Lettres à sa nièce
Rare édition originale.Bel exemplaire, l’un des 25 appartenant au tirage de tête, sur Japon.
In-12 de (3) ff., 523 pp.Maroquin bleu, double encadrement de double filet doré sur les plats, dos à nerfs orné de filets dorés, coupes décorées, doublures de maroquin et de moire brodée, tranches dorées, couverture jaune et dos conservés. Reliure signée de Lortic.
183 x 115 mm.
Flaubert, Gustave. Lettres à sa nièce Caroline.Paris, Fasquelle, 1906.
Rare édition originale.Clouzot, 122 ; Carteret, I, 122 ; Talvart, VI, p. 12.
L’un des 25 exemplaires de tête sur Japon - il porte le N°7.
Cette correspondance regroupe 390 lettres reçues de 1856 à 1880, publiées par Caroline Franklin Grout (1846-1931), qui habitait la villa Tanit, à Antibes, baptisée ainsi en souvenir de Salammbô.C’est par Louis Bertrand, un des héritiers de la bibliothèque de Flaubert, que je connus Mme Franklin-Grout, Caroline Hamard, la nièce du grand homme. C’était villa « Tanit » à Antibes, en face de la villa « La Salle » où habitait Bertrand.
« Dès la première visite, je fus plongé dans l’atmosphère de Croisset, par cette parente si proche qui avait vécu avec l’auteur de Madame Bovary et aussi par le décor qui l’entourait, le mobilier de son oncle, mille souvenirs qui parlaient de lui et dont elle évoquait le passé. Elle parlait de son oncle avec une cordiale vénération. Elle citait de ses propos et, bien avant la publication des Pensées de Flaubert qu’elle préparait, elle confirmait ce qu’elle dira dans son introduction : « Depuis trente-quatre ans, Gustave Flaubert n’est plus. Cependant, il ne m’a pas quittée, et ce qui m’est arrivé de meilleur m’est venu de lui, par lui. Sa nature, disait-elle, avec la grande expérience qu’il avait de la vie et des hommes, n’était pas, à vrai dire, optimiste. Il en savait trop et quand il appréhendait l’avenir il avait bien raison car chaque année nous éloignait de la vie paisible et nous rapprochait d’une période de plus en plus tragique ».Une autre fois elle soulignait cette prescience en disant : « Mon oncle avait découvert que la créature la plus redoutable de la Nature, plus inquiétante que la bête la plus féroce, était finalement l’homme. »
« Souvent il me répétait aussi d’un air désabusé : « Vois-tu, il ne faut rien aimer. Tout se paie, surtout le bien qu’on a fait » (Ferdinand Bac).
Lorsqu’il parle des autres écrivains, Flaubert ne procède pas par jugements littéraires proprement dits mais par « réactions de tempérament ». Lorsqu’il veut complimenter Alphonse Daudet sur le Nabab, il lui écrit : « Vous pouvez vous frotter les mains et vous regarder dans la glace en vous disant : Je suis un mâle ! ». Même compliment à Zola, même remarque à propos de Tolstoï. Dans son adolescence, son œuvre littéraire se construit dans un rapport évolutif avec sa pratique épistolaire (C. Gothot-Mersch, Sur le renouvellement des études de correspondances littéraires : l’exemple de Flaubert).
« La Correspondance de Flaubert est un irremplaçable document » (Gérard Genette).
« Il ressort de la Correspondance une puissance rare : le lecteur sent vivre un homme et l’imagine, le suit dans ses joies et ses peines comme le personnage principal d’un roman, il s’émeut avec lui et apprend à vivre avec lui, grâce à lui. La Correspondance de Flaubert est davantage que le roman conçu par Stendhal, ce miroir promené le long d’un chemin : c’est un morceau de vie, de celle de Flaubert comme de celle du lecteur. Gustave Flaubert, tel que sa correspondance des années 1830-1857 nous le fait découvrir est une conscience en formation. » (T. Poyet, Flaubert ou une conscience en formation.)

