Le Diable au corps

Nerciat, Andrea de
Sans lieu, 1803.
Prix : 16 000 €

Édition originale célèbre et très rare du Diable au corps maintes fois condamnée, réimprimée en Allemagne, en Italie, etc.

L’un des exemplaires du tirage restreint de luxe au format in-8 avec les 20 figures érotiques en état avant la lettre.

3 volumes in-8 de : I/ (4), X, 253 pp., 8 planches ; II/ (4), 252 pp., 7 planches ; III/ (4), 234 pp., 5 planches. Maroquin prune à grains longs, dos lisse orné de fleurons à froid et de filets dorés, frise dorée d’encadrement sur les plats, coupes décorées, roulette intérieure dorée, tranches dorées. Canape.

200 x 122 mm.

Nerciat, Andrea de. Le Diable au corps. Œuvre posthume.
Sans lieu, 1803.

Édition originale célèbre et très raredont « il n’a été tiré qu’un petit nombre d’exemplaires de ce format (in-octavo) avec figures avant la lettre » selon l’avertissement placé en regard du titre, condamnée plusieurs fois : le 5 décembre 1826, le 9 août 1842, en 1852, etc.

Pia, Enfer, 333 ; Gay-Lemonnyer II, 887 ; Cohen, 750 ; Eros invaincu, 44. (3) ; Dutel, II, A-271 (41066).

Le Diable au corps a été réimprimé en Allemagne, s.l. (Stuttgart ?), 1842, 6 vol. in-32 de XII-208, 204, 188, 194, 259, et 216 p. avec tirage nouveau sur les anciennes planches de l’édition de 1803 (Scheible, 21 fl.). Il a été fait une nouvelle réimpression à Bruxelles en 1864.

« C’était une époque où l’amour était à la mode. Nous n’en avons plus idée aujourd’hui où l’on a tant parlé d’amour libre. L’amour, l’amour physique apparaissait partout. Les philosophes, les savants, les gens de lettres, les hommes, toutes les femmes s’en souciaient. Il n’était pas comme maintenant une statue de petit dieu nu et malade à l’arc débandé, un honteux objet de curiosité, un sujet d’observations médicales et rétrospectives. Il volait librement dans les parcs ombreux où le dieu des jardins prenait ses aises. Andréa de Nerciat (1739-1800) aima l’amour et il en étudia passionnément le physique, pénétrant les mystères des sociétés d’amour et les secrets de cette maçonnerie galante, qui, sans savoir toujours qu’elle répandait en même temps le goût de la liberté, propageait le culte de la chair en Europe » (Guillaume Apollinaire, Les Diables amoureux).

Les principaux personnages sont : la marquise, superbe brune, aux grands yeux noirs, belles formes ; la comtesse, laideron piquante, nez en l’air, blond ardent ; Philippine, charmante blonde, soubrette matoise ; le Tréfoncier, prélat allemand, traits agréables, nez de Faune, manières de petit-maître, tournure d’homme de cour ; Nicole, vigoureuse beauté, grands yeux noirs, grande et belle taille un peu forte.

L’illustration « dans la manière de Bornet » (Cohen) comprend 20 gravures sur cuivre non signées avant la lettre, tirées dans un cadre orné (qui fut enlevé lorsque la lettre a été mise dans l’édition in-12 parue la même année).

Le Diable au corps s’annonce comme l’œuvre posthume du docteur Cazzoné, que l’auteur avait simplement préparé pour la publication. « On se doute de l’artifice. Il s’agit de dialogues érotiques d’une licence complète. L’action (elle n’est que dans la progression amoureuse) se passe un peu avant la Révolution, à Paris. On voit par là que le Diable au corps précède les Aphrodites qui montreront « la société d’amour » prendre ses quartiers à la campagne lors des convulsions révolutionnaires.

« Chevalier de Saint-Louis en 1788, émigré et colonel dans l’armée prussienne auprès du duc de Brunswick en 1792, chambellan de la reine Caroline de Naples en 1798, envoyé par elle auprès du pape, emprisonné par les Français au Château-Saint-Ange, mort des suites de cette détention dès son retour à Naples en 1800, cet insaisissable Nerciat est aussi le dernier représentant du roman érotique léger, indécent et spirituel tel que le connaît son siècle depuis Crébillon, avant qu’apparaisse l’œuvre terrible de Sade. Le charmant Félicia ou Mes fredaines, maintes fois réédité et vraiment interdit, publié pour la première fois en 1775 à « Londres », a mérité son passage à la postérité.

On retiendra pour leur joyeuse immoralité deux petits textes dont la narration rapide et les tableaux sans voile font le piquant : La Matinée libertine (1787) et Le Doctorat impromptu (1788). Le titre complet des deux derniers ouvrages de Nerciat, écrits longtemps avant leur publication, en révèle plaisamment le ton et le contenu : Les Aphrodites, ou Fragments Thalipriapiques, pour servir à l’histoire du plaisir, publiées à « Lampsaque » (1793) et Le Diable au corps, œuvre posthume du très recommandable docteur Cazzoné, membre extraordinaire de la joyeuse faculté phallocoïto-pygo-glottonomique (1803) … » (Catherine Bonfils).

Bel exemplaire à très grandes marges dans une reliure signée Canape, un des très rares avec les figures avant la lettre dans le format in-8.