Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France

2 volumes grand in-folio, demi-maroquin rouge à coins, chiffre couronné au centre des plats, dos à nerfs admirablement décoré, entièrement non rogné.
Superbe reliure armoriée de l’époque signée « Simier, relieur du roi » Louis XVIII.

545 x 358 mm.

Taylor, James et Nodier, Charles. Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France, par MM. Ch. Nodier, J. Taylor et Alph. de Cailleux.
Paris, P. Didot l'aîné, imprimeur du Roi, MDCCCXX, 1820-1825.
Haute Normandie.

Édition originale.

« L’une des premières et des plus importantes productions françaises de la lithographie » (Brunet). 242 lithographies, sur chine appliqué : I : 82 planches, dont une planche numérotée bis, et 7 croquis ; II : 153 planches, dont 2 planches numérotées bis. Liste des souscripteurs. Ces lithographies sont dues à Villeneuve, Hip. Lecomte, J. -B. Isabey, Carle et Horace Vernet, Géricault, Bonington (Rue du Gros-Horloge à Rouen - Église de St Gervais à Gisors - Tour du Gros-Horloge à Évreux…

Premier recueil du patrimoine français. Sous l'impulsion de Charles Nodier, James Taylor et Alphonse de Cailleux, l'entreprise des Voyages pittoresques et romantiques est pharaonique : la collection complète comporte 24 volumes publiés par Firmin Didot entre 1820 et 1878, couvre toutes les régions de France et comporte près de 3 000 planches. Explorant les monuments de « l'Ancienne France », ces Voyages sont l'une des premières réhabilitations de l'art gothique. Cette défense et illustration du patrimoine architectural, surtout médiéval, est au cœur de l'esthétique romantique. Paru en 39 livraisons, ce Voyage, le premier de la collection, est consacré à la Haute-Normandie.

« En 1820, Charles Nodier avait entrepris avec MM. Taylor et A. de Cailleux une publication importante, celle des « Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France », grand in-folio. Cet ouvrage, fort étendu, paraissant par livraisons successives et accompagnées de lithographies, marcha nécessairement avec la lenteur imposée à des entreprises dispendieuses. Lors de la mort de Nodier douze volumes avaient paru ; la Normandie, la Franche-Comté, l'Auvergne et le Languedoc en étaient le sujet ; il a fourni à ces Voyages des pages intéressantes et vivement écrites, mais la majeure partie du texte n'est point de lui ». (Michaud).

Exemplaire en condition exceptionnelle, relié à l'époque par Simier, au chiffre couronné de Marie-Caroline, duchesse de Berry et avec l'ex-libris du Château de Rosny (Cat. 1837, N°1905). Les planches 16 et 17 bis sont ici coloriées à l'époque. Rousseurs éparses, insignifiantes, ce qui est rare pour cet ouvrage, et petites déchirure en marge de qqs. feuillets.

Marie-Caroline-Ferdinande-Louise de Bourbon-Sicile, fille de Ferdinand 1er, roi des Deux Siciles, et de Marie-Clémentine, archiduchesse d'Autriche, née à Naples le 5 novembre 1798, épousa le 17 juin 1816, Charles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry, second fils du futur Charles X, qui fut assassiné le 13 février 1820. La duchesse de Berry, veuve à 22 ans, se consacra à l'éducation de ses deux enfants Louise-Marie-Thérèse d'Artois et Henri-Charles-Ferdinand-Marie-Dieudonné, duc de Bordeaux, né posthume ; très courageuse, elle essaya en 1832 de fomenter en Vendée un soulèvement légitimiste qui échoua ; trahie le 7 novembre de la même année par le juif converti Deutz, elle fut enfermée dans la citadelle de Blaye où elle mit au monde une fille qu'elle avait eue du comte Hector Lucchesi-Palli, qu'elle avait épousé secrètement en 1831 ; remise en liberté en juin 1833, elle fut tenue à l'écart par la famille royale et se vit enlever la direction de l'éducation de son fils. Elle vécut à Venise et mourut le 17 avril 1870 au château de Brunnsee en Styrie.

Cette princesse, aux goûts artistiques très développés, avait constitué dans son château de Rosny, près Mantes, une luxueuse bibliothèque remarquable tant par le choix des éditions et la richesse des reliures que par l'importance des manuscrits qu'elle renfermait.

Brunet, V, 684-685 ; Vicaire, VII-763 ; La Fabrique du Romantisme, Charles Nodier et les Voyages pittoresques, Musée de la Vie romantique, 11 octobre 2014 - 18 janvier 2015.

Joint : Un précieux album, relié demi-maroquin rouge à grain long, filets or et titre au dos : « Voyage romantique dans l'Ancienne France - Vignettes » (Reliure de l'époque).

Réunion rarissime des 37 lithographies originales ayant servi de vignettes ou culs-de-lampe à la « Normandie » de Taylor et Nodier en tirage à part sur papier blanc épais, avant tout textes typographiques, montées sur onglets. Il convient de signaler tout spécialement une lithographie de Bonington : Église de Saint-Taurin, à Évreux (Curtis, 20), 1er état (sur 2), avant tout texte, et une autre de Céricault : « Guillaume le Conquérant rapporté après sa mort à l'Église de Boscherville (Delteil, 78), 1er état (sur 2), avant le nom du maître et le texte (3 épreuves citées par Delteil).
Toutes ces lithographies, exécutées et datées de 1819 à 1824 sont admirable par la qualité de leur tirage, il est fort vraisemblable que cet ensemble relié soigneusement à l'époque, provienne des archives de l'imprimeur Engelmann.

Rarissime, sinon unique.

Provenance : Duchesse de Berry ; Marcel Lecomte.