Le Parnasse des poètes satyriques
« C’est sans doute avec l’Augustinus, l’ouvrage qui eut au XVIIe siècle les plus grands retentissements littéraire » (Paul Jammes, cat. 210, n°359).
Dénoncé par le père Garasse comme « le plus horrible livre que les siècles les plus païens enfantèrent jamais », l’ouvrage entraîna dès sa publication en 1622 l’arrestation de Théophile de Viau.
Exemplaire conservé dans son vélin souple de l’époque.
Petit in-8 de 380 pp, vélin souple, rousseurs éparses. Reliure de l’époque.
158 X 100 mm.
Troisième édition, second tirage, très rare de cette œuvre phare du libertinage du XVIIe siècle (D. Courvoisier).
Tchemerzine, V, 867 ; Lachèvre, Le Procès du poète Théophile de Viau, I, pp. 480-484 ; Saba, Théophile de Viau, 2007, n°224 ; E. Pierrat, 100 livres censurés, 180-181.
« C’est sans doute avec l’Augustinus, l’ouvrage qui eut au XVIIe siècle les plus grands retentissements littéraire » (Paul Jammes, cat. 210, n°359).
Dénoncé par le père Garasse comme « le plus horrible livre que les siècles les plus païens enfantèrent jamais », l’ouvrage entraîna dès sa publication en 1622 l’arrestation de Théophile de Viau : d’abord condamné par contumace à être brûlé vif, le poète dut subir finalement les affres de deux années d’emprisonnement puis fut banni à perpétuité du royaume.
Les deux premières éditions du recueil parues en 1622 et 1623 ne sont connues que par une poignée d’exemplaires. Cette troisième édition n’est pas moins rare.
Fameux recueil de poésies licencieuses contenant notamment plusieurs pièces de Théophile de Viau, dont le nom figure au titre pour la première fois.
« Œuvre collective due au cercle des libertins dont Colletet, Motin, Berthelot, Maynard et Théophile de Viau » (Rahir Bibliothèque de l’amateur, 657). Guido Saba fait remarquer que le recueil contient « 19 pièces de Théophile de Viau ou qui lui sont attribuées avec fondement ».
« Le Parnasse satyrique qui causa tant de persécutions à Théophile de Viau est le plus célèbre de tous ces recueils de poésies sotadiques » (Gay-Lemonnyer).
Sa première publication en 1622 entraîna l’arrestation puis le procès de Théophile de Viau : on lui reprochait surtout le sonnet inaugural qui était signé de son nom, Phylis tout est foutu, je meurs de la vérole, dans lequel le poète libertin fait vœu de sodomie.
Incarcéré au Châtelet dans la cellule de Ravaillac, il attendit deux ans qu’on le juge – deux longues années pendant lesquelles il organisa sa défense et tenta de riposter à la cabale dévote qui réclamait sa tête. Incapable d’établir avec certitude la culpabilité de l’écrivain, le procureur Mathieu Molé, fit traîner en longueur la procédure.
« Cependant, les ennemis de Théophile cherchaient à influencer défavorablement l’opinion et à réveiller l’ardeur du parti ultra religieux » (Frédéric Lachèvre).
Ainsi, en 1625, deux nouvelles éditions parurent du Parnasse satyrique avec, pour la première fois, le nom de Théophile en vedette sur le titre et les pièces auparavant signées d’autres auteurs devenues anonymes (sauf une de Colletet).
« Cette criminelle machination préoccupa peu le Procureur général » selon Lachèvre. Viau fut condamné au bûcher avant que sa peine fût commuée en bannissement perpétuel.
Brisé par ces deux années d’emprisonnement, il mourut quelques mois plus tard à 36 ans à peine.
Son procès dépassait à l’évidence sa personne : la croisade que menèrent le jésuite Garasse et Mathieu Molé tendait d’abord à purger le royaume des libertins – dont Théophile de Viau était alors le symbole le plus éclatant.
Le recueil eut une fortune éditoriale remarquable dont témoigne la dizaine d’éditions successives au XVIIe siècle. Quand, en 1864, Auguste Poulet-Malassis, l’éditeur des Fleurs du Mal alors réfugié à Bruxelles, en donné une nouvelle édition, elle fut condamnée à la destruction : deux siècles et demi plus tard le Parnasse sentait toujours le souffre.
Le 9 décembre 2005 fut vendu à Paris un exemplaire de cette très rare troisième édition en reliure postérieure du XVIIIe siècle – maroquin rouge – décrit avec deux « petits manques de papier au titre et au feuillet D6 ». Il fut adjugé 21 304 €.
Très bel exemplaire en vélin souple de l’époque, condition d’exception pour ce livre réprouvé.



