Opera Novissima Accurate Revisa
Première édition strasbourgeoise, très complète et entièrement revue présentant l’ensemble des œuvres de Pic de La Mirandole, condamné par le Pape comme hérétique en 1487.
In-folio de (12) ff. y compris le titre, 216 ff.
Demi-peau de truie estampée à froid sur ais de bois, traces d'attaches. Reliure de l'époque.
289 x 205 mm.
Pic de la Mirandole, Jean. Opera Novissima Accurate Revisa.
Strasbourg, Jean Pruss, 15 niais 1504.
Première édition strasbourgeoise, très complète et entièrement revue présentant l’ensemble des œuvres de Pic de La Mirandole, condamné par le Pape comme hérétique en 1487.
Muller, II, n° 24 ; Adams, P-1130 ; Schmidt, Prüss, n° 43 ; BM STC German, 695 ; VD16 : P2578 ; Einbanddatenbank : fers s024549 et s024550, atelier w003046.
Elle comprend le Disputationes adversus astrologiam divinicatrium qui ne sera publié qu'après sa mort.
Pic y condamne sévèrement les pratiques des astrologues de son temps et sape les fondements intellectuels de l'astrologie elle-même.
Né près de Modène en 1463 Jean Pic de la Mirandole, enfant précoce, doué d'une mémoire stupéfiante, fait très jeune des études en latin et en grec et est destiné par sa mère à l'Église. Quand cette dernière meurt subitement en 1479, Pic entreprend des études de philosophie à Ferrare. À Florence il rencontre Politien et Savonarole.
En 1485, il se rend à l'Université de Paris, le plus important centre de théologie et de philosophie scolastique d'Europe - et un bouillon de culture de l'Averroïsme latin.
En 1486, de retour à Florence, il fait la connaissance de Laurent de Médicis et de Marsile Ficin.
Le Pape déclare ses thèses non orthodoxes : « Elles sont pour partie hérétiques, et pour parti fleurent l’hérésie ».
Pic s’enfuit en France en 1488, où il est arrêté par Philippe II de Savoie, à la demande du nonce apostolique, et emprisonné à Vincennes. Grâce à l’intercession de plusieurs princes italiens – tous poussés par Laurent – le roi Charles VIII le fait relâcher et le pape se laisse persuader d'autoriser Pic à revenir à Florence pour y résider sous la protection de Laurent. Ce n'est toutefois qu’en 1493, après l'accession d'Alexandre VI (Rodrigo Borgia) à la papauté, qu'il est libéré des censures et restrictions imposées par le pape.
Pic est profondément ébranlé par cette expérience. Il se réconcilie avec Savonarole, à qui il demeure très attaché et persuade même Laurent d'inviter Savonarole à Florence. Mais Pic ne renoncera jamais à ses convictions syncrétistes.
Il s’installe près de Fiesole, dans une villa que Laurent a aménagée pour lui, où il écrit et publie le Heptaplus id est de Dei creatoris opere (1489) et le De Ente et Uno (1491). C’est là également qu’il rédige son autre ouvrage le plus célèbre les Disputationes adversus astroligiam divinicatrium, qui ne sera publié qu’après sa mort.
Pic de La Mirandole incarne l’une des figures les plus significatives du XVe siècle, époque de bouleversements et de transitions. Désireux d'effectuer une synthèse d'Aristote et de Platon à partir de la foi chrétienne ou encore de concilier arts libéraux, philosophie morale et théologie, fondateur de la cabale philosophique de la Renaissance, il fut ainsi considéré comme hérétique par le Pape Innocent VIII.
Précieux exemplaire, lu la plume à la main par un érudit de l’époque, dans une rare et belle reliure germanique en demi-peau de truie estampée sur ais de bois apparents.
L'ornementation de la reliure comprend deux fers losangés contenant l'un un aigle et l'autre une fleur qui sont caractéristiques de l'atelier dit Stempelblüte frei mit Krone II, actif dans le sud de l'Allemagne entre 1486 et 1538. Sur les neuf reliures attribuées à cet atelier par les bibliothèques publiques allemandes, deux recouvrent des livres imprimés à Strasbourg, en 1496 et en 1509. Par ailleurs, les gardes et contregardes de l'exemplaire présentent un filigrane à tête de taureau sommée de la lettre T.
Exemplaire d’Heinrich Krebser, avec ex-libris manuscrit et mention d'achat pour 15 livres d'argent, reliure comprise, en haut du titre : Est Henrici Krepsheri, emptus 15 a. lb. cum ligatura. Il comporte d'abondantes annotations marginales en latin, auxquelles s'ajoutent soulignés, accolades et manicules pointant du doigt les passages importants.
De la bibliothèque occulte Robert Lenkiewicz (2003, n° 253) vendu 22 500 € il y a 19 ans, puis 39 000 € le 5 juin 2011, il y a 11 ans (Réf : Livres précieux, n° 8).





