Maximes et réflexions sur la comédie
La condamnation de Molière et du théâtre par Bossuet.
Bel exemplaire, grand de marges, conservé dans sa reliure de l’époque ornée d’un dauphin couronné en queue de dos.
In-12 de (4) ff., 152 pp.
Veau marbré, dos à nerfs orné de double filets et fleurons dorés, fer au dauphin couronné en queue de dos, coupes ornées, tranches mouchetées. Reliure de l’époque.
158 x 90 mm.
Bossuet, Jacques Bénigne. Maximes et réflexions sur la comédie.
Paris, Jean Anisson, 1694.
Édition originale de cet ouvrage dans lequel Bossuet condamne le théâtre en général et Molière en particulier.
Tchemerzine, I, 873 ; Brunet, I, 1137 ; Le Petit, 421-423 ; Soleinne, V, n°21 ; Pichon, Catalogue, n°1642 ; Bulletin Morgand et Fatout, n°9108.
« Dans ce curieux ouvrage, Bossuet s’élève avec vigueur non seulement contre le théâtre en général, mais encore contre une sorte de tentative qu’avaient voulu faire quelques écrivains religieux de l’excuser. Dans cet ouvrage rempli d’intérêt l’auteur n’a pas craint d’entrer dans certains détails assez scabreux pour un homme d’église ! » (Le Petit).
Le XVIIe siècle vit se développer une longue polémique au sujet de la moralité du théâtre que l’on peut résumer par la question posée par un religieux, le P. Caffaro en préface d’une édition des comédies de Boursault : « La comédie peut-elle être permise ou doit-elle être absolument défendue ? »
En réponse à cette question Bossuet publia ce traité où sont condamnés les comédies et les comédiens mais aussi les tragédies de Racine et de Corneille.
« Le feu avait été mis aux poudres par un petit écrit intitulé : Lettre d’un théologien qui parut en tête des œuvres dramatiques de Boursault. Cette œuvre souleva une vive émotion dans le monde religieux et déchaîna un déluge d’écrits contre le théâtre. Le plus important : Maximes et réflexions sur la Comédie de Bossuet. L’évêque de Meaux contredit l’opinion du P. Caffaro d’après laquelle les spectacles au théâtre exciteraient moins directement les passions que ceux de la vie quotidienne. « La passion passe de l’âme des acteurs dans celle des spectateurs. On devient bientôt un acteur secret de la tragédie : on y joue sa propre passion. Les représentations tendent directement à allumer des flammes dans notre cœur. » Bossuet, à l’autorité des Pères de l’Eglise, ajoute celle de Platon considérant comme « pernicieux les arts qui n’ont d’autre but que le plaisir » (L’évolution de la tragédie religieuse classique, Collectif, pp. 436-439).
Dans ce traité où l’évêque de Meaux se montre fin psychologue et polémiste habile, Bossuet condamne Molière et les « impiétés et les infamies dont sont pleines ses comédies », « les équivoques les plus grossières dont on ait jamais infecté les oreilles des chrétiens », ainsi que la peinture des « passions agréables » chez Corneille et Racine.
« Bossuet est le plus grand maître de la prose française, qui est infiniment supérieure à tout ce qu’on est convenu d’appeler notre poésie » (P. Claudel).
Bel exemplaire, à grandes marges, conservé dans sa reliure de l’époque au dauphin couronné en queue de dos.
« Cette marque au dauphin surmonté de la couronne des princes de sang se trouve frappée au dos de nombreux volumes adressés au Dauphin, Louis de France, surnommé le Grand Dauphin (1661-1711) et imprimés de 1678 à 1706. Cette estampille passa inaperçue jusqu’à ce jour. C’est aux recherches de feu M. J.P.A. Madden que nous devons de la voir restituée au courant bibliophilique (1880) » (Guigard, I, p.50)
« Nous estimons que ce fer a dû être primitivement frappé sur des volumes destinés au Grand Dauphin et qu’ensuite, il fut très souvent utilisé comme simple ornementation sur de nombreuses reliures recouvertes tant de maroquin que de veau » (O. Hermal, pl.2522).
Provenance : ex-libris manuscrit sur le titre et ex-libris armorié en page de garde.



