Journal du Voyage de Michel de Montaigne en Italie
Indispensable complément des Essais, ce voyage en Italie devait profondément marquer la sensibilité de Montaigne.
Son influence sera décisive sur le troisième livre des Essais.
La diversité des milieux, la variété des coutumes ont accru son sens de la relativité, en même temps que celui de l'unité de la nature humaine au travers de la différence des usages et des comportements.
Très bel exemplaire conservé dans son élégante reliure de l'époque.
2 volumes in-12 de : I/ (5) ff. y compris le portrait, cviii et 324 pp., (4) ff. ; II/ (2) ff. et 603 pp. (mal chif. 601). Veau glacé marbré, filet à froid encadrant les plats, dos à nerfs orné de filets et fleurons dorés, pièces de titre en maroquin rouge, coupes décorées, tranches marbrées. Reliure de l'époque.
165 x 96 mm.
Montaigne, Michel de. Journal du Voyage de Michel de Montaigne en Italie, Par la Suisse & l’Allemagne en 1580 & 1581. Avec des Notes par M. de Querlon. A Rome, et se trouve à Paris, Le Jay, 1774.
Edition originale duJournal de Voyage en Italiede Michel de Montaigne.
Le manuscrit inédit de cette relation, écrit en partie de la main de Montaigne fut découvert par l’abbé Prunis, parmi les papiers de l’ancien château de Montaigne.
Le 22 juin 1580, Montaigne quitte son château, où en neuf ans il a composé les deux premiers livres de ses essais. Il fait d'abord une pointe jusqu'à Paris, puis commence ce voyage qu'il n'a entrepris que pour connaître les bains les plus renommés contre le mal de la pierre et pour voir de nouveaux pays et de nouveaux hommes.
« Il s'arrête à Plombières, puis par Mulhouse, il parvient à Bâle d'où il repart pour Baden. En suivant le Rhin, il admire les chutes de Schaffhouse, s'arrête à Constance et remonte jusqu'à Ausbourg. Il dépasse Munich, franchit le Tyrol, par Bolzano et Trente et arrive à Vérone. A Venise, il s'enquiert de tout et, spécialement, des courtisanes, il visite ensuite Bologne, la Toscane, Florence, Par Sienne, Buonconvento, Viterbe, le voici à Rome, le 30 novembre. Il y demeure jusqu’au 19 avril 1581. Il parvient à Florence. Il admire Pise. Le 14 août, il s'en revient à Lucques. C'est dans cette ville qu'il apprend qu'il vient d'être élu maire de Bordeaux. Il revient alors à Rome. De là, il remonte à Sienne, Lucques, Sarzana, Plaisance, Pavie et ne fait qu'un bref séjour à Milan. Le dernier jour de novembre, il rentre chez lui. »
« C'est un malade à la recherche des lieux qui peuvent le guérir et qui note avec précision les cures, leurs effets, les menus, les endroits les plus agréables. Les particularités des mœurs, des hommes, même les plus insignifiantes, l'intéressent. C'est la Toscane avec sa nature charmante et heureuse qui l'enchante, avec ses paysans qui jouent du luth, ses bergères qui récitent des vers de l'Arioste, ses improvisateurs et ses comédiens. C'est, en un mot, l'Italie de la fin du xviè siècle où s'épanouit un art de vivre très délicat. Le troisième livre des Essais, cette leçon de sagesse, se ressentira de ce sens harmonieux de la vie que l'auteur a trouvé en Italie ».
« De septembre 1580 à novembre 1581, Montaigne voyage donc en Europe : Allemagne, Suisse, Italie… pour découvrir autrui dans sa différence et sa diversité : ce qu'on mange ne l'intéresse pas moins que ce que l'on pense, et à Rome il est aussi diligent à écouter la conversation des « femmes publiques » qu'à « ouïr des disputes de théologie » ou visiter les antiquités des vignes cardinalices » (Fausta Garavini-Gallimard).
« On considère en général le « Journal de Voyage » de Montaigne à travers l’Europe comme un document biographique et littéraire ; à ce titre il est déjà intéressant de pénétrer dans les coulisses des Essais, de distinguer du sujet de l’œuvre de sagesse le personnage historique. Mais les indiscrètes notations du malade ne doivent pas masquer l'infinie disponibilité d'une curiositéouverte avec intérêt aux rencontres, aux moindres manifestations des cultures étrangères, à l'écoute aussi bien des papotages de courtisanes romaines que des disputes théologiques » (Guy Demerson).
Indispensable complément des Essais, ce voyage en Italie devait profondément marquer la sensibilité de Montaigne.
Son influence sera décisive sur le troisième livre des Essais.
La diversité des milieux, la variété des coutumes ont accru son sens de la relativité, en même temps que celui de l'unité de la nature humaine au travers de la différence des usages et des comportements.
Provenance : bibliothèque Mr. Dubois, avec ex-libris.
Le Docteur Pottiée-Sperry vouait un culte au Journal de voyage de Montaigne.
