Mémoires touchant la vie et la mort de... Duc de Berry
Chateaubriand et l’assassinat du duc de Berry.
L’exemplaire de la duchesse de Berry sa veuve, conservé dans sa première reliure de deuil armoriée et fleurdelysée, qu’elle offrit « À Mr l’Evêque d’Amiens - 1820 », son aumônier.
Provenance : Duchesse de Berry ; Evêque d’Amiens.
In-8, maroquin noir à long grain, double encadrement de roulettes à froid sur les plats, armoiries au centre, fleurs de lys aux angles, dos à nerfs orné, doublures et gardes de tabis citron portant la mention en lettres d'or « Donné par S.A.R. Madame la Duchesse de Berry à Mr l’Évêque d’Amiens, 1820 », tranches dorées. Reliure de deuil de « Simier relieur du roi ».
202 x 124 mm.
Chateaubriand, F.-R. de. Mémoires, lettres et pièces authentiques touchant la vie et la mort de S.A.R. Monseigneur Charles-Férdinand d'Artois, fils de France, Duc de Berry, par le Vte de Chateaubriand.
Seconde édition.
Paris, Le Normant, 1820.
Seconde édition originale.
Le 13 février 1820, le duc de Berry s'écroule sur les marches de l'Opéra, rue Richelieu, à Paris. Il vient d'être frappé d'un coup de couteau par un ouvrier, Louis Louvel.
La victime est le neveu du vieux roi Louis XVIII et la seule personne susceptible de donner un héritier à la famille royale.
L'assassin est un républicain fanatique qui a voulu éteindre par son geste la dynastie des Bourbons. Son crime suscite une émotion immense. Les ultra-royalistes accusent de laxisme le chef du gouvernement Decazes. « Le pied lui a glissé dans le sang », écrit l'illustre Chateaubriand.
Pourtant, très bientôt l'espoir renaît chez les Bourbons. On apprend que l'épouse du duc de Berry est enceinte ! Le 29 septembre, elle donne le jour à un fils posthume, Henri.
Les poètes Alphonse de Lamartine et Victor Hugo joignent leur jeune talent aux réjouissances qui accompagnent la naissance de cet « enfant du miracle ».
Une souscription publique est organisée pour lui offrir le domaine de Chambord. D’où le titre de comte de Chambord qui sera désormais le sien.
« Le duc de Berry, deuxième fils du comte d'Artois (1778-1820) suivit son père dans l’émigration. En 1814, il revint en France à la suite des alliés. Lorsque Napoléon revint de l'île d'Elbe, le duc de Berry fut nommé chef de l'armée qu'on voulait réunir devant Paris et qui se réduisit à un nombre imperceptible de fidèles. Après la seconde restauration le duc de Berry fut tenu à l'écart du pouvoir par Louis XVIII, et il épousa, en 1816 la princesse Caroline de Naples, sœur de la reine Christine, reine d'Espagne Le 13 février 1820, à la sortie de l'Opéra, il fut assassiné par Louvel. Sept mois après sa mort sa femme accoucha d'un fils, le Duc de Bordeaux. »
En 1832 la duchesse de Berry, humiliée et meurtrie par l'exil, après la Révolution de juillet, résolut de tenter une restauration par les armes. Cette tentative devait se révéler vaine et désastreuse, le parti royaliste ayant été -abattu d'un seul coup.
Chateaubriand, quant à lui, après avoir donné sa démission de la chambre des Pairs à la Révolution de Juillet, s'était retiré de la vie politique. Sa seule intervention notable fut justement par la suite sa participation aux intrigues de la duchesse de Berry et des légitimistes.
C'est ainsi que dans une lettre du 12 novembre 1832, Chateaubriand devait demander à la duchesse la faveur d'être choisi parmi ses défenseurs ce qui était « la dernière ambition de la vie ».
Précieux exemplaire imprimé sur papier fin de Hollande conservé dans sa première reliure de deuil en maroquin noir.
La Duchesse de Berry fit relier quelques exemplaires de façon identique qu’elle offrit aux compagnons de son mari et à ses proches. Elle offrit celui-ci « A Mr l’Évêque d’Amiens, son aumônier ».
Le 5 mai 1998, il y a 26 ans, l’exemplaire identique - en même reliure, armoiries, provenances, édition, nombre de pages, « donné par S.A.R. Madame la Duchesse de Berry à Mr Le Comte de Brissac » était vendu 45 000 FF (environ 7 000 €).
