La Légende des siècles
Très précieux exemplaire, l’un des rarissimes sur Hollande, spécialement relié à l’époque en maroquin rouge par Chambolle-Duru pour le bibliophile Henri Bordes dont les pièces d’armes ont été apposées aux angles des plats et sur le dos.
5 volumes in-8, maroquin rouge, croissants dorés entrelacés aux angles des plats et sur les dos, dentelle intérieure dorées, tranches dorées. Reliure de l’époque signée de Chambolle-Duru actif de 1863 à 1898.
231 x 148 mm.
Hugo, Victor. La Légende des Siècles Première [et nouvelle] série.
Paris, Michel Levy frères, 1859-83.
Édition originale complète des 5 volumes imprimés de 1859 à 1883 de « cet ouvrage capital de Victor Hugo ». (Carteret).
Clouzot, pp. 149-150 : « quelques très rares exemplaires sur papier de Hollande » -- Carteret, I, pp. 419-420 : « quelques exemplaires sur Hollande qui sont d'une grande rareté » -- Vicaire, IV, 323-325.
Un des très rares exemplaires sur papier de Hollande. Les deux premiers tomes ne comportent pas de justification, les deux tomes de la nouvelle série sont tirés à 40 exemplaires sur ce papier de Hollande ; le tome V (dont la couverture et le dos sont conservés) à 25 exemplaires sur Whatman.
C’est le dixième et le plus vaste de tous les recueils de poèmes de l’écrivain.
Il y avait longtemps que Hugo caressait le projet de réaliser cette « grande épopée mystérieuse », ce « poème de l’homme » : ce monde qui est « entre l'Éden et les ténèbres ». Il en parle déjà éloquemment dans la préface des Rayons et des Ombres. Certaines des pièces de La Légende des siècles sont datées de 1840 ; on peut donc dire que l'élaboration de cet immense poème dura près de quarante ans. La réalisation elle-même prit à Hugo plus de vingt ans. Il l'entreprit d'abord dans l'exil, à Guernesey, puis à Paris, au milieu de la gloire et de la vénération qui entourèrent ses dernières années.
Il veut y mettre toute son expérience de l'homme, une vision complète de son histoire, envisagée du point de vue de la conquête progressive de la liberté, de l' « épanouissement du genre humain de siècle en siècle ». Il veut y montrer « l'homme montant des ténèbres à l'idéal, la transfiguration paradisiaque de l'enfer terrestre, l'éclosion lente et suprême de la liberté, droit pour cette vie, responsabilité pour l'autre ».
Dans sa préface à la « Première série » (cette préface est de 1857 et non, comme l'affirme l'édition définitive, de 1859), il expose en ces termes comment il réalisera ce grandiose monument à l'Homme : « Exprimer l'humanité dans une espèce d'œuvre cyclique, la peindre, successivement et simultanément sous tous ses aspects, histoire, fable, philosophie, religion, science, lesquels se résument en un seul et immense mouvement vers la lumière [...] Ces poèmes se passent l'un a l'autre le flambeau de la tradition humaine, « quasi cursores ».
L’ouvrage contient des éclats de génie poétique indéniables. L’œuvre demeure l’un des monuments les plus remarquables de la littérature du XIXe siècle.
Magnifique exemplaire sur grand papier, l’un des rarissimes conservés dans ses reliures de l’époque signées d’un grand maître.
Provenance : Antoine Bordes (ex-libris) -- Henri Bordes (ex-libris) -- Roger Hild (Paris, 1980, n° 224).



