Le Chasteau de Richelieu
Édition originale du Chasteau de Richelieu de 1676 relié en maroquin aux armes de la Grande Mademoiselle (1627-1693).
Précieux exemplaire offert par l’auteur à la Grande Mademoiselle.
In-8 de (4) ff., 166 pp. et (1) f. de privilège.
Maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats, armoiries frappées or au centre, fleur de lys aux angles, dos à nerfs fleurdelysé, coupes décorées, tranches dorées. Reliure armoriée de l’époque.
158 x 100 mm.
Vignier, Benjamin. Le Chasteau de Richelieu ou l’Histoire des dieux et des Héros de l’Antiquité avec des réflexions morales.
Saumur, 1676.
Très rare édition originale.
Une seconde édition paraîtra en 1684.
Description des extraordinaires richesses en œuvres d’art du château de Richelieu, par son gouverneur.
Le cardinal avait été l’un des plus fastueux collectionneurs de son temps. Pour décorer Richelieu, il avait fait appel à Mazarin et à ses amis romains qui achetèrent en Italie, à partir de 1631, tableaux, sculptures et objets d’art.
« Pour faire la description de Richelieu aussi parfaite qu’il est achevé, il faudrait être en même temps très expert architecte, savant antiquaire, excellent peintre, fameux historien, bon poète et grand orateur… Cet ouvrage ne sera pas absolument inutile à ceux que la curiosité conduira dans ce beau lieu puisque tous les objets qui frapperont leur vue ne leur seront plus inconnus » (Benjamin Vignier).
Cet ouvrage donne l’état de la collection en 1676 avec les Captifs de Michel Ange (aujourd’hui au Louvre) au centre de la façade, l’Appartement du Roi avec, dans le Cabinet, les cinq tableaux provenant du Studiolo d’Isabelle d’Este et trois bacchanales de Poussin, l’Appartement de la Reine avec ses lambris « remplis de fleurs et de fruits, le tout d’or bruni sur fond azur », une chambre des devises (p. 84), la bibliothèque qui ne contient « que des livres rares et des meilleures impressions, tous reliés en veau noir avec des filets d’or… », des tableaux du Caravage, de van Dyck, de Bassano, de Rubens et du Titien, la fameuse table de marqueterie de pierres dures (p. 100 aujourd’hui au Louvre)… et décrit les magnifiques jardins : grand canal, bassins, jets d’eau, grottes remplies de statues antiques ou « grotte de Saint-Antoine » où « à l’approche d’une belle femme » la statue du bon saint « sonne incessamment une petite clochette pour appeler le ciel à son secours… », jardin de tulipes, jonquilles et œillets…
Superbe exemplaire d’Anne Marie Louise d’Orléans, duchesse de Montpensier, dite La Grande Mademoiselle (1627-1693), cousine germaine de Louis XIV et l’une des plus fortes personnalités de son temps qui n’hésita pas à braver, sur tous les fronts, l'autorité du roi.
Dans ses Mémoires, elle raconte le séjour qu’elle avait fait au château de Richelieu et sa stupéfaction devant tant de richesses :« Rien n’est égal à l’immense profusion de toutes les belles choses qui sont dans cette maison. (Tout) y est beau et riche au delà de ce que l’on peut dire… ».
L’exemplaire lui a été offert par l’auteur qui a apporté des corrections ms. à des termes trop crus.
Fille unique de Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII, elle fut une des héroïnes de la Fronde et sa colossale fortune lui permettait toutes les ambitions, même celle d’épouser le roi. Elle refusa tous les partis, même l’empereur, pour tomber éperdument amoureuse d’un roturier, le futur duc de Lauzun.
Elle nous conte dans ses admirables mémoires si vivants et si lucides, ses élans et les douleurs qu’elle eut à subir de cet homme ainsi que de toutes les femmes.
Elle voulut le mariage. Le roi le lui accorda.
Quelques jours plus tard, le roi exige la rupture.
La Grande Mademoiselle, qui possédait une riche bibliothèque historique et poétique, déclarait : « Je suis mélancolique : j’aime à lire les livres bons et solides ; les bagatelles m’ennuient, hors les vers ; je les aime de quelque nature qu’ils soient, et, assurément, je juge aussi bien de ces choses-là que si j’étais savante ».
Ses livres étaient reliés soit en maroquin soit en veau. Ils passent rarement en vente publique et atteignent alors de grands prix.
Dans sa vente publique « Livres exceptionnels. Provenances illustres » du 7 juin 1990, le célèbre Jacques Guérin possédait deux livres reliés aux armes de la Grande Mademoiselle, l’un en simple veau recouvrait un auteur secondaire : Les Œuvres de Sarasin, adjugé 20 000 € il y a 34 ans (n° 57), le second, en reliure identique à celui-ci, David, poème héroïque, adjugé 29 000 € il y a 34 ans (n° 34). Il était, tout comme celui-ci, cité par Quentin-Bauchart (n° 43).
De la bibliothèque Lignerolles (1894, n° 3048).

