Eugénie Grandet. Scènes de la vie de Province.

Balzac, Honoré de
Paris, Madame Charles-Bechet, 1834.
Prix : 30 000 €

Édition originale d’Eugénie Grandet, l’un des chefs d’œuvre de la littérature mondiale.

Le célèbre exemplaire imprimé sur papier jonquille présenté à l’exposition commémorative du cent cinquantième anniversaire de Balzac en mai-juin 1949.

In-8, demi-maroquin citron à coins, dos à nerfs, tête dorée. Reliure postérieure.

195 x 123 mm.

Balzac, Honoré de. Eugénie Grandet. Scènes de la vie de Province.
Premier volume, Paris, Madame Charles-Bechet, 1834.

Édition originale de l'un des plus grands romans de Balzac et l'une de œuvres majeures de la littérature européenne.
Elle forme le Tome V sur les 12 des Études de mœurs au XIXe siècle.

« Cette série de 12 volumes des Études de mœurs est fort rare aujourd’hui ; elle se rencontre parfois à l’état broché, elle est rarissime en belle reliure du temps. C’est l’édition originale de Eugénie Grandet qui en fait la valeur. C’est pour cette raison qu’on collectionne ce volume séparément portant sur le titre : Tome I (des Scènes de la vie de Province) et Tome V (des Études de mœurs).

« De ces douze volumes ont été tirés quelques exemplaires sur papier de couleur, que l’on rencontre séparément et qui sont fort recherchés. » (M. Clouzot).

Eugénie Grandet publié vers la fin de 1833 est le premier des grands livres de Balzac. Quelques-uns disent son chef-d’œuvre. Dans la ville de Saumur, le terrible père Grandet, ex-tonnelier, a réuni grâce à une série d’heureuses spéculations une fortune qu’il augmente avec une héroïque et atroce avarice. Le lecteur est transporté au sein de la famille, qui comprend la fidèle servante Nanon, l’épouse de Grandet, femme sans volonté, et la fille de Grandet, la jeune Eugénie, un être d’une lumineuse beauté à l’âme noble et délicate, autour de laquelle se combattent les cupidités et les intrigues des deux grandes familles bourgeoises de la ville, les Cruchot et les Des Grassins, qui espèrent s’unir par un mariage à la très riche héritière. Le soir même de l’anniversaire d’Eugénie, occasion d’une petite fête chez les Grandet, arrive à l’improviste Charles Grandet, jeune Parisien élevé dans le luxe et l’oisiveté, fils d’un frère du vieux Grandet qui, à la suite d’une faillite de quatre millions, s’est fait sauter la cervelle. Le vieil avare apprend la mort de son frère par une lettre qui le prie de prendre soin de la liquidation et de fournir à son fils des moyens d’aller tenter fortune aux Indes. Durant les quelques jours que passe dans la maison ce jeune homme bouleversé par le malheur prend naissance chez Eugénie une profonde passion pour son cousin, un véritable grand amour que Charles, ému, semble partager. Puis le jeune homme part, non sans avoir prêté des serments d’éternelle fidélité.
Cette première partie est la meilleure : les personnages ont un relief incomparable, les faits s’entremêlent et se développent d’une façon classique, l’amour d’Eugénie enfin est saisi avec une délicatesse qui ne fut peut-être jamais plus atteinte par Balzac. Le reste n’est que la conclusion, l’histoire d’Eugénie dépendant entièrement de ce premier épisode décisif auquel s’oppose le portrait classique de l’avare, le personnage du père, qui prend peu à peu une terrible importance.
L’œuvre resplendit d’une force d’art incomparable : le personnage d’Eugénie et celui de son père sont justement considérés parmi les plus heureux de tous les portraits dus à la plume de ce créateur de génie. Le style se montre, ici, mobile, pénétrant et beaucoup moins minutieux et lourd que dans bien d’autres œuvres du même romancier ; pas de longues digressions morales qui, si elles confèrent à certaines de ses œuvres un réel intérêt, en gâtent souvent la pureté de lignes.

Portrait de Balzac, gravé par Gustave Lévy, sur Chine appliqué, avec le facsimilé de la signature du romancier, ajouté en frontispice.
A noter l’erreur de numérotation des feuillets, signalée par les bibliographes, la première page portant le nombre 20 au lieu de 12.

Célèbre et superbe exemplaire presenté par Pierre Bérès à l'exposition commémorative du cent cinquantième anniversaire de Balzac, mai-juin 1949, n° 275. 
« C’est un usurier de Saumur, jean Nivelleau, qui inspira à Balzac le personnage du père Grandet. La tradition veut que Balzac ait écrit ce roman pour se venger d’avoir été éconduit par Nivelleau, dont il avait souhaité épouser la fille ». (P. Bérès).

Provenances : Jules Noilly (ex-libris ; cat. 1886, n° 496) ; Pierre Bérès (mai-juin 1949) ; Maurice Loncle (cat. 1963, n° 59) ; Charles Hayoit (II, 2001, n° 161) ; Pierre Bergé (ex-libris, II, n° 227).

Bibliographie : Carteret I, p. 69 : « les IIe et IIIe série (des Études de Mœurs) ont été imprimées à quelques exemplaires sur papier jonquille ». S. Vachon. Les Travaux et les jours d’Honoré de Balzac, Presses universitaires de Vincennes / CNRS / Presses de l’Université de Montréal, 1992.