Les Oraisons
Superbe exemplaire des Discours de Cicéron relié en maroquin de l’époque aux armes et chiffre couronné du Roi Louis XV (1722-1774).
Provenances : Louis XV, Paul Louis Weiller.
8 volumes in-8, maroquin rouge avec triple filet doré sur les plats, encadrant les armes de Louis XV, dos à nerfs avec chiffres couronnés et fleurs de lys, double pièce de titre, en maroquin vert, coupes décorées, dentelle intérieure, tranches dorées. Reliure armoriée de l’époque.
165 x 94 mm.
Cicéron. Les Oraisons. Traduites en françois sur la nouvelle édition d’Hollande 1724 avec des remarques par M. de Villefore.
Paris, Gandouin, 1731.
Les Oraisons ou Discours de Cicéron constituent la partie la plus riche de son œuvre, car elles sont en rapport étroit avec les diverses circonstances importantes de sa vie.
On peut les diviser en trois groupes : les discours pré-consulaires (81-63), les discours consulaires (63) et les discours post‑consulaires (63-43).
Si l’on ajoutait à ces cinquante-huit discours une cinquantaine d’autres que nous ne possédons plus ou qui nous sont parvenus seulement à l’état de fragments, nous aurions un tableau complet de l’activité oratoire de Cicéron, l’homme le plus éloquent de toute la latinité ; au cours des siècles, peu d’orateurs l’ont égalé.
Ce don naturel de l’éloquence fut à la fois, pour lui, un moyen et un but : moyen qui lui permit d’entrer dans la politique où il n’aurait pu parvenir ni par l’argent ni par sa noblesse trop récente ; but également, car son goût instinctif dûment cultivé a réussi à créer une œuvre qui lui a valu à travers les siècles une admiration et une gloire sans égales. De là est né un problème fameux : Cicéron doit-il être modèle unique et exclusif pour qui veut employer le latin comme langue vivante ? La diversité des sujets, la richesse des expressions, l’admirable structure logique et la syntaxe des périodes, la clarté et l’harmonie des phrases ont fait identifier pendant des siècles l’éloquence de Cicéron à la latinité elle-même. Il n’empêche qu’en dépit de cette exagération la valeur littéraire et artistique de sa prose demeure indiscutable. Il ne faut pas la considérer uniquement comme un modèle dont on imite le style, mais comme un chef-d’œuvre de clarté dans l’art de discourir, comme un témoignage humain, vivant, palpitant, de la passion politique de Cicéron, de ses crises morales, de son amour des lettres ; il est vrai que défauts et qualités s’enchevêtrent et se mêlent, et qu’il est bien souvent impossible de discerner ce qui demeure vivant de ce qui est caduc. Le débat entre accusés et accusateurs, le nom des personnages connus et de ceux qui sont obscurs, tout cela ne touche pas à la grande histoire de Rome, mais relève de la chronique, de l’anecdote et des coulisses de la scène politique. Mais l’œuvre va plus loin ; chacun de ces Discours renferme un problème plus général ou, pour mieux dire, universel.
Le coupable, l’innocent, le magistrat, le sicaire sont des personnages qui ne font que passer. Derrière eux, c’est tout le peuple romain qui apparaît à la veille des grandes expéditions militaires, des émeutes, des révolutions et des coups d’État, ce peuple que l’on saisit, grâce à lui dans sa vie réelle et mouvementée.
Cicéron avait voué son existence à l’idéal républicain ; il devait mourir en même temps que tombait l’autorité des magistratures républicaines. On pressent dans ces Discours le déclin des anciennes institutions et l’acheminement de Rome vers l’Empire.
Magnifique exemplaire relié en maroquin de l’époque aux armes et chiffre couronné du roi Louis XV.
Louis XV, arrière-petit-fils de Louis XIV et troisième fils de Louis, duc de Bourgogne, et de Marie-Adélaïde de Savoie, né à Versailles le 15 février 1710, porta successivement les titres de Duc de Bretagne, de Duc d’Anjou et de dauphin (1712) ; il succéda à son bisaïeul le 1er septembre 1715, à l’âge de cinq ans ; la régence fut alors confiée à Philippe, duc d’Orléans, qui le fiança en 1721 à Marie-Anne-Victoire, infante d’Espagne, sa cousine germaine, mais des raisons politiques firent échouer ce mariage ; le roi fut sacré à Reims le 25 octobre 1722 et déclaré majeur le 16 février 1723 ; le 5 septembre 1725 il épousa à Fontainebleau Marie-Charlotte-Sophie-Félicité Leczinska, fille de Stanislas, roi, détrôné, de Pologne dont il eut dix enfants. Louis XV reçut le surnom de Louis le Bien-Aimé, à la suite d’une maladie qui faillait l’emporter, à Metz, en 1744. Il mourut à Versailles le 10 mai 1774. Sous son règne la Lorraine avait été réunie à la Couronne en 1766 et la Corse achetée aux Génois en 1768.



