Poésies diverses

Brébeuf, Georges de
Paris, A. de Sommaville, 1658.
Prix : 2 500 €

Édition originale fort rare des Poésies diverses de Brébeuf (1618-1661), écrivain burlesque très prisé, ami de Ménage et de Corneille.

L’exemplaire en vélin de l’époque provenant de la bibliothèque grenobloise de la famille Princière de Saint-André.

In-4 de 9 ff., 405 pp.
Vélin ivoire souple, faibles rousseurs inhérentes au papier. Reliure de l’époque.

223 x 171 mm.

Brébeuf, G. de. Poésies diverses.
Paris, A. de Sommaville, 1658.

Édition originale très rare dédicacée « A Monseigneur Foucquet » surintendant des finances.
Lachèvre, I, 170-171.

Brébeuf fut aussi, non seulement un poète précieux très répandu, mais encore un écrivain burlesque fort prisé et, même, un poète tout court, emphatique à coup sûr, mais qui ne manqua ni d'imagination, ni de verve, ni de vigueur.

Il fut l'ami de Conrart, Ménage, Chapelain, Mézeray, de Corneille, qu'il admirait, de Claude Auvry, évêque de Coutances, puis trésorier de la Sainte-Chapelle — le « Prélat terrible » du Lutrin — qui le protégeait. « Toujours malade et toujours malheureux », Georges de Brébeuf fit d'abord, coureur de ruelles et poète à gages, des vers frivoles, enjoués, élégants et ironiques, sur commande. Sa Gageure — cent cinquante épigrammes et madrigaux contre les femmes fardées — un tour de force littéraire — le mit dans l'estime des salons à côté de Balzac et de Voiture, mais sa nature est plus vive et spontanée que celle de ses émules, et sa mélancolie nous paraît déjà toute moderne. Poète mondain, et qui manie le vers libre avec plus d'aisance qu'aucun de ses contemporains, Brébeuf se fait aussi auteur burlesque, rival souvent heureux de Scarron, dans L'Eneide travestie et — après La Pharsale — dans un Lucain travesti en vers en-jouez. C'est surtout par sa traduction de La Pharsale de Lucain qu'il établit sa réputation. Plutôt qu'une traduction, son ouvrage est une imitation libre, une paraphrase, son dessein étant, dit-il, « d'égaler » son modèle « dans les endroits excellents, de le surpasser dans les médiocres ». Il y avait entre son imagination et celle de Lucain des affinités naturelles : d'autre part, son sujet lui permettait de satisfaire son amour de la grandeur et ce goût de l'emphase qui paraît encore dans ses Éloges poétiques. Ces Éloges sont des panégyriques où Brébeuf célèbre la gloire de Fouquet ou celle de Mazarin, les exploits du roi, les mérites de Claude Auvry ou la victoire des Dunes, ils abondent en développements pompeux mais certains vers vigoureux, bien rythmés, y montrent que l'auteur méritait mieux que le chétif éloge — « Malgré son fatras obscur — Parfois Brébeuf étincelle » — que Boileau, après tant de critiques acerbes, lui accorda. « L'auteur de La Pharsale » dédia à Mazarin, qui lui avait octroyé une maigre pension, ses Entretiens solitaires, qu'il écrivit chez son jeune frère, curé de Venoix, près de Caen, où il était venu, au terme d'une vie traversée de tant de soucis et de tourments, « Loin du monde et du bruit, goûter l'ombre et le frais », et qu'il n'eut point le temps d'achever. Il y dit adieu aux frivoles et mondaines pensées, cherche le bonheur dans la méditation et la contemplation de la nature.

L'œuvre est animée d'un noble lyrisme, d'une ardeur sincère, qui l’élèvent au-dessus des ouvrages contemporains de même inspiration, et d'une langue qui s'apparente parfois à celle de Corneille.

Précieux exemplaire conservé dans son vélin de l’époque provenant de la famille Prunier de Saint‑André ; parlementaires grenoblois du XVIIe siècle, avec leur ex-libris armorié. Cet ex-libris fut utilisé par les petits-fils d'Artus II Prunier de Saint-André, et peut-être par son fils Laurent II (1579‑1650).

La bibliothèque conservée au château d'Uriage, par les comtes de Saint-Ferriol, a été vendue à Grenoble en 3 vacations, en mai 1937 : Catalogue des livres de la bibliothèque du château d'Uriage, ancienne bibliothèque de la famille Prunier de Saint-André, dont la vente aura lieu à Grenoble les 10, 11 et 12 mai 1937, Grenoble, Repelin, 1937, in-8, 63 pp, 423 numéros. Les ouvrages de cette bibliothèques sont peu courants sur le marché.