Description
In-4 de (4) ff., 395 pp.
Maroquin rouge, filets dorés sur les plats, dos à nerfs orné, filet or sur les coupes, tranches dorées. Reliure du XVIIIe siècle attribuée à Roger Payne.
243 x 166 mm.
Edition originale complète d’Agamemnon dont le texte était jusqu’alors amputé des deux tiers et édition originale définitive, la première complète, des tragédies d’Eschyle en grec.
« Rare. Édition importante par les manuscrits consultés et par les notes du célèbre Henri Estienne, elle mérite le nom de première édition, le texte de l’Agamemnon s’y trouvant pour la première fois complet » (Graesse).
Brunet, I, 78 ; Adams, A265 ; Moeckli, 32 ; Schreiber, 145 ; Renouard, 116, n°15 ; Index Aureliensis, *100.917 ; Moeckli, 32 ; Hoffmann, I, 34-35.
« La véritable première édition complète » (Brunet).
« This edition is rare and dear » (Dibdin).
Cette édition princeps, d’une très belle typographie, est bien évidemment une œuvre majeure en ce qu’elle émane du vrai créateur de la tragédie ; tragédie simple, sans intrigue, où l’intérêt naît de la peinture des sentiments et de la gradation qu’y apporte l’arrivée d’un messager ou d’un acteur. Eschyle y met merveilleusement en scène, avec grands effets dramatiques, ce débat si propre au héros grec entre le libre-arbitre et la présence occulte mais si prenante, de la Fatalité. Les grandes compositions révèlent au mieux cette grandeur du génie d’Eschyle qui, découvrant l’existence d’une justice divine, prône une règle de vie de modération pour l’homme et dont la force d’une imagination merveilleuse prête à la réalité une grandeur surhumaine dans des chants d’un pathétique irrésistible.
Les éditions antérieures incomplètes d’Alde, de Robortel et de Turnèbe furent amendées par Henri ii Estienne (1531-1598) grâce à des vers retrouvés dans le codex Laurentien F. de la bibliothèque du pape Paul iii (Alexandre Farnèse) par le savant helléniste Pietro Vettori (1499‑1585) qui les compléta à l’aide d’autres manuscrits avec le concours de ses élèves Bartolomeo Barbadoro et Girolamo Maeus. Le célèbre humaniste florentin Vettori, professeur d’éloquence grecque et latine et membre du Sénat de Florence, transmit à Estienne pour publication ses découvertes accompagnées de ses notes personnelles. Estienne établit son édition en consultant une quinzaine de manuscrits d’Eschyle conservés à Rome et à Naples, auxquels il ajouta ses propres observations en latin agrémentées de notes érudites (pp. 354-395), ce qui retarda la mise sous presse et ternit la relation entre les deux hommes.
Henri Estienne était alors exilé avec sa famille à Genève, en raison de sa persécution par les théologiens de la Sorbonne pour les Bibles latines et grecques imprimées par son père, Robert. Ce dernier, nommé imprimeur royal pour le grec par François Ier en 1545, se vit confier les matrices des caractères grecs dits Grecs du roi, gravés par Claude Garamond sur le modèle fourni par le calligraphe royal Ange Vergèce. C’est à partir des matrices emportées à Genève dans son exil qu’Henri Estienne imprima la présente édition
Eschyle naquit à Eleusis en 525 av. J.C. Il y a dans les Grenouilles d’Aristophane une vive discussion : quel est, d’Eschyle ou d’Euripide, celui qui mérite le premier rang, et qui se termine à l’avantage du premier.
« C’est une tâche peu aisée de définir en quelques mots le génie d’Eschyle. Créateur de la tragédie, il en est aussi son représentant le plus illustre, au-dessus d’un Sophocle et d’un Euripide. Puissant dans ses conceptions, hardi dans son langage, débordant d’une émotion intense, et, chaque fois, se renouvelant Eschyle est vraiment le seigneur dionysiaque et Nietzsche, bien des siècles plus tard, ne lui donnera pas d’autre nom. On ne saurait mieux qualifier ce poète unique dans l’histoire du drame qui mérite d’être placé à côté de Shakespeare » (Umberto Albini).
Le recueil comprend les tragédies d’Eschyle : les Suppliantes, les Perses, Les Sept contre Thèbes, Prométhée enchaîné, ainsi que l’Orestie.
L’impression, en caractères dits Grecs du roi, présente deux tailles différentes.
Fort bel exemplaire rubriqué en rouge relié en maroquin rouge du XVIIIe siècle par Roger Payne provenant de la bibliothèque O’Brien avec son ex-libris daté de 1899.