Historiarum libri

Tite-Live
Amsterdami, Apud Guiljelm Blaeu, 1633
Prix : 7 500 €

Le Tite-Live relié en 1633 par Macé Ruette (1606-1638) pour Habert de Montmort (1600-1679).

De la bibliothèque Raphaël Esmérian.

(Ref. Paris. Palais Galliera, 8 décembre 1972, n°12, vendu 1 043 € il y a 47 ans).

In-12, maroquin rouge, au centre des plats médaillon quadrilobé mosaïque en maroquin grenat portant le chiffre et quatre fermesses frappés or, bordé de quatre gerbes de pointillés dorés dans un encadrement de filets dorés droits et courbes avec des fleurons frappés or aux angles, dos à nerfs orné de fleurons dorés en pointillé, filet doré sur les coupes, dentelle dorée intérieure, tranches dorées. Reliure de l’époque de l’atelier Macé Ruette.

128 x 72 mm.

Titre gravé.

Exemplaire réglé relié au chiffre de H. L. Habert de Montmort.

« Macé Ruette (1584-1644) commença son apprentissage de relieur en 1598 chez Dominique Salis. En 1606 il ouvrit son propre atelier ; de 1629 à 1634 il fut administrateur de la Confrérie des libraires, imprimeurs et relieurs. A la mort de Clovis Eve en 1634 il reçut le titre de « Relieur du Roi », charge qui passa, à sa mort en 1644, à son fils Antoine. Son activité semble s'être arrêtée en 1638. Il avait édité quelques volumes de sainteté (peu, à vrai dire) et ouvert son propre magasin de librairie dans la rue Saint-Jean-de-Latran près de la Fontaine Saint-Benoît.

Jusqu'en 1620 le style des reliures de Macé Ruette se limitait aux modèles conventionnels de l'époque : « fanfares », « losange et écoinçons » et « encadrements à la Duseuil ». C'est un peu après 1620 que le jeune Habert de Montmort (1600-1679) commença une collection d'elzéviers qu'il achetait et faisait relier par Ruette au fur et à mesure de leur publication. Cela est un fait facilement vérifiable car selon la date du livre on peut suivre certains changements dans les fers de la décoration, tandis que le style restait le même. J'ai pu étudier trente-cinq de ces petits volumes, portant des dates allant de 1620 à 1634 : de 1620 à 1630 le fleuron du cadre intérieur est un petit vase garni de fleurs ; après 1630 il est remplacé par un fer à gerbes plus important. Changements aussi dans les roulettes intérieures : un modèle disparaît en 1629, remplacé par un second qui dure jusqu' en 1634, tandis qu'un troisième apparaît en 1633. Autre fait plus étrange : la qualité du maroquin suit aussi une évolution : rugueux et de couleur rouge noirâtre au début, il passe à un beau grain lisse et d'une couleur agréable après 1625-1626.

Si je m'attarde si longuement sur ces petits volumes et cherche à démontrer la date de leurs reliures c'est parce que celles-ci marquent les tout premiers essais de décors à fers pointillés. C'est un essai encore bien timide du décor « à gerbes », décor qui, sous une forme plus élaborée, devait bientôt tenir une place primordiale dans la reliure pendant cinquante années.

Les reliures de Ruette sont de styles très variés ; en général il excelle mieux dans les petits formats que dans les folios surtout lorsqu'il mélange dans ceux-ci fers pleins, fers pointillés et branchages ! » (R. Esmerian).

Précieux et bel exemplaire provenant de la bibliothèque Raphael Esmérian.

Référence, Paris Palais Galliera, 8 décembre 1972, n°12, vendu 1043 € il y a 47 ans.