Les Amours
Édition originale de L’Ode à Cassandre, Paris, 1553.
Exceptionnel exemplaire conservé dans son vélin doré et décoré de l'époque d'une grandeur de marges remarquable (hauteur : 158 mm contre 153 mm pour l’exemplaire Jean-Paul Barbier).
In-8 de (8) ff., 282 pp. [la pagin. Saute par erreur de 128 à 139 et de 169 à 180] et (1) f. errata.
Vélin doré, filet doré encadrant les plats, décor central aux petits fers dorés, dos à nerfs, pièce de titre sur maroquin rouge ajoutée au XVIIe siècle, quelques traces d’usures. Précieuse reliure de l’époque.
158 x 105 mm.
Ronsard, Pierre de (1524-1585). Les Amours de P. de Ronsard Vandomois, nouvellement augmentées par lui & commentées par Marc Antoine de Muret.
Plus quelques odes de l’auteur non encor imprimées. (3 ll. grec). Avec privilège du Roy. Paris, veuve Maurice de la Porte, 1553.
Unique exemplaire complet répertorié (voir J. -P. Barbier, n° 10 p. 41) de ce tirage de « l’édition en partie originale parue 7 mois après la première qui contient 44 pièces nouvelles soit 39 sonnets, 1 chanson et 4 odes dont la célèbre « Mignonne allons voir si la rose… » (TchémerzineScheler).
La première édition fut publiée l’année précédente, en 1552.
Le recueil de 1552 comprend cent quatre-vingt-trois sonnets, une Chanson et une Amourette.
« Cette deuxième édition des Amours est précieuse, non seulement pour les sonnets et pièces inédits qu’elle contient, mais parce que parmi ces pièces se trouvent deux œuvres célèbres : le Voyage aux Iles Fortunées, et surtout l’Ode à Cassandre « Mignonne, allon voir si la rose… ».
Et puis il y a le commentaire de Muret, inédit lui aussi, qui mettait d’un seul coup le poète de 29 ans au rang des auteurs classiques, puisque son œuvre méritait d’être abondamment expliquée aux lecteurs non avertis, que tant de nouveautés et de si savantes allusions mythologiques auraient pu dérouter » (Jean-Paul Barbier).
Ce recueil a pour inspiratrice une femme réelle, Cassandre Salviati, fille d’un banquier florentin établi à Blois. Ronsard la rencontra à un bal de la cour en 1545. Elle se maria peu de temps après, échappant sans doute aux prises du poète.
« Il ne faut pas lire « Les Amours » comme une œuvre autobiographique, mais comme le journal d’une vie amoureuse rêvée. Cette oeuvre appartient à la mode naissante des « canzoniere » pétrarquistes. C’est dire que le projet amoureux est élevé, ambitieux et quelquefois désespéré. Dans le prolongement de la tradition courtoise, l’amant considère la belle comme un être absolu, lieu de beauté de ravissement, lieu aussi d’une cruauté qui peut se manifester sans justification. Il se partage entre l’admiration, l’obéissance et le reproche. Une telle matière requiert un style « haut », riche en figures, dans lequel Ronsard se montre plus souvent grand poète qu’imitateur précieux. Les « Amours » sont redevables aussi à la tradition du néoplatonisme finicien : l’amour est une des « fureurs » qui permettent à l’âme de retrouver l’Un, son lieu d’origine ; dans la sérénité, la femme conduit l’amant à la Beauté. Mais, chez Ronsard, ces inspirations sublimées ne sont pas sans contrepartie. Violemment sensuel, l’amant de Cassandre est l’un des rares poètes pétrarquistes à revendiquer les droits de la chair. Il use ainsi de propos sans équivoque et d’images audacieuses.
Définir « Les Amours » de 1552-1553 comme abstraits, précieux et conventionnels, c’est ne les avoir lus qu’en surface. Ils révèlent au contraire un amoureux fou, pressé de rompre avec cette introversion qu’aimait le soupirant-transi : poésie sauvage sous un vêtement d’apparat. »
L’édition originale de 1552 est fort rare et très difficile à trouver en condition d’époque.
Aussi les amateurs se contentent-ils d’exemplaires en reliure moderne. Dans cette condition, l’exemplaire Rahir-Burton fut adjugé 87 800 € par Sotheby’s il y a 27 ans (21 avril 1998).
Il fut catalogué 650 000 FF (~ 100 000 €) par Pierre Bérès il y a plus de 25 ans.
Cette seconde édition en partie originale de second tirage que J.-P. Barbier qualifie de troisième édition est rarissime.
« Le recueil de 1553 (deuxième édition) est infiniment plus courant que l’édition princeps de1552. J’en ai vu quelques fois qui passaient dans les ventes aux enchères ou se trouvaient dans les mains de libraires. Il arrive que l’on y trouve ajoutée la seconde édition du supplément musical de 1552, qui comporte un avertissement en 15 et non en 18 lignes (ce n’est le cas ni ici ni dans l’exemplaire suivant). Par contre, la troisième édition mentionnée ici est extrêmement rare. En 40 ans, je n’en ai rencontré qu’un exemplaire bâtard où de nombreux cahiers avaient été prélevés sur une édition semblable à celle qui fait l’objet de cette notice. » (Jean-Paul Barbier).
Exceptionnel exemplaire conservé dans son vélin doré et décoré de l'époque d'une grandeur de marges remarquable (hauteur : 158 mm contre 153 mm pour l’exemplaire Jean-Paul Barbier).




