Heures à l'usage d'Angers
Précieux manuscrit enluminé Rouennais, œuvre du Maître du Missel de Raoul du Fou et de Robert Boyvin, orné de 11 grandes peintures et 11 miniatures.
Rouen, vers 1485-1495
In-8, parchemin, II + 101 +II ;
Justification du calendrier : 96 x 62 mm. 16 longues lignes.
Justification du texte : 100 x 62 mm. 22 longues lignes, lacunes d’une miniature la Tentation d’Eve face à l’Annonciation, de laudes la Visitation entre les ff. 27-28, lacune des heures de la croix et du saint Esprit entre les ff. 32-33.
Ecriture bâtarde à l’encre noire. Reliure en cuir XIXe siècle.
175 x 115 mm.
Manuscrit enluminé rouennais œuvre de Robert Boyvin actif entre 1487 et 1503 et du maître du Missel de Raoul du Fou, actif à la fin du XVIe siècle.
Heures à l’usage d’Angers.
Rouen, vers 1485-1495.
TEXTE
Ff. 1-12v Calendrier 1 février s. Sever évêque de Rouen, 10 février sainte Austreberte vierge de Rouen, 10 juin s. Ursin évêque de Normandie, 11 aôut s. Taurin évêque d’Evreux, 22 octobre s. Mellon évêque de Rouen, 23 octobre s. Romain évêque de Rouen, 15 novembre s. Maclou évêque de Rouen, 30 décembre s. Ursin évêque de Bourges.
Ff. 13-16v Péricopes des 4 évangiles
Ff. 16v-19v Obsecro te, O Intemerata
Ff. 20- 53v Heures de la Vierge à l’usage d’Angers
Ff. 54-66 Psaumes de la pénitence suivis des litanies
Ff. 66v-88v Office des morts à l’usage d’Angers
Ff. 89- 94v Prières et les 15 joyes Notre-Dame
Ff. 95-101v Suffrages de saint Michel, de saint Jean apôtre et évangéliste, des ss. Pierre et Paul, de s. Jacques, de s. Laurent, de s. Sébastien, de s. Maurice d’Angers, de s. Nicolas, de s. Romain, de s. Germain, de s. Antoine, de sainte Marie-Madeleine, de sainte Catherine, de sainte Marguerite, de sainte Apolline
Beau manuscrit enluminé rouennais orné dans les Heures de 11 grandes peintures insérées dans de riches bordures et de 24 miniatures illustrant les occupations des mois et les signes du zodiaque dans le calendrier.
11 grandes belles miniatures et 24 petites.
F. 1 Un homme à table
F. 1v Verseau
F. 2 Un homme au coin du feu
F. 2v Poisson
F. 3 Emondage
F. 3v Bélier
F. 4 Couple dans un jardin
F. 4v Taureau
F. 5 Couple sur un cheval
F. 5v Gémaux
F. 6 Fenaison
F. 6v Capricorne
F.7 Battage du blé
F. 7v Lion
F. 8 Tamisage du raisin
F. 8v Vierge
F. 9 Vendange
F. 9v Balance
F. 10 Semeur
F. 10v Scorpion
F. 11 Glandée
F. 11v Sagittaire
F. 12 Egorgeage du cochon
F. 12v Capricorne
F.13 Saint Jean sur l’île de Patmos, l’aigle tient l’encrier dans son bec
F. 20 Annonciation l’ange salue la Vierge dans un intérieur d’église.
F. 26 Nativité sous une étable Joseph prie l’Enfant Jésus.
F. 40 Annonciation aux bergers
F. 43 Adoration des mages
F. 45v Présentation au Temple, une servante tient un panier de tourterelles.
F. 49 Fuite en Egypte, deux anges se tiennent derrière l’âne
F. 50v Couronnement de la Vierge
F. 54 David et Bethsabée au bain.
F. 66v les trois vifs et les trois morts
F. 89 Vierge à l’Enfant avec une donatrice en prière
Belles bordures sur fond d’or ornées d’acanthes blanches, rouges et bleues avec des oiseaux et des êtres hybrides.
Grandes initiales sur fond d’or avec des acanthes blanches sur un fond rouge. Petites initiales peintes en or sur fond bleu et rouge.
Les feuillets 13, 20, 26, 40, 43, 49, 89 de ce manuscrit sont attribuables d'après ses compositions et son style à l'enlumineur rouennais Robert Boyvin. On reconnaît ses paysages lisses avec de belles collines bleutées. Robert Boyvin est un enlumineur rouennais bien documenté. Il occupe une échoppe au portail des libraires de 1487 à 1502. Il apparaît également dans les comptes et dépenses du château de Gaillon édifié pour le cardinal Georges d’Amboise entre 1502 et le 27 septembre 1503. Il est alors mentionné pour la peinture des Epîtres de Sénèque, manuscrit heureusement conservé à la BnF qui forme le point de départ de la reconstitution de son œuvre (Fr. Lehoux, « Sur un manuscrit de l'école de Rouen décoré par Jean Serpin et Robert Boyvin pour le cardinal Georges Ier d'Amboise », Mélanges Félix Grat, 1949, t. 2, p. 323-328).
(I. Delaunay, « Le manuscrit enluminé à Rouen au Temps du cardinal Georges d'Amboise : l'œuvre de Robert Boyvin et de Jean Serpin », Annales de Normandie, sept. 1995, n° 3, p. 211-244).
En 1995, j'avais repéré 56 manuscrits de sa main dont 42 livres d'heures, mais la liste est sans doute loin d'être close. J'ai également proposé une méthode de classement d'après le nombre de feuillets, de lignes et le choix des miniatures. Le présent livre d'heures appartient au groupe Ia (I. Delaunay, « Le manuscrit enluminés à Rouen au temps du cardinal Georges d’Amboise : l’œuvre de Robert Boyvin et de Jean Serpin », Annales de Normandie, 45e année n°3, septembre 1995, pp. 211-244). Le nombre de feuillet tourne autour de 100, le nombre de lignes varie de 16 à 20. Le style de Robert Boyvin se définit ici par des personnages maigres, des auréoles pleines, des plis peu travaillés, des murs intérieurs gris, ouvert de petites fenêtre, un carrelage d’un vert uniforme. Les femmes et les anges adoptent un air pincé. Ce livre d’heures d’après son usage d’Angers semble provenir d’une commande. Il est particulièrement proche des Heures à l’usage de Sarum, dites Playfair ff. 18, 144v et 150 que l’on peut situer parmi ses premières œuvres (R. Watson, The Playfair Hours a Late Fifteenth Century Illuminated Manuscript from Rouen (Victoria and Albert Museum L.. 475-1918), Londres 1984).
Dans ses premières œuvres, il suit les compositions du Maître de l’échevinage de Rouen (Trésor enluminés de Normandie. Une (re)découverte, cat. d’exposition Rouen, 2016, p. 72-73) comme ici. C’est également au Maître de l’échevinage qu’il se réfère pour ses livres d’heures vétérotestamentaires de Cherbourg et de Budapest (A. Tovizi, « Une œuvre inconnue de Robert Boyvin à Budapest et les cycles vétérotestamentaires dans les livres de Rouen », Acta historiae Artium, XLVII, 2006, pp. 13-35).
Le calendrier, les ff. 45v, 50v, 54 et 66v reviennent à un enlumineur que j’ai nommé le Maître de Raoul du Fou. Cet artiste se réfère également au Maître de l’Echevinage de Rouen pour ses compositions. Cet artiste doit son nom au Missel de la bibliothèque municipale d’Evreux ms. 99. Raoul du Fou est évêque d’Evreux de 1479 à 1511 (F. Blanquart, « Le missel de Raoul du Fou », Société des amis des Arts du département de l’Eure. Album artistique et archéologique, 1912, 4ème série, p. 27-42). Dans son missel une double page illustre le canon de la messe. Sur le verso, il a représenté la Crucifixion encadrée sur deux côtés par les épisodes de la Passion et en vis-à-vis sur le recto, il a peint un épisode du Jugement dernier. La Crucifixion est directement issue de deux Missels du Maître de l’échevinage de Rouen (ms. A. 11 et A. 15). Plusieurs traits de son style permettent d’identifier ses œuvres. Tous les visages sont de forme triangulaire comme aplati. Les yeux sont très marqués e forme d’amende, les pupilles dirigées vers le sol, ce qui leur donne un regard triste et pesant. La Vierge est très reconnaissable car l’enlumineur utilise un prototype unique : elle est agenouillée sur le sol, un pan de son manteau retombe à la verticale pour s’étaler en pointe au premier plan. On reconnaît cette figure dans plusieurs de ses œuvres : Paris, BnF. Ms. Lat. 14830, Edimbourg univervity library, National library of Scotland ms. 6129, Lyon Bm. 5149, dans le manuscrit d’Oxford Buchanam e3 et dans les heures Playfair (Watson). Il collabore avec Robert Boyvin dans les Heures Playfair et dans le livre d’heures de Paris, BnF. Lat. 1177 que l’on peut situer au début de sa carrière vers 1485-1495 (I. Delaunay, L’enluminure rouennaise à travers la production du livre d’heures de la fin du XVe siècle au début du XVIe siècle, mémoire de DEA, Paris I, septembre 1991, p. 96-100).
Un manuscrit enluminé de fort belle facture orné de 11 grandes peintures et 11 miniatures dues au talent du Maître du Missel de Raoul du Fou et à Robert Boyvin.
Provenance : réalisé sur commande d’après son usage particulier pour une dame du diocèse d’Angers représentée au f. 89.
Ce manuscrit fut acquis en 1811 par le général baron de Vincent, d’origine autrichienne qui descendait d’une très ancienne famille italienne du nom de Vincenti et qui habitait à Bioncourt (Moselle). Le baron de Vincent a fait soigneusement enluminés dans les marges des blasons de ses ascendants en ligne directe depuis 1218 jusqu’à lui-même en 1810 ainsi que des familles de leurs femmes. Ff. 20v-21 Renier Galvan-Capece Vincenti né en 1218, décollé à Naples en 1268 et Odille Procida. Ff. 24v-25 Roger Galvan Capece Vincenti tué à la bataille de Tagliacozzo contre Charles d’Anjou 1268 et Isabelle San Severino. Ff. 26v-27 Everard Galvan Capece Vincenti né en 1267 Berthe Canozza. Ff. 27v-28 Sigbert Galvan Vincenti né en 1303 tué à la terre sainte Adelheid fille du seigneur de Vérone. Ff. 31v-32 Adolphe Galvan Vincenti né en 1349, Edwige de Walkenstein. Ff. 36v-37 Jean Galvan Vincenti né en 1387, Agnès de Bourgogne. Ff. 40v-41 Jean Philippe Vincenti né en 1419, Edda Béatrix Daineau. Ff. 43v-44 Rudolph Vincenti né en 1455, Anne de Sainte Croix. Ff. 46v-47 Jehan Bernard Vincent né en 1484, Louise de Salins. Ff. 50v Ferry Vincent de Hatton Chastel lieutenant de la compagnie d’hommes d’armes de François de Guise é en 1524 tué à la bataille de Dreux épousa Marie de Bart. F. 52 armoiries. Ff. 55v-56 Jean Gabriel Vincent né en 1553 Adelle de Bouillon. Ff. 58v-59 Jean Emanuel de Vincent né en 1581 Thérèse Christine de Bailliuy. Ff. 60v-61 David de Vincent né en 1629 Claire de Vincent-Bart. Ff. 64v-65 Jean Charles de Vincent chevalier seigneur de Pulligny né en 1636 Magdeleine de Bagaudour-Cachet de saint-Léonard. Ff. 67v-68 Charles de Vincent né en 1654 épousa Anne de Bouvier. Ff. 70v-71 Antoine de Vincent né en 1691 épousa Claude Claire de Zuckmantel. Ff. 73v-74 Charles François baron de Vincent né en 1712 épousa Jeanne Richard de Chenoy. Ff. 77v-78 Nicolas Charles baron de Vincent né en 1754 épousa Charlotte Josephine Philippine, Jeanne Népomucene comtesse de Redan. Ff. 81v-82 Marie Amour Nicolas René baron de Vincent né en 1784 épousa en avril 1810 Adéle comtesse de Bellegarde.





