Le Rommant de la Rose

Lorris, Guillaume de - Meung, Jehan de
Paris, Pierre Vidoue pour Galliot du Pré, 1529.
Prix : 25 000 €

Première et seule édition en lettres rondes imprimée à Paris pour Galliot du Pré en 1529, du célèbre ouvrage du Moyen Age poétique.

In-8. Titre en rouge et noir. Texte précédé de la « moralle du romant de la rose », attribuée à Clément Marot. Exemplaire réglé de rose.
Collation conforme à Bourdillon : π8 a-z8 §8 x8 aa-bb8cc4 : 412 feuillets.
Maroquin rouge, large décor aux petits fers dorés sur les plats et le dos, filets dorés en encadrement, doublure de maroquin vert également ornée d’un décor aux petits fers, tranches dorées, armoiries d’époque de la Comtesse de Verrue frappées or sur la première garde. 
Reliure en maroquin doublé de Trautz-Bauzonnet.

140 x 87 mm.

Lorris, Guillaume de et Meung, Jean de. Le Rommant de la Rose, nouvellement revue et corrigé.
Paris, Pierre Vidoue pour Galliot du Pré, 1529.

Première et seule édition en lettres rondes imprimée à Paris pour Galliot du Pré en 1529, du célèbre ouvrage du Moyen Age poétique.
Tchémerzine, IV, 299 ; Brunet, III, 1174 ; Adams, L-1518 ; Cat. Rothschild, I, 437 ; Cat. Brunschwig, 301 ; Fairfax-Murray, I, n° 329 ; ; Bourdillon, Q, pp.58-60 ; Brun, Le livre illustré en France, 294.

C’est la seconde édition du texte révisé par Clément Marot et la première de ce texte avec date.

« Première édition imprimée en lettres rondes. Elle est précédée d’une Exposition moralle du romant de la rose due à Clément Marot, qui a revu et corrigé le texte de Lorris. Elle est ornée de 50 figures sur bois à mi-page, à peine ombrées, et de deux factures quelque peu différentes ; les unes sont entourées d’un trait carré ; les autres, qui rappellent les artistes bâlois, sont comprises dans des cadres ornés de forme ovale. Le feuillet final porte la marque de Galliot du Pré(Brunet, III, 1174-1175 ; Cat. Rothschild, n°437) » (Edouard Rahir).

Ce poème allégorique est une des œuvres les plus importantes de tout le Moyen Age français et celle qui exerça la plus forte influence sur la littérature des siècles suivants. Il est composé de deux parties qui se font suite, mais ne sont pas de la même époque et ne procèdent pas du même esprit. La première partie fut écrite par Guillaume de Lorris (né au début du XIIIe, mort entre 1237 et 1240) vers 1225-1240. Guillaume de Lorris écrivit quatre mille vingt-huit vers et le poème resta interrompu à sa mort. L’œuvre connut sous cette forme un immense succès pendant près de quarante ans. Vers 1275, elle fut reprise par Jean Clopinel ou Chopinel, dit Jean de Meung (né vers 1250, mort avant 1305). Celui-ci l’augmenta d’environ dix-huit mille vers.
En fait, son propos est tout à fait différent de celui de son prédécesseur, et l’œuvre ainsi composée est singulièrement hétérogène. Elle n’en connut pas moins une faveur éclatante et unique dans l’histoire littéraire. C’est que les additions de Jean de Meung avaient redonné de l’actualité au poème et qu’elles représentaient des tendances très vivantes dans la société du temps. Du XIVe au milieu du XVIe siècle, ce fut l’œuvre la plus lue de toute la littérature française. 
Ce qui surprend toujours lorsqu’on aborde Le Roman de la Rose, c’est qu’il soit œuvre d’humanistes, procédant de deux esprits bien différents et explicitant de manière exemplaire l’évolution des esprits. Le poème de Guillaume de Lorris est un art d’aimer, et si tout l’amour courtois, qui va bientôt disparaître, s’y exprime, il est déjà tout imbu des Anciens, d’Ovide en particulier ; celui de Jean de Meung est une encyclopédie, où l’auteur rassemble en nobles discours toutes les données de la science et de la philosophie, c’est aussi un ample poème cosmologique. Ainsi, chacun, dans son genre propre, a réuni tout ce qu’il était possible de rassembler sur deux sujets aussi importants : mais alors que Guillaume de Lorris se tourne vers un passé qui bientôt n’existera plus, Jean de Meung entrevoit l’avenir et annonce le XVIe siècle humaniste. 
Par-là, Le Roman de la Rose œuvre la plus significative de tout le Moyen Age français, se trouve situé au tournant que prit, entre ces deux dates extrêmes de composition, l’esprit français : on y trouve, assez singulièrement réunis, deux courants de pensée qui sont en quelque sorte deux constantes principales de la littérature française.

L’illustration ravissante, en premier tirage, comprend une suite de 50 vignettes les unes dans les cadres ovales, les autres influencées d’art Bâlois et une jolie figure sur le titre imprimé en rouge et noir.

« There are thirty-one different cuts for the illustrations, which appear to be all designed on purpose for this edition. The prettiness of these woodcuts have made this edition much prized. It is the only edition not in Gothic letters » (Bourdillon).

« The illustrations are in a style which suggests Geoffroy Tory » (Fairfax-Murray).
Robert Brun dans Le livre français illustré de la Renaissance souligne lui aussi le charme de ces gravures « qui ont l’intérêt d’illustrer de très près le texte et de manifester un réel effort de renouvellement ».

Très proches du roman, ces vignettes composent ainsi autant de tableaux vivants évocateurs des mœurs du temps et de l’amour courtois. Une des vignettes évoque Jehan de Meung rédigeant son ouvrage.
Au verso du dernier feuillet blanc est apposée la marque de G. du Pré (Renouard, 262).

Les bibliographes soulignent la rareté des exemplaires en belle condition : « Les exemplaires bien conservés sont rares et très recherchés » (Brunet).

Exceptionnel exemplaire, l'un des plus beaux répertoriés (hauteur 140 mm) provenant de prestigieuses bibliothèques : Comtesse de Verrue (1670-1736) avec armories d’origine sur la garde, Paul Girardot de Préfond avec ex-libris, qui acquiert le volume en 1736 ; Mac Carthy-Reagh, en 1757 ; G. Hibbert jusqu’en 1829 ; Richard Heber jusqu’en 1836 ; Marquis de Rourre ; Baron Jérôme Pichon avec ex-libris ; Maximimien Louis de Clinchamps avec ex-libris ; Félix Solar qui acquit le volume en 1860 ; Louis Barthou avec ex-libris vendu à Paris en 1935 ; Auguste Blaizot ; Marc Loliée.

Le catalogue de la vente Louis Barthou cite la note de Clinchamp, inscrite sur une page de garde du volume, et suppose que l'exemplaire aurait été à nouveau relié pour Clinchamp lui-même : « exemplaire portant sur un feuillet de garde cette note autographe (avec l’ex-libris) de Max. Lud. de Clinchamp » cet exemplaire a successivement fait partie des bibliothèques de la Comtesse de Verrue, de Girardot de Préfond, de Mac-Carthy, de G. Hibbert de Rich. Heber etc. Ce volume était alors relié en maroquin bleu aux armes de la Comtesse de Verrue. Il m’a été cédé par M. Jérôme Pichon, qui le tenait du marquis de Roure ». Ex-libris de Paul Girardot de Préfond, et armes (découpées dans la reliure primitive) de la Comtesse de Verrue, sur une page de garde ».