Les Nouvelles
« Composées entre la première et la seconde partie de Don Quichotte, les Nouvelles exemplaires représentent le monument le plus achevé de l’œuvre narrative de Cervantes (1547-1616). »
Unique et magnifique exemplaire répertorié subsistant à ce jour de la précieuse édition de 1621 des Nouvelles, le « monument le plus achevé de l’œuvre narrative de Cervantès » (Gallimard, 1937).
Cervantes. Les Nouvelles de Miguel de Cervante Saavedra. Ou sont contenues plusieurs rares adventures, et memorables exemples d’Amour, de Fidelité, de Force de Sang, de Ialousie, de mauvaise habitude, de charmes, & d’autres accidens non moins estranges queveritables.
Traduictes d’Espagnol en François : Les six premieres par F. de Rosset. Et les autres six, par le Sr. D’Audiguier.
Paris, Jean Richer, 1621.
Suivi de : Six nouvelles de Michel Cervantes. Par le sieur d’Audiguier.
Paris, Jean Richer, 1621.
Soit 2 parties in-8 de 4 ff. et 350 pp., 4 ff. et 345 pp., 1 p. Vélin doré, filets dorés sur les plats, dos lisse orné, tranches dorées. Belle reliure de l'époque.
165 x 107 mm.
Unique exemplaire répertorié subsistant à ce jour de la précieuse édition de 1621 des Nouvelles, le « monument le plus achevé de l’œuvre narrative de Cervantès » (Gallimard, 1937).
Rius (t. 1 p. 330) et à sa suite Icaza (Las Novelas Ejemplares, 1915, 2è edicion, p.25) affirment qu’en 1638 la traduction des Nouvelles fut placée par l’Académie « entre las obras mejor escritas del idioma francés ». Les ouvrages de d’Audiguier devaient constituer l’une des sources du dictionnaire « à citations », projeté par Chapelain et l’Académie en 1638 (cf. Pellisson, éd. Livet, 1858, vol. I, p. 104). Ajoutons que Sorel, en citant la traduction des Nouvelles, parle de D’Audiguier comme d’« un de nos bons traducteurs » (Bibl. Franc., éd. de 1667, p. 261) et que selon Antonio la version de Rosset et D’Audiguier était estimée de son temps.
« Composées entre la première et la seconde partie de Don Quichotte, les Nouvelles exemplaires représentent le monument le plus achevé de l'œuvre narrative de Cervantes. Le cadre conventionnel de la nouvelle italienne se brise ici — même dans les nouvelles du premier groupe — pour atteindre un équilibre esthétique intérieur qui ne dépend plus de règles apparentes et fixes. Cervantes part de la tradition pour cueillir, au-delà de toute convention, les aspects de cette humanité qui s'agitait sur les places et dans les rues de l'Espagne de son temps. Il arrive à ce résultat par l'emploi de procédés esthétiques entièrement nouveaux, dont il est l'initiateur : grâce à un dialogue serré et vif, le récit progresse, sans une faille, traduisant fidèlement l'évolution psychologique des personnages ; point de notations qui ne soient déduites, et toujours avec bonheur, de la situation elle-même ; la peinture est sobre, juste ; le style, brillant et précis ; la vie s'y reflète dans ses aspects multiples : tour à tour tragique et comique ; dans certains récits où s'affrontent les instincts élémentaires de la vie — et qui comptent parmi les meilleurs —, on assiste à la naissance d'une poésie brutale et cependant jamais vulgaire : car si rien n'échappe au regard pénétrant de l'auteur, rien non plus qui ne soit évoqué avec amertume : mais constamment ce sourire ironique, légèrement résigné, et somme toute bienveillant, où s'exprime un amour malheureux mais attentif des hommes. » Trad. par Louis Viardot (Garnier) et Jean Cassou (Gallimard, 1937).
Les Nouvelles de Cervantes ont été beaucoup lues en France, dès leur publication. Nous pouvons citer au moins un Français, érudit de valeur, qui ne tarda pas à acheter son exemplaire de la première édition espagnole ; c'est Jacques-Auguste de Thou, mort en mai 1617. Plus tard, vers 1660 peut-être, c’est Racine qui lira les Nouvelles, en espagnol ; et Huet en possédera des exemplaires.
Pour les professeurs et les amateurs d’espagnol, ce texte de Cervantes fait autorité en matière de langue.
Mais ce qui nous semble bien autrement important c’est l’attitude des écrivains français vis-à-vis des Nouvelles, et leurs nombreuses allusions à celles-ci comme à un genre littéraire jusque-là inconnu en France.
Les premières éditions françaises en espagnol des « Nouvelles » ou « Novelas », comptent parmi les livres les plus rares et les plus chers d’Occident. Brunet écrit à propos de l’originale espagnole de 1613 « Première édition de ces nouvelles, si rare, qu’en 1828 Salvà n’en connaissait pas un seul exemplaire en Espagne » et à propos de celle de 1614 « Seconde édition, presque aussi rare et aussi recherchée que la première ; elle est imprimée en plus petits caractères ».
Quant à Deschamps, il écrit en 1876 à propos de l’exemplaire Brunet de 1613 : « Un bel exemplaire de cette édition si rare, payé jadis 5 fr. par M. Brunct, a été revendu 1,550 fr. à sa vente ; il est aujourd'hui en Amérique. », soit un prix en franc OR multiplié par 310 entre l’achat et la vente de Brunet.
Les éditions françaises, tout aussi rares et fort importantes, sont les suivantes : 1614 (non vue) ; Paris, 1618 (non vue) ; 1620, 1 exemplaire à la BnF ; 1621, le nôtre, seul exemplaire répertorié ; Paris, J. Guerreau, 1623 ; Paris, 1640, in-12 ; 1662 in-12 (1 seul exemplaire répertorié).
