Crispin rival de son maître

Lesage, Alain René
Paris, 1707.
Prix : 3 800 €

Édition originale rare de l’une des meilleures comédies de Le Sage.

In-12, maroquin rouge, triple filet doré, dos à nerfs orné, filets or sur les coupes, roulette intérieure, tranches dorées. Reliure signée de Trautz-Bauzonnet.

151 x 92 mm.

Lesage, Alain René. Crispin rival de son maître. Comédie. Par Monsieur Le Sage.
Paris, 1707

Édition originale rare de cette comédie d’Alain René Lesage (1668-1747).

Turcaret, ancien domestique devenu un riche financier trompeur et sans scrupules, fait bénéficier de ses prodigalités une Baronne qu'il aime et qui en fait à son tour profiter un jeune Chevalier dont elle s'est entichée. Grugé par tous, démasqué puis ruiné, il finit aux mains de la justice, tandis que le valet Frontin empoche son argent et triomphe : "Voilà le règne de Monsieur Turcaret fini ; le mien va commencer". L’étincelante pièce de Lesage est ainsi, en 1709, le miroir d'une époque où aristocrates désargentés et riches bourgeois partagent les mêmes distractions tandis que leurs valets songent à quitter la domesticité pour s'établir. Deux ans plus tôt, dans une petite pièce en un acte, Crispin se faisait le rival de son maître pour courtiser une jeune fille dont il empocherait la dot à sa place. Deux comédies de l'argent qui circule avec la même légèreté que les paroles dans un monde de fourberies allègres où l'on dupe à l'envi.

Crispin, domestique de Valère, un jeune homme de qualité, tente de faire fortune à l’insu de son maître en spéculant habillement sur certaines aventures de ce dernier. Valère aime Angélique, fille d’un bon bourgeois vaniteux, Oronte, qui la destine à Damis, le fils d’un de ses amis Crispin apprend de Labranche, valet de Damis, que ce dernier, ayant déjà contracté un mariage secret dans son pays, ne peut et ne veut consentir à l’union projetée par son père, Orgon, et par Oronte. Labranche, venu à Paris pour arranger les choses, offre à Crispin d’utiliser un stratagème pour tenter une entreprise qui sera à la fois une farce et une escroquerie. Labranche présente Crispin richement vêtu et le fait passe pour Damis. Sauf quelques bévues, Crispin s’exprime avec tant d’élégance, il discute si habilement qu’il gagne immédiatement la confiance de Mme Oronte. Mais le malin valet convoite la dot d’Angélique qui refuse d’épouser un homme qu’elle ne saurait aimer et qu’au surplus elle n’a jamais vu. Elle se révolte inutilement. Heureusement pour elle, Valère qui s’était tenu à l’écart, sur les conseils de son valet, découvre son intrigue et la comédie se terminera par le mariage des deux amants. Oronte se réconcilie avec Orgon, venu excuser son fils d’avoir manqué à sa promesse de mariage. On peut rapprocher cette pièce des représentations de la « commedia dell’arte » italienne : à l’exemple de Molière, l’auteur a voulu donner à l’élément comique un caractère de vivacité et d’éclat ; les plaisanteries sont dépourvues de grossièreté. Enfin, il a su mettre en relief le caractère des deux valets, fourbes, sans scrupule, sachant tirer parti des moindres occasions.

Des bibliothèques Robert Hoe et John Whipple Frothingham avec ex-libris.

Bel exemplaire.