La confession d'un enfant du siècle
« Edition originale très rare et très recherchée » (Clouzot).
Précieux exemplaire à belles marges provenant de la bibliothèque Richtenberger (1856-1920), critique d’art.
Musset, Alfred de. La confession d'un enfant du siècle.
Paris. Félix Bonnaire, 1836.
2 volumes in-8, [2] f., 321 p. + [2] f., 330 p., demi-maroquin grenat à longs grains et à coins, dos à 4 nerfs plats ornés d’une roulette dorée, auteur, titre, tomaison et date dorés, caissons bordés d’un filet et ornés de grands fers dorés, filet doré aux plats, tête dorée. A. Farez.
214 x 130 mm.
Édition originale de ce roman largement autobiographique et au ton hautement romantique qui reste l'un des plus subtiles documents jamais écrits sur « la maladie du siècle ».
Les bibliographes sont unanimes à souligner l'insigne rareté de cette édition originale.
« Ouvrage d'une grande rareté » (Carteret, II, 192).
« Édition originale très rare et très recherchée » (Clouzot, 216).
Le récit s'est nettement inspiré, mais avec une large transposition des amours de l'auteur et de George Sand. Octave, qui est sincèrement épris, découvre que sa maîtresse le trompe avec un de ses amis pour lutter contre sa douleur, et après avoir blessé son rival dans un duel, il s'adonne à la débauche, où il perd la pureté de son âme et toute foi. A la mort de son père, il se ressaisit, et se retire à la campagne. C'est là qu'il fait la connaissance de Brigitte Pierson, dont il devient amoureux. Elle est légèrement plus âgée que lui, délicate et austère ; il parvient à se faire aimer d'elle. L'idylle est brève, car en son cœur perverti, incapable de croire à la vertu et à l'amour, surgissent des doutes et des soupçons. Il scrute avec méfiance le passé de Brigitte, se divertit à exciter sa jalousie et à lui révéler ses tristes expériences ; il souffre chaque fois lui-même de sa méchanceté, demande son pardon et l'obtient de cette femme aimante. Après une nouvelle scène, plus pénible encore, ils se réconcilient décident de partir, espérant recommencer une vie nouvelle en s'expatriant. Entre-temps survient un troisième personnage, Smith, homme honnête et modeste, qui aime Brigitte et réussit à se faire aimer d'elle. Octave le devine, et Brigitte ne le nie pas : les nombreux torts d'Octave à son égard ont tué son amour ; mais, par devoir, elle est toujours disposée à suivre Octave. Pendant son sommeil, Octave veut la tuer pour qu'elle n'appartienne pas à un autre ; mais la vue d'un crucifix sur sa poitrine l'arrête. Il trouve alors la force de renoncer à Brigitte et accepte qu'elle parte avec Smith. Smith ne rappelle que vaguement le docteur Pagello, Brigitte est très différente de George Sand, et meilleure ; il est indéniable que beaucoup de détails (telle cette tasse à thé dans laquelle le jeune homme soupçonne que son amie a bu avec un autre) rappellent l'aventure vénitienne, et Octave n'est pas loin de Musset rongé par le doute et l'analyse.
Mais le livre qui, au sens large du mot, peut être considéré comme une autobiographie, a la valeur d’un document spirituel sur la jeunesse née à l'époque de Napoléon et qui a grandi avec le regret de cette gloire, mésusant de forces inemployées. Le ton hautement romantique n'enlève rien à la vérité du document et ne diminue en rien la poésie et l'humanité du drame intime qui oppose Octave et Brigitte.
Exemplaire brillamment établi par Afred Farez, dans le plus pur style romantique. Successeur de Carayon, Ferez exerça à Paris de 1909 à 1930. Les marges ont été conservés.
Provenance : Eugène Lazare Richtenberger (1856-1920), critique d’art (vente 1921, n° 464 ; ex libris gravé).
