Recueil de sept tragédies
« Précieux et unique recueil de sept tragédies d’auteurs rouennais du grand siècle dont trois de Pierre Corneille et quatre rarissime éditions originales, composé spécialement pour Mademoiselle Thévenot, bibliophile du XVIIè siècle, fille du garde de la bibliothèque du roi Louis XIV et relié à l’époque à ses armes » (O.H.R., pl. 254).
De la bibliothèque Ch. Denesle (16 mars 1980).
In-12, veau granité, armoiries dorées au centre, dos orné, pièce de titre rouge, tranches mouchetées de rouge. Reliure de l’époque.
148 x 83 mm.
Corneille, Pierre (1606-1684). Bernard, Catherine (1663-1712), nièce de Corneille, Pradon, Jacques (1644-1698), Capistron (1656-1713), etc. Sept tragédies du grand siècle.
Précieux recueil de sept tragédies d’auteurs rouennais du grand siècle dont trois de Pierre Corneille et quatre, rarissimes, en édition originale, composé spécialement pourMademoiselle Thévenot, fille de Melchisédech Thévenot, garde de la bibliothèque du roi de 1682 à 1692 et auteur d’une compilation de récits de voyages, et relié à ses armes (Olivier, fer 254).
Il se compose des pièces suivantes, dont 3 sont de la plume de Pierre Corneille :
- Héraclius empereur d’Orient. Paris, 1682.
- Pompée. Paris, 1682.
- Sertorius. Imprimé à Rouen, et se vend à Paris, 1662.
Les autres pièces sont l’édition originale de : Pirame et Thisbé (Paris, Henry Loyson, 1674) de Jacques Pradon, lui aussi rouennais, né en 1644.
« L’une de ses tragédies Regulus a joui d’un succès durable au XVIIIè siècle au grand dépit de Voltaire qui voyait ses propres productions concurrencées.
Dans sa première tragédie, Pirame et Thisbé, créée en 1673 sur la scène du prestigieux Hôtel de Bourgogne, alors qu’il n’était qu’un auteur débutant Pradon fait preuve d’un véritable talent pour nouer une intrigue et maintenir l’intérêt du spectateur. Il s’agit de l’histoire touchante de Pirame et Thisbé dont l’amour se trouve constamment confronté à de nouveaux obstacles, d’abord la contrainte d’un père hostile puis l’amour injuste d’une reine, Amestris, et de son fils.
Oublié par la postérité, si ce n’est sous les traits peu flatteurs du rival malheureux de Racine, Pradon offre pourtant avec la tragédie de Pirame et Thisbé une œuvre agréable, non dénuée de qualités, qui sut gagner les faveurs du public.
Quand on excelle dans son art, et qu’on lui donne toute la perfection dont il est capable, l’on en sort en quelque manière, et l’on s’égale à ce qu’il y a de plus noble et de plus relevé. V** est un peintre, C** un musicien, & l’auteur du Pyrame est un poète ; mais Mignard est Mignard, Lulli est Lulli, et Corneille est Corneille.
Si Pradon n’atteint pas au génie de son modèle Corneille, il n’est pourtant pas dépourvu de talent poétique, notamment lorsqu’il s’agit d’exprimer l’amour de la gloire. »
Puis viennent en éditions originales rarissimes deux pièces de Capistron (1656-1713), « grand ami de Racine qui connut un succès considérable jusqu’à la fin de sa vie » : Andronic Tragédie dédiée « À Madame la Dauphine » imprimée à Paris en 1685 et Alcibiade Tragédie dédiée ainsi « À Madame la Dauphine » imprimée à Paris en 1686.
La dernière œuvre, elle aussi en édition originale, Brutus (Paris, Veuve de Louis Gontier, 1691) est une pièce composée par Mademoiselle Catherine Bernard (1663-1712) elle aussi rouennaise, qui, à l’en croire, était la nièce de Corneille.
« Après avoir été couronné plusieurs fois par l’Académie française et par celle des jeux floraux, elle fit représenter deux tragédies, Laodamie, en 1689, et Brutus, en 1690. Elle était parente des deux Corneille et de Fontenelle, à qui on ne manqua pas d’attribuer ce qu’il y avait de bon dans les tragédies qu’on vient de citer : on fit surtout honneur à Fontenelle de l’interrogatoire que Brutus fait subir à son fils, et que Voltaire n’a pas dédaigné d’imiter.
Melchisedech Thevenot (1620-1692) prenait plaisir à réunir des livres sur toutes sortes d’objets et principalement sur la philosophie, les mathématiques, la politique et l’histoire. Il cherchait l’occasion d’entretenir les personnes qui avaient parcouru les pays les plus éloignés et tâchait d’obtenir d’elles des relations et des mémoires. Sa connaissance de plusieurs langues de l’Europe et de l’Orient, ses rapports avec les savants et les voyageurs, sa place de garde de la bibliothèque du roi, à laquelle il fut nommé en 1684, lui donnèrent de grands moyens de satisfaire son goût pour les livres rares, surtout pour ceux qui concernaient la géographie et les voyages. Ce fut chez lui que se continuèrent les assemblées qui s’étaient tenues d’abord chez Montmor et qui ont donné naissance à l’Académie des sciences.
Sa famille, Mademoiselle Thévenot, fut elle-même bibliophile mais ses livres sont aujourd’hui d’une insigne rareté et Olivier n’en cite qu’un seul.
Remarquable volume de haute littérature de langue française provenant de la célèbre bibliothèqueCh. Denesle (16 mars 1980).
