La vérité des fables
2 volumes in-8, maroquin bleu, triple filet doré encadrant les plats, armoiries frappées or au centre, dos à nerfs ornés de pièces d’armes, coupes ornées, roulette intérieure dorée, tranches dorées.
Reliure de l’époque.
167 x 107 mm.
Desmarets de Saint Sorlin, Jean. La vérité des Fables ou l’Histoire des Dieux de l’Antiquité.
Paris, Henry Le Gras, 1648.
Edition originale fort rare deLa Vérité des Fables de Jean Desmarets de Saint-Sorlin (1595-1676).
Tchemerzine, II, 827.
Jean Desmarets fut un savant aux talents multiples : arts et sciences, littérature, musique, peinture, architecture, philosophie, théologie, il cultiva tous les domaines de la pensée.
Ancien élève des jésuites, il fit ses débuts littéraires en 1632 avec un roman pseudo-historique, L’Ariane. Grâce à son talent littéraire, il devint membre de l’Académie française dès son origine, attirant ainsi sur lui l’attention de Richelieu, qui fit de lui un de ses favoris.
Il le nomma conseiller du roi, contrôleur général de l’extraordinaire des guerres, secrétaire général de la Marine du Levant.
La mort de Richelieu, en 1642, changea tout pour Desmarets. Mazarin ne lui accorda pas la même faveur. Se sentant isolé, il se jeta à corps perdu dans la dévotion. Pendant près de dix ans, il suspendit presque complètement ses publications. Son silence cependant n'était pas inactif : c'était au contraire un recueillement fécond. Et à partir de 1653, durant plusieurs années, ce fut une véritable cascade d’œuvres religieuses et morales, fruit de sa retraite
« La Vérité des fables est un roman, mais presque personne ne l’a reconnue comme tel. Elle est introuvable dans les bibliographies des romans du XVIIe siècle. Seul Gillot a compris la signification de ce livre.
Un manuscrit grec renfermé dans un petit coffre de fer accroché à l’ancre d’un vaisseau dans le golfe persique… Accompagnant le manuscrit il y avait une lettre d’Euhémère Messénien à Cassandre roi de Macédoine et de Grèce. Euhémère étant menacé de mort écrit au roi pour demander son secours. Cassandre lui avait ordonné d’entreprendre un voyage afin de prouver que les prétendus dieux n’étaient que des hommes…
Grâce à Euhémère, les prétendues divinités que les premiers apologistes avaient cru détruire en les réduisant au niveau d’hommes sont devenues, pour le Moyen-Age, des personnages historiques que l’on vénérait pour leurs grandes qualités humaines, et cette réputation s’est prolongée dans la Renaissance.
Après ce début évhémériste, on tombe vite dans le romanesque : une galère arrive sur la côte de Sicile, près du mont Etna et une princesse en débarque. Elle doit décider si elle doit rester fidèle à son vœu de virginité ou consentir à épouser un prétendant. Le débat est interrompu par une bande de sauvages qui entoure la princesse. Elle est au désespoir mais arrive une île flottante sur laquelle se trouve un prince, Apollon, qui attaque les sauvages…
La Vérité des fables est un roman baroque des plus invraisemblables rempli d’épisodes et de péripéties. L’île permet à Desmarets d’exploiter ses connaissances géographiques : Apollon arrive au Rio de la Plata, il remonte la côte ouest de l’Amérique du sud et explore le Pérou, puis arrive à Ceylan…
La Vérité des fables est un roman maritime, comme le Polexandre de Gomberville, un roman pseudo-historique comme l’Ariane et la Rosane de Desmarets ; c’est un roman d’aventures et un roman précieux ; c’est aussi par endroits un roman pastoral » (James Dryhurst).
Fort bel exemplaire relié en maroquin bleu du XVIIè siècle aux armes de laComtesse de Verrue (1670-1736).
« Admirablement douée, aimant jusqu’au délire les lettres et les arts, elle se forma une galerie de tableaux, d’estampes, de dessins, de sculptures et autres produits de l’intelligence les plus rares et les plus précieux.
Sa bibliothèque était surtout remarquable parmi tant de remarquables choses : un diamant serti d’or.
Sous l’ébène délicatement fouillée se pressaient, non sans coquetterie, des volumes d’un choix exquis, la plupart habillés par les meilleurs artistes de l’époque.
Intelligente et lettrée, elle amassait les livres, non comme un passe-temps d’oisif, mais pour en pénétrer l’esprit. Sa main délicate feuilletait, fiévreuse, les volumes de sa bibliothèque, et maintes fois l’aube surprit l’aimable femme les annotant comme aurait fait le plus grave des bibliographes. Le dépôt du Louvre conservait un exemplaire de l’ouvrage intitulé : De l’Usage des Romans, issu du trop fécond Lenglet-Dufresnoy. Il était littéralement couvert de notes manuscrites de la comtesse ».



