L'Épreuve

Marivaux
Paris, F. G. Merigot, 1740.
Prix : 3 500 €

Rarissime édition originale de la dernière pièce donnée par Marivaux au Théâtre-Italien. Précieux exemplaire complet du feuillet d’errata qui manque presque toujours conservé dans sa reliure en maroquin rouge réalisée par Chambolle-Duru.

In-12 de 90 pp., (1) f. d’errata. Plein maroquin rouge janséniste, dos à nerfs, titre doré, double filet doré sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées sur marbrures, étui. Reliure signée Chambolle-Duru.

164 x 95 mm

Marivaux, Pierre Carlet de Chamblain de. L’Epreuve. Comédie. Par M. D***. Représentée pour la première fois par les Comédiens Italiens le 19 Novembre 1740.
Paris, F. G. Merigot, 1740.

Rarissime édition originale de la dernière pièce donnée par Marivaux au Théâtre-Italien.

Tchemerzine, IV, 418b ; Marivaux, Jean Fabre ; Œuvres complètes de Marivaux, P. M. Duviquet, V, p.433.

Notre exemplaire contient le feuillet d'errata, à la fin, qui manque presque toujours.

Comédie en un acte et en prose, « cette pièce eut beaucoup de succès et le méritait. Il en est peu que l’on voie plus souvent et avec plus de plaisir » (P. M. Duviquet).

Sa fortune s’est d’ailleurs maintenue jusqu’à nos jours : l’Epreuve est l’une des pièces les plus jouées de l’auteur.

« Lors de la première représentation de L’Epreuve, le samedi 19 novembre 1740, Marivaux savait-il qu’avec cette comédie en un acte il allait prendre congé de ses interprètes italiens et même du Théâtre ? Toute la dignité de Marivaux éclate dans l’Epreuve. Apparemment il ne s’agit que d’une variation légère sur un thème familier à l’opéra-comique, autant qu’à la comédie, d’une occasion de divertissement »(Jean Fabre).

L’œuvre de Marivaux (1688-1763) témoigne d’une personnalité littéraire qui compte parmi les plus remarquables de son siècle. Marivaux a lu avec passion les grands romanciers du XVIIe siècle, de Cervantès aux Scudéry. En 1720, Marivaux se tourne vers le théâtre et se présente en même temps sur les deux scènes officielles. Au théâtre Italien il propose une comédie en trois actes L’Amour et la Vérité et au Théâtre Français il donne Annibal.

D’après le témoignage de D’Alembert, il est peu satisfait par la façon de jouer des Français : « Il faut que les acteurs ne paraissent jamais sentir la valeur de ce qu’ils disent, et qu’en même temps les spectateurs la sentent et la démêlent à travers l’espèce de nuage dont l’auteur a dû envelopper leurs discours. Mais, j’ai eu beau le répéter aux comédiens, la fureur de montrer de l’esprit a été plus forte que mes très humbles remontrances ; et ils ont mieux aimé commettre dans leur jeu un contresens perpétuel, qui flattait leur amour-propre, que de ne pas paraître entendre la finesse à leur rôle. » En revanche, il trouve des interprètes qui lui conviennent parfaitement dans la troupe de Luigi Riccoboni appelée de Parme par le Régent en 1716, pour répondre aux souhaits des Parisiens qui regrettaient le départ des anciens Italiens.

Par sa nature, le dialogue marivaudien est en parfait accord avec le talent de comédiens rompus à la « commedia dell’arte », plus spontanés, et bien plus souples aux directives que ne le seront jamais les Français. Grace à eux, Marivaux apporte au Théâtre un ton singulier, neuf, inédit et le renouvellement de la dramaturgie qui se faisait attendre depuis Molière.

Moraliste et analyste du cœur, Marivaux est aussi un bon observateur de la société de son temps, de ses classes, de ses langages, voire de ses abus.

Provenance : bibliothèques Louis Barthou (II, 516) et Brayat, avec ex-libris ; ex-libris «FP ».

Rarissime édition originale : nos recherches ne nous ont permis de localiser des exemplaires qu’à la Bnf et à l’Université d’Oxford (exemplaire de 52 pages ?).