Histoire secrète du prince Croqu'Etron et de la princesse Foirette
Très rare édition originale de ce conte scatologique œuvre inattendue de Marie-Madeleine de Lubert amie de Voltaire et autrice à succès de contes de fées.
Exemplaire conservé dans sa reliure en maroquin de l’époque.
In-12 de (1) f. de titre, [v], viij, 64 p., planche frontispice gravé.
Maroquin rouge de l’époque, triple filet doré encadrant les plats, dos lisse orné de fleurons dorés, filet or sur les coupes, tranches dorées. Reliure de l’époque.
140 x 80 mm.
Lubert, Marie-Madeleine de. Histoire secrète du prince Croqu'Etron et de la princesse Foirette. [sic pour secrète].
Gringuenaude, Vincent d'Avalos, & Fleurimont Morsant, rue du Gros Visage, à l'Enseigne du Privé Conseil, attenant l'Hôstellerie de la Fleur, s.d. [ca 1745].
Très rare édition originale de ce conte scatologique œuvre inattendue de Marie-Madeleine de Lubert (1702-1785), amie de Voltaire et autrice à succès de contes de fées.
P. Janet, Bibliotheca scatological, n° 28 ; Conlon, Siècle des Lumières, 43:509 ; Gay, col. 581.
Elle est enrichie d'une planche scatologique rajoutée en frontispice légendée : « Gros meusnier rend à la terre son vol ».
Le conte relate les amours malheureux de la jeune princesse Foirette (fille de Petaut, roi de Caca) pour le beau prince Croqu'étron.
A l'issue de diverses intrigues, les deux amants parviennent à se marier, mais sont enlevés par un rival éconduit, Gadouart qui les assassine en les asphyxiant au moyen de vapeurs nauséabondes.
Pour se venger, le roi Pétaut capture Gadouart et le fait enterrer vif dans les égouts de la cité de Latrine…
« Après avoir longtemps guerroyé, les rois Pétaut et Jean de Vesse finissent par s’entendre. Cette réconciliation favorise les vues de Croqu’étron, fils de Vesse, qui, très épris de Foirette, fille du roi Pétaut, en obtient un rendez-vous, dans lequel il fait tout ce qu’il peut pour se mettre en bonne odeur auprès de cette princesse et lui faire « sentir ce qu’il sent ». il y parvient sans peine et le mariage est bientôt conclu. A peine la lune de miel est commencée que le prince Gadouard, rival éconduit, enlève les deux amants et les met à mort. Le roi Pétaut, dans sa fureur, marche avec toute sa grosse artillerie contre ce prince sournois et fêlon, le fait prisonnier et le condamne à être enterré vif « dans l’abondance de la cité de Latrine », genre de supplice qui n’est pas nouveau. Des poésies de haut goût terminent cette histoire, assaisonnée de jeux de mots analogues au sujet » (Bibliotheca scatological, n° 28).
La critique a souligné, au-delà de l'intrigue, la fantaisie mise à l'élaboration de jeux de mots complexes, à la construction créative du vocabulaire, aux allusions et parodies qui émaillent le récit.
Le conte est suivi de neuf pages de « contes, devis & chansons » de la même veine.
L'œuvre de Mlle de Lubert a donné lieu à plusieurs travaux récents et à une large réévaluation.
Fille de magistrat, proche de Fontenelle et de Voltaire qui l’appelait familièrement « Muse et Grace », elle a fait partie du cercle intime de Françoise de Graffigny.
La critique moderne a mis en évidence le caractère fortement transgressif et licencieux de ces contes : « En faisant de la monstruosité le code et la mesure du potentiel érotique des personnages, les figures masculines sont hors du champ du désir. Les personnages féminins, par contre, permettent un échantillonnage assez complet des différentes tendances sexuelles » (M. Duggan, Le potentiel érotique dans les contes de Mlle de Lubert, « Sexualité, mariage et famille au XVIIIe siècle », p. 61 sq., U de Laval, 1998).
Exemplaire conservé dans sa reliure en maroquin de l’époque.

