde Manuce fonda son imprimerie à Venise en 1490, devint célèbre par ses éditions princeps des chefs-d'œuvre grecs et latins et créa l’Académie aldine, composée de savants qui surveillèrent l'impression des nombreux ouvrages sortis de ses presses. En 1500, Alde Manuce épousa la fille d'un imprimeur, André Turisan d'Asola. Six ans plus tard, il eut beaucoup à souffrir de la guerre, vit ses propriétés mises au pillage et fut même emprisonné. Rendu à la liberté, il reprit le cours de ses travaux mais le manque d'argent le força bientôt à fermer ses ateliers. Toutefois, vers 1512, Alde Manuce forma avec son beau-père une société dont il devint le chef et qui lui permit de reprendre ses travaux typographiques avec une nouvelle activité. Il comptait parmi ses amis Ange Politien, Pic de La Mirandole, le prince Alberto Pio de Carpi, etc.
Manuce s’attacha à perfectionner la typographie encore dans l'enfance. Il réforma les caractères gothiques, répandit les caractères romains, inventa les lettres italiques, améliora la ponctuation, employa le premier le deux-points et le point et virgule, enfin il apporta le plus grand soin non-seulement à la beauté de l'impression, mais encore à la correction du texte. La marque de son imprimerie est une ancre dont un dauphin enlace la tige, de chaque côté de laquelle on lit en deux syllabes ALDVS.
Précieux exemplaire aux armes et à l'emblème (salamandre dans les flammes) de François 1er, relié par Etienne Roffet, relieur du roi dès 1539.
Réalisée en 1540, cette reliure se distingue par la couleur de son veau et par son décor plus élaboré, de celles de la bibliothèque italienne de François 1er, groupe auquel elle appartient. C'est à Claude Chappuis que revint le soin de réunir cet ensemble de livres dont nous ne connaissons aucun inventaire. Thomas Kimball Brooker et plus récemment F. Le Bars ont identifié cent quinze reliures, presque toutes conservées à la Bibliothèque nationale de France, soit 150 éditions. La langue italienne est de loin la plus représentée, puis suivent les éditions latines, dont on compte 43 textes reliés à l'unité, et 12 textes grecs.
Par son format et son titrage doré au dos, présentation nouvelle en France, on sait que notre volume appartient à cet ensemble que François 1er emportait lors de ses déplacements.
Chaque plat de la doublure est couvert d'un feuillet de vélin, caractéristique propre à ce programme de reliures. Ici, sur la doublure du plat supérieur, on lit la cote = 04 suivie de Sallustime / Conjuration Catilinae.
L'exemplaire est conservé dans une boite-étui de chagrin de Duval.
Le dos est bien évidemment d’origine comme l’atteste la chaine des experts et bibliophiles : R. Heber ; Lord gosford ; Lebeuf de Montgermont ; Rahir ; Cortland Bishop ; Esmerian et Guérin ; D. Courvoisier ; Rossignol.
Exposition : Baltimore, 1957, n° 249 avec reproduction, pl. L.
Ce type de reliure aldine somptueusement ornée aux armes du roi François Premier réalisée par Etienne Roffet vers l’année 1540 est infiniment rare. Au cours des dernières décennies seul T. K. Brooker a exposé une telle reliure infiniment plus pauvre, « Corners and joints repaired, binding slightly rubbed, loweer joint starting to crack » estimée $151 200 – 227 000 par Sotheby’s N.Y.
Provenances : R. Heber (Cal. VII, 1835, n° 3147) ; Lord Gosford (Cat. 1882, n° 383) ; Lebeuf de Montgermont (Cat. VII, 1914, n° 187) ; Rahir (Cat. 1, 1930, n° 223) ; Cortland Bishop (Cat., 1948, n° 247, reproduction) ; Esmerian (Cat. I, 1972, 105, reproduction) ; Rossignol.
Brunet, V, col. 84 (cite l'exemplaire) ; Renouard, p. 57, n° 3 ; [… ], Ahmanson-Murphy Aldine collection at UCLA, 1989, I. p, 121, n° 88 ; Kimball Brooker (Th.), "Binding commissioned for Francis I’s « Italian library » with horizontal spine titles dating from the late 1530s to 1540", in Bulletin du Bibliophile, 1997, n° 1. pp. 33 à 91 ; Le Bars (F.), « Les reliures de la bibliothèque italienne », in Trésors royaux. La bibliothèque de François 1er, château de Blois, 2015, pp., 252-262 ; Olivier, 2487.
