Scènes de la vie de province. La Vieille Fille

Balzac, Honoré de
Paris, Werdet, 1837.
Prix : 23 000 €

Édition originale de La Vieille Fille.

Précieux et superbe exemplaire de haute bibliophilie, l’un des rarissimes imprimés sur papier couleur jonquille.

Grand in-8 de (2) ff., 359 pp.
Demi-maroquin bleu à coins, filet or sur les plats, dos lisse orné de filets dorés. Bretault.

220 x 144 mm.

Balzac, Honoré de. Etudes de mœurs au XIXe siècle – Tome VII. Scènes de la vie de Province. Troisième volume.
Paris, Werdet, 1837.

Édition originale de La Vieille Fille.

« Ont été tirés quelques exemplaires sur papier de couleur, que l’on rencontre séparément et qui sont fort recherchés » (Clouzot).

« Il a été tiré quelques exemplaires sur papier jonquille qui sont d’une grande rareté » (Carteret, I, 69).

Exceptionnel exemplaire sur papier jonquille, d’une rare grandeur de marges.

La Vieille Fille, est datée par Balzac lui-même d’octobre 1836 ; le livre est dédié « à Monsieur Eugène-Auguste-Georges-Louis Midy de la Greneraye Surville, ingénieur au corps royal des ponts-et-chaussées », qui était le beau-frère de Balzac. L’auteur présente d’abord le portrait d’un bien singulier personnage, le chevalier de Valois.

Cette curieuse épave de l’Ancien Régime, qui prétend être apparentée aux rois de France, vit à Alençon. Sa situation de fortune est extrêmement modeste et il vit surtout des nombreuses invitations dans la société provinciale que ne manque pas de lui attirer son nom. Le vieillard, qui est demeuré fort galant, reçoit la visite d’une jeune personne qui prétend que le chevalier est pour quelque chose dans la courbure exagérée de sa silhouette ; mais le chevalier envoie la futée chez Du Bousquier, qui pourrait être aussi coupable que lui. Ce louche personnage autrefois agioteur et espion politique, a une des plus grosses fortunes de la ville. L’apparition de Suzanne l’embarrasse fort car, comme le chevalier, Du Bousquier aspire à la main d’une vieille fille, Mlle Cormon, qui représente pour l’un la fortune, pour l’autre l’entrée dans la meilleure société de la ville et la respectabilité. Ils ne sont pas d’ailleurs les seuls prétendants : Athanase Granson, jeune homme génial, dont l’intelligence n’a d’égale que la chasteté, est fort amoureux de la beauté un peu mûre ; mais il n’ose, malgré les instances de sa mère qui voit les avantages financiers de l’affaire, se déclarer. Vient ensuite une description extrêmement minutieuse et ici fort évocatrice de l’intérieur qu’habite Mlle Cormon et de la vie qu’elle y mène. Au cours des réceptions et des dîners qui ont lieu chez elle, les concurrents tentent de se desservir les uns les autres. Ils y parviennent d’autant mieux que l’innocence de la vieille fille, ses hésitations semblent la condamner à rester vierge.

Mais dans la trop calme maison survient un nouveau personnage. M. de Troisville, venu s’installer à Alençon. Aussitôt la petite ville marie ce militaire à la pauvre fille, qui commence à y croire elle-même et trouve cet homme bien séduisant. Hélas, il y avait malentendu : M. de Troisville est marié, il a des enfants. Déçue, effrayée surtout à la perspective d’une vieillesse solitaire, Mlle Cormon se décide à brusquer les choses ; c’est elle qui offre sa main à Du Bousquier. Malgré les intrigues du chevalier, le mariage se fait. Le jeune Athanase, désespéré, se suicide. Aussitôt marié, Du Bousquier entreprend de faire transformer entièrement la maison et tyrannise sa femme. Ainsi, par un singulier caprice du sort, la malheureuse vieille fille après avoir désiré jusqu’à l’âge de quarante-deux ans se marier, n’éprouve guère, au sein du mariage, la satisfaction qu’elle était en droit d’en attendre.

Ce roman est une remarquable analyse psychologique : le personnage de Mlle Cormon est un des types les plus vivants de La Comédie humaine ; Balzac, ici ne simplifie pas, l’analyse est nuancée profonde.

Mais La Vieille Fille est également un des tableaux les plus réussis de la vie de province : les soirées en ville, les mille intrigues, les intérêts politiques et financiers, les exclusives des classes sociales entre elles, tout cela est dépeint avec un étonnant sens du réel et une grande fidélité.

Remarquable, superbe et rarissime exemplaire de haute bibliophilie imprimé sur papier jonquille.