Les Fables d'Esope

Boursault, Edme
Prix : 4 500 €

Édition originale des Fables d’Esope reliée en beau maroquin rouge de l’époque aux armes de la marquise de Forbin-Janson, née Voisin de Saint-Paul. 
De la bibliothèque La Hamonais.

In-12 de 1 frontispice, (10) ff., 101 pp.

Maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats, fleuron aux angles, armoiries frappées or au centre, dos orné, coupes décorées, roulette intérieure, doublure et gardes de papier marbré, tranches dorées sur marbrure. Reliure de l'époque.

165 x 95 mm.

[Boursault, Edme]. Les Fables d'Esope, comédie. Seconde édition.

Paris, Théodore Girard, 1690.

Edition originale avec titre de second état orné d’un frontispice gravé sur cuivre par Le Pautre.

Poète, Boursault truffe ses lettres de fables avant de porter deux ou trois fois Esope à la scène.

Romancier, il oriente le genre vers la nouvelle courte qui emprunte ses sujets à la réalité contemporaine et à la plus immédiate actualité. Le récit, comme chez Madame de Villedieu, s'y rehausse d'un humour enjoué : Artémise et Poliante, 1670, dont le préambule relate une des premières représentations de Britannicus et jette ainsi, par un compte rendu resté malheureusement isolé, les fondements de la critique dramatique ; Le Marquis de Chavigny, 1670 ; Ne pas croire ce qu'on voit histoire espagnole. 1670 ; Le Prince de Condé, 1675. Surtout, par les Lettres à Babet, d'abord dispersées en 1669 parmi les Lettres de respect, d’obligation et d'amour, puis regroupées à partir de 1683 à l'intérieur du même recueil, plus tard enfin, après la mort de l'auteur, publiées séparément et ses sept puis treize Lettres amoureuses d'une dame à un cavalier (Lettres nouvelles, 1697 et 1709). Boursault contribue, en même temps que l'auteur des Lettres portugaises, à la création du roman par lettres.

Pour le théâtre, il aurait produit dès l'âge de quinze ans des pièces destinées au Marais. Outre les œuvres déjà mentionnées, on retiendra principalement un Germanicus (1673 ou 1679) à cause de la relation que Boursault lui-même établit entre cette tragédie de la Princesse de Clèves (L., t. I, p. 306-307), l'acte des Mots à la mode, et la comédie d'Esope.

Après avoir failli sombrer aux premières représentations en janvier 1690, la comédie d'Ésope rencontre un grand succès. Pour la publication, en mars de la même année, Boursault modifie le titre pour Les Fables d'Esope et l'accompagne d'une « Préface nécessaire ». Cette nécessité tient d'une part à la nouveauté de la forme, qui allie fables et comédie dans une structure dramatique en parade, et d'autre part à la dimension moralisante d'une pièce finalement assez différente de la production comique contemporaine d'un Dancourt ou d'un Regnard. Quelques années plus tard, en 1694, la publication d'un recueil de comédies de Boursault sera l'occasion de l'un des épisodes les plus violents de la polémique sur le théâtre (le recueil était accompagné par une lettre du père Caffaro qui autorisait la comédie, provoquant l'intervention de Bossuet dans le débat). Dans leurs écrits respectifs, Caffaro et Boursault invoqueront Les Fables d'Esope comme un parfait exemple de la moralité de la comédie.

La préface met d'abord en avant le succès rencontré par la pièce : elle a su plaire au public parce que les règles y sont observées. Boursault se défend logiquement ensuite des fautes que certains spectateurs, selon lui mal intentionnés, ont relevées. Boursault souligne les risques qu'il a pris avec sa comédie, notamment en suivant La Fontaine, et explique par la surprise du public l'accueil d'abord défavorable réservé à sa pièce.

Bel exemplaire en maroquin de l’époque aux armes de la Marquise Forbin-Janson, née Voisin de Saint-Paul.

On remarquera le papier peint marbré employé pour les gardes du volume, strictement d'époque et d'un beau modèle.

De la bibliothèque La Hamonais, avec ex-libris.