Les Diaboliques

Barbey d'Aurevilly, Jules
Prix : 25 000 €

Edition originale.

Remarquable exemplaire enrichi de plusieurs pages du manuscrit autographe des Diaboliques.

Paris, 1874.

In-8 de (1) f., 354 pp. (1) f., et 2 feuillets manuscrits.

Demi-maroquin rouge à coins, dos à nerfs mosaïqué et orné, couverture de premier état conservée, non rogné. Elégante reliure mosaïquée vers 1900.

184 x 114 mm.

Barbey D'Aurevilly Jules. Les Diaboliques.

Paris, E. Dentu, 1874.

Edition originale enrichie de plusieurs pages du manuscrit autographe des Diaboliques.

Carteret, I, 110 ; Clouzot, 39 ; Vicaire, I, 305 ; Talvart, 216.

« Très recherché, nombre des couvertures portent la mention « Deuxième édition ». Ils sont nettement dépréciés. » (Clouzot, 39).

Le présent exemplaire possède la couverture de premier état.

De l'édition originale tirée à 2 200 exemplaires, 480 exemplaires furent détruits par l'auteur et l'éditeur à la suite des poursuites du Parquet de la Seine.

« Ouvrage fort rare et très recherché, l’édition ayant été en partie détruite à la suite d’un procès. La couverture réimprimée porte souvent Deuxième édition » (Carteret).

Condamnées en effet par la justice en ce qu'elles invoquaient l'ingérence du Diable dans les affaires humaines, ces nouvelles campent plusieurs cas surprenants de perversion morale dans lesquels l'Esprit du Mal s'incarne dans une femme :

« Le rideau cramoisi », pp. 7 à 70.

« Le plus bel Amour de Don Juan », pp. 71 à 100.

« Le bonheur dans le crime », pp. 101 à 165.

« Le dessous de cartes d'une partie de whist », pp. 166 à 225.

« A un dîner d'athées », pp. 226 à 303.

« La vengeance d'une femme », pp 304 à 354.

« Ces histoires sont malheureusement vraies. Rien n'en a été inventé. On n'en a pas nommé les personnages voilà tout ! on les a masqués, et on a démarqué leur linge… « L'alphabet m'appartient », disait Casanova, quand on lui reprochait de ne pas porter son nom. L'alphabet des romanciers, c'est la vie de tous ceux qui eurent des passions et des aventures, et il ne s'agit que de combiner, avec la discrétion d'un art profond, les lettres de cet alphabet-là. »

(Barbet d'Aurevilly. Préface des Diaboliques. Paris, 1er mai 1874)

Les romans de Barbey décrivent un monde privé d'espérance. Les nouvelles des Diaboliques se meuvent dans un univers sulfureux où le crime est sans punition et surtout sans remords : les monstres qui s'y meuvent illustrent une sorte de tératologie de la morale humaine. Ils excitent une étonnante « fascination ». Ce monde d'où la grâce est absente est soumis à la séduction et à la toute-puissance destructrice de la Femme : Barbey se plaît, comme Baudelaire, à dessiner le double visage de la féminité dans lequel la décadence se reconnaîtra, séduction et fatalité. Tout comme chez Gobineau et Villiers de L'Isle-Adam, une forme de réalisme fait bon ménage avec le mystère. Un art consommé du récit estompe les disparates et soutient l'intérêt des lecteurs en même temps qu’il déconcerte ces derniers par la multiplicité et la diversité des points de vue. Avec Villiers de L'Isle-Adam, Barbey d'Aurevilly tient une grande place dans le renouvellement du récit court vers 1870.

Ont été reliées dans ce précieux exemplaire une première page autographe de Barbey appartenant à la première nouvelle « le rideau cramoisi » : grande page repliée de 37 longues lignes commençant à la page 47 du volume imprimé « En amenant une maîtresse chez moi… » et s’achevant page 49 « Je restais donc oisif de corps à me ronger… » avec quelques variantes.

Puis une seconde page autographe aux encres de couleur pour la nouvelle « à un dîner d’athées ». Repliée et composée de 40 longues lignes, elle commence page 233 « Les hommes qui n’y viennent pas pour prier » et s’achève par 235 « si j’avais vu violer ma mère… j’ai pensé qu’il y avait là quelques damnée anguille de jupe sous roche… »