L'Excommunié

Balzac, Honoré de
Paris, 1837.
Prix : 5 000 €

Édition originale d’Honoré de Balzac reliée spécialement à l’époque pour la duchesse de Berry (1798-1870).

Magnifique exemplaire, sans rousseur aucune, à provenance royale.

2 tomes en 1 volume in-8 de : I/ 2 ff. (faux-titre et titre) ; 333 pp. ; et 1 f. n. ch. (table du tome premier) ; II/ 2 ff. (faux-titre et titre) ; 344 pp. ; 1 f. n. ch. (table du tome second) ; et 1 f. n. ch. (annonce des Œuvres d’Horace de Saint-Aubin et d’Alphonse Brot).
Les faux-titres portent : Œuvres complètes de Horace de Saint-Aubin, mises en ordre par Emile Regnault. L’Excommunié forme les tomes XV et XVI de la collection.
Demi-basane havane, dos à faux nerfs orné de filets et fleurons argentés, pièces de titre et de tomaison teintées en bleu, tranches jaunes. Reliure de l’époque spécialement destinée au cabinet de lecture privé de la duchesse de Berry au château de Brunsee.

197 x 129 mm.

Balzac, Honoré de. L’Excommunié. Roman posthume (entièrement inédit).
Paris, Hippolyte Souverain, éditeur, rue des Beaux-Arts, 3 bis (Impr. P. Baudouin), 1837.

Édition originale rarissime en reliure de l'époque à provenance royale et féminine, appartenant aux œuvres de jeunesse de Balzac.

Les œuvres de jeunesse de Balzac sont des romans écrits sous divers pseudonymes (« Lord R’hoone » ou « Horace de Saint-Aubin ») par Honoré de Balzac dans des conditions difficiles. Longtemps « ignorés », ces premiers écrits ont suscité, depuis une cinquantaine d'années, un regain d’intérêt auprès d’universitaires qui s’interrogent sur leur lien avec la Comédie humaine.

Poussé par deux commanditaires, Horace Raisson et Auguste Lepoitevin, Balzac produit des romans qu’il signe sous le pseudonyme d’Horacede Saint Aubin.

Si Balzac peut enfin gagner de quoi vivre, les conditions dans lesquelles il travaille lui deviennent peu à peu insupportables. Cet épisode de sa vie sera rappelé dans les Illusions perdues, où les humiliations de Lucien de Rubempré, journaliste acoquiné avec une bande de voyous de la plume, ressemblent fort à celles que Balzac a connues.

Balzac publie ainsi « L’Excommunié ».
Ce texte que, selon Samuel Silvestre de Sacy, Balzac appelait « petite opération de littérature marchande », divisent les balzaciens : « les uns y cherchent les ébauches des thèmes et les signes avant-coureurs du génie romanesque, les autres doutent que Balzac, soucieux seulement de satisfaire sa clientèle, y ait rien mis qui soit vraiment de lui-même ». Parmi les premiers, on trouve, entre autres, Pierre Barbéris, Maurice Bardèche, Roger Pierrot.

Ce n’est qu’à partir de 1868 que les frères Michel Lévy lancent une édition illustrée luxueuse de ces textes de jeunesse, puis vers la seconde moitié du XXe siècle, les études et réimpressions de luxe ou format de poche se succèdent et éveillent la curiosité des chercheurs, notamment au Japon où Balzac est un des auteurs les plus étudiés. Balzac sera donc, selon le mot de Maurois « un génie malgré lui. »

Superbe exemplaire royal, conservé dans ses reliures de l'époque destinées au cabinet de lecture privé de la duchesse de Berry dans son château de Brunsee.

Marie-Caroline-Ferdinande-Louise de Bourbon-Sicile, fille de Ferdinand Ier, roi des Deux-Siciles, et de Marie-Clémentine, archiduchesse d’Autriche, née à Naples le 5 novembre 1798, épousa le 17 juin 1816, Charles-Ferdinand d’Artois, duc de Berry, second fils du futur Charles X, qui fut assassiné le 13 février 1820. La duchesse de Berry, veuve à 22 ans, se consacra à l’éducation de ses deux enfants, Louise-Marie-Thérèse d’Artois et Henri-Charles-Ferdinand-Marie-Dieudonné, duc de Bordeaux, né posthume ; très courageuse, elle essaya en 1832 de fomenter en Vendée un soulèvement légitimiste qui échoua ; trahie le 7 novembre de la même année, elle fut enfermée dans la citadelle de Blaye où elle mit au monde une fille qu’elle avait eue du comte Hector Lucchesi-Palli, qu’elle avait épousé secrètement en 1831 ; remise en liberté en juin 1833, elle fut tenue à l’écart par la famille royale et se vit enlever la direction de l’éducation de son fils. Elle vécut à Venise et mourut le 17 avril 1870 au château de Brunsee en Styrie.
Cette princesse, aux goûts artistiques très développés, avait d’abord constitué dans son château de Rosny, près Mantes, une luxueuse bibliothèque remarquable tant par le choix des éditions et la richesse des reliures que par l’importance des manuscrits qu’elle renfermait, puis après ses multiples déboires, elle s’était constituée un cabinet choisi de lecture des principaux romans contemporains qu’elle affectionnait particulièrement dans sa retraite autrichienne de Brunsee : Balzac, Dumas, Sue, etc. Ces volumes destinés à être lus étaient alors revêtus d’une reliure en demi-veau, classés dans les rayonnages de la bibliothèque de Brunsee et enrichis de l’ex-libris « Brunsee- A l’index – Ouvrage N° - Volume N° - Armoire – Rayon – Place. »

Cette première édition est rare en belle condition.
Exemplaire de toute pureté.

Sa provenance féminine et royale confère à ce Balzac une haute charge émotionnelle et bibliophilique.